VÉLPTIMUM

27 avril 2000

La ville à vélo

Montréal servi nature

Il fait beau, vous n'avez pas de plans et, surtout, pas de char ? Ce n'est pas une raison pour rester à Balconville ! Enfourchez votre bécane et partez à la découverte.

Sylvie Rivard

Montréal jouit d'un environnement nature exceptionnel et de sites facilement accessibles à vélo, que l'on prend toujours plaisir à découvrir. Qui plus est, vous aurez souvent l'impression d'être allé dans un charmant petit coin de campagne, et en viendrez même à oublier que vous êtes coincé dans la métropole. Voici deux itinéraires à explorer sans faute :

Les parcs-nature
Ils sont situés aux extrémités ouest et est de la ville, souvent près des grands cours d'eau qui ceinturent l'île. Ils recèlent une nature abondante et étonnante. Le parc-nature du Bois-de- Liesse est sans doute le plus près du centre-ville, bien que le parcours totalise près d'une cinquantaine de kilomètres aller et retour. Les cyclistes en mal de distance pourront poursuivre jusqu'au parc-nature du Cap Saint-Jacques, situé plus à l'ouest encore. La première portion du trajet s'effectue sur l'axe de la piste cyclable traversant Montréal du nord au sud. Au boulevard Gouin, il faut prendre à gauche et suivre la rivière des Prairies. Cette piste cyclable s'insinue dans une multitude d'espaces verts où l'on peut s'arrêter pour observer les flots - parsernés de gros «boats» de motomarines hyper-bruyantes et de pêcheurs perchés on se demande sur quel rocher -, pour déguster son lunch ou pour surveiller la faune humaine qui prend ses aises sur les vastes pelouses bordant la rivière.

Cet itinéraire est très divertissant. Beaucoup de sportifs de week-end envahissent la piste cyclable, à vélo et en patins à roues alignées. On y fait toutes sortes de rencontres, comme ce flutiste ayant trouvé sous un pont l'acoustique parfaite, sa musique a envoûté quelques cyclistes émerveillés par le mariage du clapotis de l'eau et de ses airs entreinants.

Il faut ensuite faire une courte incursion à ville Saint-Laurent avant d'arriver au Bois-de-Liesse, qui chevauche Pierrefonds et Dollard-des-Ormeaux. En passant sous le viaduc, et en suivant le sentier de pierraille, on arrive au pavillon d'accueil où l'on nous informe de toutes les activités du parc. On peut en profiter pour se familiariser avec les différentes espèces de plantes et d'oiseaux avant d'aller en faire l'observation de visu. Souvent, une naturaliste est déjà occupée à exhiber des bestioles devant les visiteurs attentifs. La dernière fois que j'y étais, c'était un gluant spécimen de couleuvre qui grouillait dans le terrarium, sous les yeux éberlués d'une fillette et de ses parents...

Une fois que l'on pénètre dans la forêt du parc, on se dirait coupé de la civilisation... sauf pour le bruit de l'autoroute 13, qui passe par là. Après un moment, toutefois, on ne l'entend plus : on est alors absorbé par les sons de la forêt et les chants d'oiseaux. Un bel étang longe le sentier qui mène sur les berges de la rivière des Prairies où des canards aiment bien prendre leurs aises. Le parc du-Bois-de-Liesse se compose de deux parties dont l'une donne directement sur la rivière. Après s'être rassasié de nature, on reprend la route, par le même chemin. Au retour, à la fin de la journée, il est particulièrement rigolo de voir que la foule envahissant les espaces verts a changé : en effet, surtout les samedis, on a droit aux cortèges des mariés de toutes confessions qui attendent en file d'être croqués pour la postérité. Le tableau est souvent touchant, parfois hilarant.

croisière et vélo
Pas besoin de se taper le pont-tunnel pour accéder au parc des îles de Boucherville. En fait, l'option que j'ai choisie marie deux agréables croisières sur les flots du Saint-Laurent. Il suffit d'abord de se rendre au Vieux-Port, au quai Jacques-Cartier plus précisément, et de descendre jusqu'au bout dudit quai pour attraper la navette Montréal-Longueuil. La «croisière» coûte environ 7 $ aller et retour, et prend une vingtaine de minutes pendant lesquelles on peut apprécier le Vieux-Port et le skyline de la ville d'un autre angle. Une fois à Longueuil, on enfile la piste cyclable, hélas parallèle à la route 132. Qu'à cela ne tienne, puisqu'il faut bientôt quitter cette voie afin d'emprunter une autre navette...

L'attente à bord du traversier, qui mène au bout de l'île Charron (4 $ aller et retour), peut parfois sembler longue ; elle ne dure pourtant qu'une demi-heure et permet de créer des liens avec les autres cyclistes aussi impatients de se retrouver dans les îles. Et puis, c'est un véritable plaisir que de se prélasser dans cette étonnante étendue de nature où les trouées dans la forêt offrent une vue sur le centre-ville. Encore une anecdote : cette fois, un renard roux, un vrai, s'est mis en travers de la route des cyclistes. Le curieux animal (l'animal curieux) n'a pas bronché d'un poil à l'approche de la meute de vélocipèdes ! Après s'être fait croquer sous tous les angles, maître renard s'est faufilé dans les blés...

Le retour, à la brunante, s'effectue souvent sous les lueurs chatoyantes du soleil couchant. À ce moment béni, les hérons et les canards affluent en bordure de la piste cyclable, toujours parallèle à la route i32. Enfin, les oiseaux égaient le paysage et agrémentent les quelques kilomètres qui nous séparent de la marina de Longueuil, où l'on s'enfile une dernière crème molle avant de rentrer au bercail, repus et heureux.

Ces escapades ne sont que des exemples de tout ce que l'on peut faire avec un vélo en ville. Pour découvrir d'autres choix, procurez-vous les plaquettes publiées par les Éditions du Tricycle : Pédaler Montréal et ses environs ; et Coup de pédale autour de Montréal. Les guides Escapades d'un jour à Montréal, du journaliste Leif R. Montin ; et Montréal - guide écotouristique, du photographe Michel Julien et de Jean-Louis Marcoux sont d'autres bons ouvrages pour découvrir Montréal nature. Ces publications regorgent de propositions qui sauront vous tirer de balconville ... sans effort.


page mise en ligne le 30 avril 2000 par SVP