Aux États-Unis, comme en Ontario et dans le reste du Canada, le virage à droite au feu rouge (VDFR) est interdit à une intersection sur dix. Au Québec, à partir du 13 avril, le virage à droite au feu rouge sera interdit à trois intersections sur dix, soit trois fois plus souvent.
Jean Maurice Duddin
La différence de 300 % est d'autant plus difficile à justifier que les critères appliqués au Québec seront les mêmes que partout ailleurs en Amérique du Nord. C'est donc uniquement dans la façon de les interpréter qu'on arrive à une telle différence.
Au ministère des Transports (MTQ), on convient que l'interprétation des critères de pondération est plus restrictive et que, conséquemment, le virage à droite au feu rouge sera interdit à plus d'endroits.
Règle de base
« Aux États-Unis, comme d'ailleurs au Canada, la règle de base est de permettre le virage à droite au feu rouge et de l'interdire seulement dans des cas exceptionnels », explique dans une entrevue au Journal l'ingénieur Dominique Lord, chercheur en sécurité routière au Centre de sécurité dans les transports de l'Institut de transport du Texas, aux États-Unis.
Il donne en exemple la capitale texane, Austin, similaire en dimension à Montréal, où les virages à droite au feu rouge sont permis presque partout. « Où il y a des interdictions, c'est souvent une seule approche du carrefour. Et ces cas sont rares et justifiés. »
Approche québécoise
M. Lord trouve que l'approche québécoise est trop restrictive parce que, à première vue, les règles des critères d'application sont trop vagues. À Toronto, où il a déjà vécu, il y a 1800 feux de circulation et M. Lord dit pouvoir compter sur les doigts de la main le nombre d'interdictions de virage à droite au feu rouge. « Et souvent, ces intersections sont modulées par des heures. Par exemple, dans le centre-ville de Toronto, où les interdictions sont restreintes aux heures du lunch parce qu'il y a trop de piétons. Le reste du temps, le virage est permis. »
Au bureau du ministre des Transports de l'Ontario, Norm Sterling, on convenait que la règle appliquée à l'échelle de la province est de permettre le virage à droite au feu rouge. L'interdiction doit être exceptionnelle.
« Le VDFR est permis depuis 1939 en Ontario. Où il est interdit, c'est vraiment pour des raisons précises et justifiées», dit le porte-parole du ministre, Bob Nichols.
L'application aveugle des neuf critères de pondération pour interdire le virage à droite au feu rouge (VDFR) à Longueuil ferait en sorte qu'il serait interdit à huit intersections sur dix !
Jean Maurice Duddin
L'étude préliminaire des fonctionnaires le trois services a appliqué sans discernement les neuf critères imposés par le ministère des Transports (MTQ) - qui sont les mêmes partout ailleurs en Amérique du Nord - juste pour voir ce qu'il se produirait aux 254 intersections de la municipalité. Dans 80,1 % des cas, le virage à droite au feu rouge (VDFR) serait interdit.
Le directeur des communications de la Ville de Longueuil, François Laramée, convient d'emblée qu'il s'agit d'une étude préliminaire et qu'on ne doit en tirer aucune conclusion. Dans d'autres villes, la même application bête entraîne des résultats similaires, variant de 60% à 75%.
Une fois sur quatre
Au ministère des Transports (MTQ), le directeur de la sécurité en transports, Pierre Perron, suggère la même retenue. « Dans les 26 municipalités où l'expérience-pilote des VDFR a été tenue, le VDFR était interdit à une intersection sur quatre. On doit s'attendre aux mêmes proportions. »
M. Perron serait surpris que l'interdiction dépasse les 30 %. « L'objectif est de permettre le VDFR le plus possible et non le contraire. »
Si les interdictions varient trop d'une municipalité à l'autre, un tel méli-mélo risque de créer plus de confusion, donc plus d'accidents et d'infractions au code de la route.
Le virage à droite au feu rouge (VDFR), où il sera interdit par panneau, entraînera une amende de 100 $ à 200 $.
page mise en ligne le 10 janvier 2003 par SVP