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22 octobre 2006

Un peuple de Gregory Charles

Bonjour, ma gang de fainéants ! On est dimanche. Je suppose que vous êtes en train de lire votre journal en buvant votre café. Franchement ! Honte à vous ! Vous avez pas entendu ce que Lucien Bouchard a dit, cette semaine ? Ben sûr que vous l'avez entendu ! Vous passez votre temps devant la télé, pis ç'a joué à tous les postes. Notre ex-premier-ministre a dit que les Québécois étaient moins productifs que les Américains et les Ontariens. Ça fesse !

Qu'on soit moins productifs que les Chinois et les Japonais, ç'aurait mieux passé. Y sont petits, disciplinés pis loin. Mais les Américains et les Ontariens ! Y sont nos voisins ! Pis y sont gros ! Surtout les Américains. Ça fait mal à notre ego national.

C'est ce que veut le révérend Bouchard. Piquer notre orgueil pour qu'on se mette à travailler comme des fous. Quoiqu'il y a une nuance à apporter. Ce n'est pas nécessairement parce que tu travailles plus que tu es plus productif. Prenez Steve Bégin et Alex Kovalev.

Steve Bégin travaille comme un fou. Tout le monde est d'accord là-dessus. Sa fiche, avant le match d'hier, était de zéro but, zéro passe, pour un grand total de zéro point.

Alex Kovalev se traîne les pieds depuis le début de la saison. Tout le monde est d'accord là-dessus. Sa fiche, avant le match d'hier, était de deux buts, une passe, pour un grand total de trois points. C'est pas très productif, mais c'est plus productif que celui qui travaille beaucoup.

Bien sûr, si Kovalev travaillait comme Bégin, sa fiche serait de 50 buts, 100 passes, 150 points. Toujours sans compter le match d'hier. Rien ne peut battre le talent et l'effort.

Voilà pourquoi il nous faut devenir un peuple de Gregory Charles. Lui, il est productif ! Un talentueux qui travaille. C'est Steve Kovalev ! Alex Bégin ! Il chante, il danse, il joue du piano, il parle, il écrit, il compose, il anime, il joue, il sue, il tombe, il se relève, il porte des lunettes. Tout en même temps. Imaginez si Gregory Charles était col bleu. Lundi, y aurait pus un seul nid-de-poule à Montréal. Mardi, les viaducs de Laval seraient rebâtis. Mercredi, l'autoroute vers Chicoutimi serait construite. Jeudi, il aurait remis toutes les feuilles dans les arbres. Vendredi, il y aurait des décorations d'Halloween sur tous les poteaux. Samedi, plus un seul papier ne traînerait dans les rues. Et dimanche, avec la chorale des Col bleus de Montréal, il chanterait à Moscou. C'est ça, une semaine de travail à la Gregory Charles. On planterait les Américains et les Ontariens, ce serait pas long !

Imaginez si tous les employés du milieu hospitalier étaient comme Gregory Charles. En deux jours, les urgences seraient vides. Qn pourrait manger à terre dans les corridors. Les ambulanciers chanteraient Oxygène en venant nous chercher. Tous ceux qui attendent pour être opérés seraient opérés. On aurait même droit à des demandes spéciales. Des greffes de sourcils, la pose d'un sixième orteil, des prothèses d'amygdales, n'importe quelle fantaisie pour occuper nos chirurgiens hyperactifs.

Imaginez si nos politiciens étaient des Gregory Charles. Ils seraient conseillers municipaux à Montréal, ministres à Québec et premiers ministres à Ottawa en même temps. Finies les divergences entre ordres de gouvernement. Au fond, nous, on veut juste que tout fonctionne. On s'en fout que ce soit le municipal, le provincial ou le fédéral qui s'en occupe. Là, y aurait juste un niveau : le Gregory Charles. Fini de se relancer la balle. Gregory Charest la frapperait de l'autre bord.

Comment faire pour transformer le Québec en Gregoryworld ? Sans prendre de drogue. Ou plutôt en prenant la meilleure de toutes les drogues : l'idéal. C'est l'idéal qui appelle un peuple à se dépasser. On peut reprocher bien des choses aux Américains, mais ils en ont un. Parfois il les aveugle et leur fait faire des choses épouvantables. Mais souvent, il leur permet d'aller plus loin, leur American Dream. Quel est le Québécois Dream ? Et qui en est l'incarnation ?

Les politiciens peuvent bien faire des sermons au peuple. Ce manque de productivité est aussi leur faute. Où sont les Washington, Lincoln, Roosevelt qui inspireront les Québécois à ne pas se contenter du minimum, à vouloir plus, à vouloir mieux ?

Quel idéal nous proposent-ils ? Aucun. C'est trop risqué. Tout d'un coup ça les ferait baisser dans les sondages... On a les politiciens qu'on mérite. C'est vrai. Mais vice-versa.

Produire, d'accord, mais par pour les grosses compagnies. Pas pour les nantis. Pour nous. Pour nos enfants. Donnons de l'âme à nos actions. Et la vie sera plus belle. Et M. Bouchard moins bougonneux.

Bon, ma chronique est finie. Ça m'a fatigué un peu. Je pense que je vais aller regarder le football. Ah ! non, c'est vrai, Gregory ! Je vais écrire celle de la semaine prochaine.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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