Le désistement de la SRC en sport amateur se poursuit
Madame la Ministre,
Le 8 avril dernier, Sports-Québec vous réitérait son insatisfaction profonde sur le rôle de la Société Radio-Canada en matière de télédiffusion du sport amateur, dénonçant à nouveau l’écart considérable entre les productions anglophones et francophones en sport. Le fossé entre CBC et la SRC continuait de s’accroître alors que cette dernière annonçait une couverture réduite à sa plus simple expression des prochains Jeux du Commonwealth.
Nous vous interpellions en tant que Ministre responsable des Langues officielles, du Sport et de Radio-Canada. Devons-nous nous étonner de votre silence, alors que plus de deux mois plus tard, notre correspondance est toujours sans réponse? Vous avez pourtant réagi avec une promptitude nettement plus remarquable dans le dossier du hockey professionnel; nous faut-il lier vos réactions différentes à l’importance réelle que vous accordez au sport amateur? … Cela serait assurément fort déplorable!
Or, voilà que le désistement de la SRC en sport amateur se poursuit et s’étend maintenant à la radio française, alors que nous apprenons la disparition de la seule émission entièrement consacrée au sport, « Les Jeux sont faits ». Devons-nous vous rappeler que la SRC constitue la seule et unique tribune radiophonique française pan-canadienne? Face aux décisions qui sont prises, devons-nous conclure que le sport est définitivement exclu, à tous le moins pour les francophones, des priorités de la Société d’État responsable de la radiodiffusion et de la télédiffusion?
« Les Jeux sont faits » a permis à tous nos grands athlètes de s’exprimer régulièrement sur leurs réalités en plus d’être, tous réseaux confondus, la seule émission traitant de l’ensemble des composantes de notre système sportif. Qui plus est, les « Jeux sont faits » est également la seule émission ayant assuré une présence constante dans les grands événements de sport amateur, des Jeux du Québec jusqu’aux Jeux olympiques. Nous ne voyons pas matière à nous réjouir dans les intentions qu’aurait exprimées le vice-président radio et nouveaux médias Sylvain Lafrance, prétendant que l’avenir réside dans le fait d’intégrer le sport amateur dans les émissions où il serait possible de le faire.
Madame la Ministre, nous vous avons entendu lorsque vous avez démontré votre solidarité aux amateurs de hockey professionnel; nous vous enjoignons maintenant de poser des actions nettement plus énergiques face au sort réservé à tous les Canadiennes et Canadiens francophones amateurs de sport. J’insiste sur les propos que je vous tenais dans notre correspondance du 8 avril : la Société d’état a une responsabilité dans la promotion du sport. Pour que, aujourd’hui et demain, de plus en plus de jeunes Canadiennes et Canadiens aient le goût d’inscrire le sport dans leur vie, il faut les stimuler, leur donner des modèles; or, ce droit d’entendre parler des athlètes qui les inspirent est aussi légitime pour les jeunes francophones que pour les anglophones.
Nous avons choisi aujourd’hui de rendre publique notre position dans ce dossier; n’y voyez pas une obligation à nous répondre mais plutôt une invitation à agir promptement. À défaut, la population devra comprendre qu’au Canada, dans une Société publique, la diffusion du sport, c’est en anglais que ça se passe!
Raymond Côté
Président de Sports-Québec
page mise en ligne le 13 juin 2002 par SVP