1 octobre 2002
Monsieur le Premier ministre,
Le ministre des Transports a annoncé récemment son intention de permettre le virage à droite sur feu rouge (VDFR) partout au Québec, sauf à Montréal. Nous croyons que cela est une mauvaise décision, qui mérite d'être modifiée.
On peut lire dans le rapport Gou, document commandé par le ministre des Transports, «que le VDFR pourrait entraîner annuellement 162 collisions avec blessés s'il est permis partout au Québec, sauf à Montréal».
Mais 162 blessés, ce n'est pas rien! Et si c'était un de vos proches ? De fait, on peut prévoir que cette nouvelle clientèle de la SAAQ sera composée en partie d'enfants, de personnes âgées, d'aveugles, bref de personnes vulnérables.
Le rapport Gou conclut par ailleurs que le virage à droite n'est pas un choix opportun, «étant donné la possibilité de réaliser des gains supérieurs aux gains potentiels du VDFR par d'autres méthodes qui sont parfaitement sécuritaires».
Appelé à choisir entre 162 blessés, et d'autres méthodes, supérieures et parfaitement sécuritaires, le ministre des Transports fait le choix des blessés ! Ce qui nous étonne et nous déçoit.
Votre ministre, qui avait lui-même commandé le rapport Gou, décide néanmoins d'aller à l'encontre des recommandations de cet expert. Elles vont d'ailleurs dans le même sens que d'autres rapports, dont un de la SAAQ que le ministre Chevrette avait alors mis de côté de façon expéditive, à tort selon nous. Nous sommes ainsi portés à croire que la décision de votre ministre était prise d'avance, le rapport Gou n'étant peut-être qu'un autre exemple de dilapidation des fonds publics !
Enfin, le ministre des Transports, pour justifier sa décision, a notamment fait état que les piétons et les cyclistes n'étaient pas tous exemplaires. Cela est exact et déplorable. Toutefois, un tel constat n'est d'aucune façon une raison valable pour justifier le choix du ministre des Transports d’ajouter 162 nouveaux blessés au Québec, dont vraisemblablement plusieurs blessés graves, voire un mort ici et là.
Nous requérons votre intervention dans ce dossier pour favoriser l'intégrité de la personne humaine, pour préserver un choix de société où le Québec se distingue peut-être de ses voisins immédiats, mais pour les bonnes raisons.
Nous vous invitons par ailleurs à vous dissocier de cette frénésie dans lequel notre société semble vouloir se diriger et où, pour permettre à un automobiliste d'économiser un ou deux dollars par année et lui sauver quelques secondes par jour, on semble prêt à sacrifier la sécurité de nos enfants, de nos parents, de nous tous.
Roger Gravel, président
Promo-Vélo
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