3 avril 2006
Un article publié samedi dans le New York Post révèle à quel point certains grands diffuseurs font peu de cas de la crédibilité de leurs journalistes sportifs. Déjà que dans les médias électroniques, à tort dans certains cas, cette crédibilité est plutôt basse.
La semaine dernière, ESPN avait convoqué à un mini sommet de deux jours 125 de ses producteurs, reporters, animateurs et analystes. Plusieurs d'entre eux ont supplié ESPN d'annuler le projet d'une série-réalité avec Barry Bonds devant toutes les évidences qui commencent à l'accabler.
Certains ont osé accuser ESPN de prostitution intellectuelle, d'autant, qu'en plus des frais de production de 4,5 millions, on a garanti à Bonds un droit de regard absolu sur le contenu.
Censure garantie sur la consommation de stéroïdes et l'enquête lancée par Selig. Coup dur pour la crédibilité des propos.
Les patrons d'ESPN avaient invité comme conférencier le vétéran journaliste Mike Wallace de 60 Minutes. Mal leur en prit !
Wallace a fait peu de cas de son cachet de 15 000 $ et appuyé ses collègues, affirmant qu'ESPN regretterait de donner suite au projet. Il a aussi dénoncé le clan Tiger Woods qui, pour consentir à une entrevue à 60 Minutes, avait dicté à CBS et à Ed Bradley les questions à poser et les sujets à éviter. (Woods est un grand golfeur, mais a-t-il déjà émis une opinion quelconque sur un sujet controversé ?)
Ce qui m'horripile dans tout ça, c'est de voir ces personnalités, sportives ou autres, chercher à tout contrôler, imposer leurs volontés et dicter les questions à poser.
Ce qui m'enrage encore plus, c'est qu'on y consente. Les patrons d'ESPN n'ont pas de couilles et CBS aurait dû, à mon avis, refuser de faire l'entrevue. Tiger Woods ou pas.
Bilan de toute l'affaire : ESPN va de l'avant.
Le contrôle du produit est aussi une tendance que l'on retrouve de plus en plus au niveau des organisations sportives professionnelles.
La NFL a créé son propre réseau et tire les ficelles sur toutes les plates-formes disponibles. Même chose pour la NBA, le baseball majeur et autres circuits.
Aux États-unis, chaque équipe de hockey contrôle le contenu de sa diffusion régionale. Écoutez sur NHL Center Ice les reportages de l'équipe locale et trouvez-moi des commentateurs qui ne délirent pas quand les « bons gars » marquent. Qui les choisit ? Qui les congédie ? Qui les paye dans certains cas ? Vous avez tout compris.
À leur défense, disons que dans un reportage sur un match, le volet journalistique est secondaire. Il s'agit de descriptions, d'analyses et d'entertainment. Le mandat est différent. L'enthousiasme partisan et aveugle est plus tolérable. Quoique agaçant.
Au Québec ?
Est-ce que ces situations existent ici ? Est-ce que certaines de nos vedettes, sportives, politiques, artistiques et autres cherchent à dicter les questions et contrôler le contenu ?
Bien sûr. Plusieurs.
Est-ce que les équipes professionnelles exercent un certain contrôle sur le contenu visuel ? Influencent elles le choix des descripteurs et analystes ?
Est-ce qu'elles y parviennent ?
Bien sûr.
Est-ce qu'elles contrôlent le contenu éditorial ?
C'est selon qu'elles ont à faire avec un journaliste ou un faire-valoir, un cheerleader. Il est facile de discerner l'un de l'autre.
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