back to |
Un autre point de vue © Xeen - 4 juin 2002 Genre : drame Statut : complète Spoilers : Point of View (saison 3) Disclaimer : comme d'habitude, les persos ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de MGM, Gekko Prod, Double Secret Productions, Showtime, et tous ceux qui le revendiquent !! Je ne fais que m'amuser et je ne reçois pas d'argent pour écrire ces ff. Note de l'auteure : cette histoire a été écrite pour le concours lancé par Valérie Tremblay sur son site La porte des Etoiles Imagine Sujet : et si… réécrire un épisode de son choix. Cette idée me trottait dans la tête depuis une discussion avec d'autres gaters. La voilà couchée sur papier – façon de parler… * Elle se prit la tête dans les mains et poussa un petit gémissement de rage. C'était insensé. Plus de douze heures qu'elle était enfermée dans ce sous-sol avec ces militaires hargneux qui faisaient semblant de ne pas comprendre ce qu'elle racontait. Elle connaissait l'armée et ses méthodes. En temps ordinaire, elle aurait accepté les brimades et l'attitude bornée de ceux qui l'interrogeaient. Pas aujourd'hui, pour l'amour du ciel ! Son monde allait être détruit. C'était une question de jours, d'heures, peut-être même de minutes. "Je viens à peine de finir de répondre à cette question !" s'écria-t-elle en regardant la caméra. "Pour l'amour du ciel, envoyez-moi quelqu'un qui comprenne la situation. Je ne dirais plus rien sauf en présence d'un de vos supérieurs. La convention de Genève existe pour tout le monde, n'est-ce pas ? Même dans votre réalité ?!" Elle prit un air buté et se cala dans sa chaise, les yeux farouchement fixés sur l'objectif. Le sergent chargé de l'interroger ne se formalisa pas. "Pouvez-vous me dire comment vous êtes entrée dans le hangar 28 de la zone 51, madame," répéta-t-il. Seul le silence lui répondit. Une voix sortit d'un haut-parleur sur le mur. "Sergent, veuillez suspendre votre interrogatoire," dit une voix autoritaire. Sam releva la tête. Non, pensa-t-elle. C'est impossible. "Je prends le relais," ajouta la voix. Le sergent se leva et sortit sans la saluer ni dire un mot. La porte claqua derrière lui. La prisonnière se retrouva seule. Elle ne fit pas un geste. Elle ne se leva pas, ne tourna pas la tête, ne décroisa pas les bras. Fascinée par le haut-parleur, elle ne ferma même pas les yeux. Quand l'officier qui les avait interrompus fit son entrée, c'est à peine si elle cilla. "Samantha Carter ?" dit cette voix qu'elle aurait reconnue entre mille. "Je suis le colonel O'Neill de l'armée de l'air des Etats-Unis d'Amérique. Je suis affecté au programme de la porte des étoiles et je commande une unité spéciale d'intervention appelée SG-1." La jeune femme s'arrêta de respirer. Elle leva lentement la tête et ses yeux se posèrent sur l'homme qui venait de remplacer le sergent. L'incompréhension la plus totale se lisait sur son visage. Puis son regard rencontra celui de l'homme qui lui faisait face et elle s'effondra. "Oh mon dieu, ce n'est pas possible, tu n'es pas mort ?!" murmura-t-elle. Elle tremblait tellement qu'elle eût du mal à se mettre debout. "Oh, Jack, si tu savais comme tu m'as manqué !" sanglota-t-elle en se jetant dans ses bras. Le colonel hésita, les bras ballants. Puis ses bras se refermèrent tout naturellement autour de La jeune femme. "Ca va aller," dit-il dans ses cheveux. "Je suis là Sam, je suis là." De l'autre côté de la caméra, une jeune femme identique en tous points à celle que le colonel enlaçait observait la scène. "Fascinant," murmura-t-elle. "Absolument fascinant. Ainsi le miroir quantique de Daniel fonctionne," s'emballa-t-elle. "Il ouvre la porte vers des univers parallèles multiples… Fascinant…" Le grand Jaffa qui se tenait à ses côtés acquiesça sobrement. * La jeune femme vit entrer le docteur avec espoir. "Alors ? Est-ce que je vais enfin avoir le droit de sortir ou est-ce que vous comptez me garder au secret dans votre infirmerie jusqu'à la fin de mes jours ?" demanda-t-elle d'un ton légèrement hystérique. Des cernes bleutés assombrissaient son regard clair et elle serrait convulsivement ses bras autour d'elle. Le docteur Janet Fraiser lui sourit et tourna une fiche en lui faisant signe de patienter. "Bon. Toutes vos analyses sont normales. Un peu d'anémie et beaucoup de sommeil en retard… Je ne vois rien qui puisse me permettre de vous embêter plus longtemps !" conclut-elle avec un sourire éclatant. "Vous êtes libre de partir, Samantha. Evidemment cela ne vaut que pour moi. Le général m'a demandé de le prévenir dès que j'aurais établi votre bilan de santé. Il sera là dans quelques instants." "Le général est occupé docteur," dit Jack dans l'embrasure de la porte. "Est-ce je peux … ?" "Bien sûr colonel. Je disais justement à notre patiente que plus rien ne la retenait ici." "Parfait," dit Jack en frottant ses mains l'une contre l'autre. "Madame, si vous voulez bien vous habiller, je vous emmène !" "Où ?" répondit la jeune femme, nettement sur la défensive. "Voir le général justement !" "Je… il… vous avez décidé quoi faire de moi ?" "Heu…" O'Neill se balança d'un pied sur l'autre en jetant un regard à Janet. Elle baissa les yeux. La politique du SGC n'était pas ses affaires. Qu'il se débrouille… "A vrai dire," il lui lança un étrange regard et se jeta à l'eau, "je vais être totalement franc avec vous. Le général et moi ne sommes pas d'accord." "Et ?" "Et ? Et bien il veut vous entendre. Se faire une idée." "Vous ne comprenez rien n'est-ce pas ?!!" hurla Samantha. "Les Goa'Ulds ont envahi mon monde et vous êtes là bien tranquille dans votre petit coin préservé de la galaxie à vous interroger sur le danger potentiel que je représente pour la sécurité d'un programme que j'ai mis moi-même au point dans ma propre réalité et dont je connais chaque rouage mieux que la paume de ma main ?" continua-t-elle en se jetant hors du lit. "Vous êtes pitoyables !" cracha-t-elle en arrachant les perfusions. "Si vous voulez bien me laissez colonel, je vous suivrais dès qu'on m'aura rendu mes vêtements." Jack la regarda avec stupeur. Comment quelqu'un d'aussi semblable à Carter pouvait-il se laisser aller à des accès de rage aussi dévastateurs ? Janet haussa discrètement les épaules et s'éclipsa. Il la suivit, abasourdi. "Vous êtes sûre qu'elle est en état de voir Hammond ?" demanda-t-il dès qu'il fut hors de portée des oreilles de Samantha. "Absolument. Elle a dû faire face à des situations extrêmes ces derniers jours et subir un stress important. Elle finira par se calmer. Elle a besoin de temps. Colonel ?" "Oui ?" "Elle est venue chercher de l'aide. Cependant gardez bien à l'esprit qu'elle ne s'attendait probablement pas à vous retrouver dans cette réalité." Elle lui tendit une photographie. "Nous avons trouvé cela dans ses affaires." Jack prit la photographie que Janet lui tendait et la fixa sans comprendre. "Vous voulez dire… ?" "Oui colonel. Je crois que dans sa réalité, vous et Samantha Carter étiez mariés. Je pense aussi qu'elle vous a perdu il y a très peu de temps, ce qui expliquerait son agitation quand elle est en votre présence. Elle est en bonne santé, mais je ne peux jurer de rien quant à son état mental. Restez extrêmement vigilant. Telle que je la perçois, c'est une bombe à retardement avec une idée fixe." "Merci docteur pour vos encouragements," dit O'Neill d'un ton narquois, "autre chose que vous souhaiteriez me dire ?" "Je ne suis pas physicienne mais je me demande si le fait que son double soit en vie dans cette réalité ne va pas poser des problèmes. Je verrais ça avec Sam," dit-elle plus pour elle-même que pour le colonel. Samantha choisit ce moment pour faire son apparition. Elle s'approcha d'eux gauchement. "Nous y allons ?" proposa Jack. Elle acquiesça d'un hochement de tête et lui emboîta le pas. * "Et vous en pensez quoi ?" répéta Daniel. "Pardon ? Oh Daniel, excusez-moi. J'avais complètement oublié votre présence. Voyez-vous si je dépolarise… Heu, désolée, vous disiez ?" répondit le major Carter en se redressant. "Que pensez-vous de la présence d'une autre Sam au SGC ?" répéta Daniel avec un air pincé. "Ce n'est pas un peu…" "… dérangeant ? Oui certainement. Pour le moment je n'ai pas encore eu l'occasion de vraiment faire sa connaissance mais j'imagine que je vais avoir besoin d'un temps d'adaptation," sourit-elle en effectuant malgré elle un réglage. Daniel leva les yeux au ciel. "Je ne comprends pas ! C'est extraordinaire enfin ! Rencontrer un autre vous-même ? N'est-ce pas une expérience unique ?" "L'ego du major Carter n'est sans doute pas assez développé pour qu'elle puisse répondre à cette question avec toute la partialité nécessaire," plaisanta Teal'c sans qu'un muscle de son visage ne trahisse la moindre bribe d'humour. Sam sourit et baissa la tête pour cacher sa réaction. Daniel leur jeta un regard courroucé. "Votre présence est requise. Major Carter, Daniel Jackson," ajouta le jaffa en s'inclinant. "Pour répondre à votre question Daniel, je vous avouerai que j'appréhende bien davantage de croiser Kawalski dans les couloirs. J'ai tout le temps l'impression que ses yeux vont se mettre à briller… Brrr, ça me donne froid dans le dos !" "Le scanner n'a pas révélé la présence d'une larve goa'uld, major Carter." "Je le sais Teal'c. C'est sûrement mon inconscient qui me joue des tours ! En tout cas, vous ne l'avez pas raté !" "Il n'était pas dans mes intentions de blesser le colonel Kawalski. Cet incident a été très regrettable. Il m'était cependant impossible de prévoir que le colonel Kawalski insisterait." Le regret et la culpabilité se lisaient sur le visage de Teal'c. Sam posa sa main sur son bras et lui fit un petit sourire. "Ce n'est pas si grave Teal'c," dit Sam d'un ton apaisant. "Après deux ou trois mois de rééducation, il sera comme neuf !" "Où est Jack ?" demanda Daniel en sortant du labo. "Est-ce qu'il ne devrait pas aller au briefing lui aussi ?" "O'Neill se trouve déjà en salle de réunion avec Samantha Carter," expliqua le jaffa. "Oh… bien sûr, heu, oui, c'est évident. Le général l'a certainement chargé d'aller chercher Samantha…" dit-il avec un regard en biais à Carter qui n'eut aucune réaction perceptible. Malgré elle, elle eut un pincement de cœur. Cette Samantha était comme elle… mis à part les cheveux. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir jamais eu les cheveux aussi longs même quand sa mère était encore en vie. Ce n'était tout simplement pas son style. En fait, théoriquement, c'était ELLE ! Une autre version d'elle-même libre comme l'air. Pas de problèmes liés au règlement, son statut de civile lui permettait d'agir à sa guise, il n'y aurait rien qu'elle puisse y faire. Si Jack tombait amoureux d'elle, elle n'aurait pas d'autre alternative que de rester en retrait. Est-ce qu'elle avait fait le bon choix en cachant ses sentiments à son supérieur ? Elle savait que le colonel lui était profondément attaché, mais éprouvait-il la même chose qu'elle ? Ce petit sursaut dans la poitrine quand il entrait dans une pièce ? Cette envie irrépressible de se jeter dans ses bras quand le danger qui les avait menacés au combat était passé ? Certainement pas. Elle l'aurait su. Elle soupira. "Quelque chose vous tourmente major Carter ?" "Non, tout va bien Teal'c. J'aurais juste préféré finir mon expérience sur le réacteur," mentit Sam avec un pauvre sourire. Teal'c hocha la tête. Elle vit au fond de ses yeux qu'il n'était pas dupe. Le général Hammond, le colonel O'Neill, le docteur Fraiser, le colonel Kawalski et Samantha Carter les attendaient. Avec un autre pincement de cœur, elle constata que Samantha était à la place qu'elle avait l'habitude d'occuper aux côtés du colonel. Ce dernier avait l'air particulièrement mal à l'aise et dissimulait sa gêne en échangeant des faits de guerre avec Kawalski. Hammond les observait, l'air perplexe, les mains croisées sur la table, posées sur une chemise en papier kraft marquée top secret. Il salua leur arrivée d'un signe de tête. O'Neill regarda machinalement sa montre et tout aussi machinalement se tourna vers Samantha. Carter qui venait de s'asseoir en face ressentit pour la troisième fois le même petit pincement désagréable. Quelque chose clochait. Quelque chose clochait vraiment. Quand les raclements des chaises sur le sol cessèrent, le général attaqua de but en blanc, entrant directement dans le vif du sujet. "Nous sommes ici pour décider du sort de nos deux réfugiés. Je me suis moi-même entretenu ce matin avec le maj… colonel Kawalski et j'en ai profité pour lui présenter nos excuses au nom du SGC. Je n'ai relevé aucune incohérence dans ses déclarations. Dans la mesure où le docteur Jackson nous a déjà prouvé que ce miroir quantique pouvait se révéler tout à fait commode pour passer d'une réalité à une autre, je ne mettrais donc pas en doute les explications qui m'ont été fournies. En revanche, je tiens d'ors et déjà à clarifier ma position. Je ne donnerais à aucun prétexte mon aval pour une quelconque aide tactique ou militaire dans un conflit qui ne nous concerne pas. Le colonel Kawalski est libre de retourner dans sa réalité ou de combattre à nos côtés. Le problème se pose pour le docteur Samantha Carter en ces termes : si elle fait le choix de rester parmi nous, n'appartenant pas à l'armée dans sa propre réalité, elle ne peut pas rejoindre nos rangs, sinon à titre civil." Samantha Carter ouvrit la bouche en même temps que Kawalski. Hammond agita la main en direction des deux réfugiés, leur intimant clairement qu'ils devraient attendre qu'il en ait terminé pour prendre la parole. "Ceci dit, le docteur Fraiser a mis en évidence une question épineuse qui risque de se poser dans les semaines à venir. Il semblerait que le fait que deux Samantha Carter co-existent dans la même réalité soit susceptible de poser des problèmes d'ordre moléculaire. C'est bien ça docteur ?" dit-il en fixant son regard clair sur le médecin. "En effet," commença Janet. "Je m'en suis entretenue avec Sam et elle est de mon avis. Une dégradation au niveau intime de la cellule devrait se faire sentir dans les prochaines semaines. Peut-être même plus tôt… Reste à savoir si elle affectera les deux Sam; mon général, je n'ai aucune moyen de le savoir avant que cela ne se produise. Et si cela se produit, je n'ai aucune parade," conclut-elle. Elle vit le major Carter acquiescer du coin de l'œil. Hammond fronça les sourcils. "Vous êtes en train de me dire que la présence de nos deux réfugiés est susceptible de mettre en danger un membre de mon équipe ?" "Je n'ai aucune certitude mon général. Pour le moment, la seule chose que nous puissions faire, c'est attendre," répondit le docteur en faisant profil bas. Samantha Carter qui s'agitait depuis le début du briefing profita du trouble dans lequel l'intervention de Fraiser avait plongé les participants pour prendre la parole. "Je ne pense pas que je fasse courir un risque quelconque au major Carter," commença-t-elle d'un ton méprisant, en posant la main sur le genou de Jack avec un geste de propriétaire pour le faire taire au moment où il ouvrait la bouche. "Et si c'était le cas, je me fais fort de trouver une solution. Après tout, sans moi le programme StarRing n'existerait pas," le défia-t-elle. Un silence glacial accueillit ses paroles. Elle se raidit et jeta un regard incendiaire au major Carter. "Je pense que vous avez tort," répondit Sam d'une voix douce. "Mais je suis prête à faire toutes les recherches nécessaires pour résoudre le problème si jamais cela s'avère nécessaire. Nous n'avons pas l'intention de vous renvoyer chez vous sans autre forme de procès," sourit-elle. "Dans notre réalité, le programme Stargate est soutenu par une équipe et même si le mérite en revient à plusieurs d'entre nous, personne n'essaie de tirer la couverture à soi." Les membres du SGC saluèrent ses paroles par des hochements de tête et des sourires. Samantha resta sur la défensive. "J'aurai dû me douter que vous feriez tous front contre moi," attaqua Samantha. "Dans ma réalité, c'est grâce à moi que le cercle des étoiles fonctionne, que vous le vouliez ou non, je pourrais être une aide appréciable dans votre programme de développement. Ou pour tout autre type de recherche. Ce que je n'arrive toujours pas à comprendre c'est pourquoi notre monde est en flamme pendant que le vôtre est si paisible." "Sans doute une conjonction de facteurs," répondit Jack en prenant la main qu'elle avait laissé posée sur sa jambe pour la remettre sur la table. "Ici, nous sommes une équipe. Je n'imaginerais pas le SGC sans Teal'c ou le docteur Jackson. Leur contribution est inestimable," dit-il d'une voix douce mais ferme sans la quitter des yeux. "Le major Carter nous a permis de voyager grâce réseau des portes et je n'imaginerais pas qu'elle ne soit plus mon second, car elle est certainement, outre une scientifique de premier ordre, un officier hors pair, sans doute le meilleur avec lequel il m'ait été donné de servir jusqu'à présent." Le docteur Samantha Carter le fusilla du regard. En dépit de l'émotion qui l'envahissait, le major Sam Carter renchérit. "Sans oublier les contributions de nos alliés extra-terrestres et l'ingéniosité et les talents diplomatiques du colonel O'Neill," dit-elle en souriant. Daniel pouffa. Les talents diplomatiques du colonel ?! "Vous m'excuserez d'interrompre vos assauts de louanges," dit Hammond. "Si tout le monde est d'accord, je vous propose de commencer ensemble dès à présent. Colonel, vous veillerez à ce que le docteur Carter et le colonel Kawalski soient conduits à leur quartier. Major, j'aurais deux mots à vous dire. Vous pouvez disposer." * Samantha Carter attrapa convulsivement la main du colonel O'Neill et plongea ses yeux bleus dans les siens. Sa bouche tremblait. "Ne me laissez pas," dit-elle d'une voix rauque. "Je n'en peux plus…" "Samantha, calmez-vous," dit Jack sans retirer sa main. "Je vais vous montrer vos quartiers. Vous verrez : après une bonne nuit de sommeil, vous vous sentirez déjà mieux." "Mais je ne fais que dormir depuis que je suis arrivée !" protesta-t-elle. "Vous ne comprenez rien !" "Je comprends parfaitement, au contraire. Venez, s'il le faut, je resterai avec vous jusqu'à ce que vous dormiez." "Vous feriez ça ? Je… vous lui ressemblez tellement colonel. Je veux dire, vous pourriez être lui. C'est… c'est vraiment dur. Je suis désolée." Pendant une seconde, Jack sentit que quelque chose n'allait pas dans ce qu'elle lui disait. Quelque chose dans la manière de le formuler. Non, dans le ton plutôt. Il chassa ces pensées parasites et la guida jusqu'à ses quartiers. Il la vit se raidir dès qu'il eût ouvert la porte. Elle détailla les murs en béton, le lit étroit, la couverture réglementaire, la table métallique. "Je suis gâtée. Rien à voir avec le week-end que nous avions prévu." "Quel week-end ?" demanda Jack avant de se mordre la langue. Qu'est-ce qui te prend Jack ? Ne rentre pas dans son jeu. "Pour notre anniversaire. C'était notre premier anniversaire Jack," expliqua Sam en s'asseyant sur le lit. Elle baissa la tête et continua d'une voix brisée par l'émotion. "Nous nous sommes mariés il y a un an demain." "Nous ne sommes pas mariés, docteur Carter," tenta Jack. "S'il vous plaît, ne dites rien," dit-elle sans le regarder. "Laissez-moi rêver. Juste ce soir Jack…" "Je ne peux pas faire ça. Ce serait… je suis désolé." Elle se mit à pleurer et il regarda son dos se soulever au rythme des sanglots. Quelqu'un frappa à la porte à ce moment-là et entra sans attendre de réponse. "Entrez," dit platement le colonel en dévisageant l'airman qui venait de faire irruption avec un plateau repas. "Oh, colonel, excusez-moi. Je … C'est le docteur Fraiser…" "… qui vous a dit d'entrer sans frapper ?" la nargua O'Neill. Il se reprit aussitôt devant l'air paniqué de la jeune militaire. "Posez tout ça. Il n'y a pas de mal airman. Dites au doc que je passerais la voir plus tard." "Bien colonel, excusez-moi, je ne savais pas…" s'enferra-t-elle. Il la congédia d'un geste agacé. Il s'en voulait de s'être laissé entraîner par le docteur Carter et d'avoir été pris en flagrant délit. En flagrant délit ? De quoi, pour l'amour du ciel ? Il allait continuer à garder ses distances et pour commencer, sortir de cette pièce où il n'aurait jamais dû mettre les pieds pour commencer. "Samantha, vous devriez manger un peu. Si vous préférez aller au mess, je peux vous accompagner." "Oh non," s'écria-t-elle. "Je veux dire si vous êtes d'accord, je préférerais rester ici." Son visage régulier était bouffi de larmes. Elle s'essuya maladroitement sur la manche de son treillis et se leva. "Je vais manger un peu." Elle souleva le couvercle et se figea devant le plat qu'elle découvrit. Avec dégoût, elle reposa le couvercle et hésita. "Le général Hammond a dit qu'il ne nous renvoyait pas, n'est-ce pas ?" "En effet. Cette proposition ne doit pas vous dissuader de retourner chez vous si vous le désirez. Vous n'êtes en aucun cas nos prisonniers." "Chez moi ? Maintenant que tu es mort, Jack, je n'ai plus de chez moi," dit-elle en le fixant droit dans les yeux. "Nous sommes venus vous demander votre aide pour sauver notre monde. Votre général est opposé à cette idée. Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées… Jack…Jamais je n'aurais cru te retrouver. Je n'y arriverais pas… Est-ce que tu es marié dans cette dimension Jack ? Fiancé ?" "Divorcé," répondit Jack sans réfléchir. "Sara ?" "Oui." Il fallait que cette conversation s'arrête. Tout de suite. "C'est insensé." "Oui." "Pourquoi n'as-tu pas encore épousé le major Carter ?" "Docteur, il n'y a absolument rien entre le major et moi," se défendit Jack avec un peu trop de véhémence. "D'ailleurs le règlement ne nous y autoriserait pas." "Je vois." Elle baissa la tête et ses larmes se remirent à couler. "C'est injuste…" "Je ne comprends pas…" hésita-t-il. "Je sais," répondit-elle en levant vers lui ses yeux bleus emplis de larmes. "Je sais. Dans ces situations-là, tu ne sais jamais quoi dire." Elle ferma les yeux et les larmes se mirent à couler. Impulsivement, il lui tendit les bras. "Là… Venez, ça va passer…" Blottie contre lui, elle se laissa aller et sanglota encore plus fort. J'ai toutes mes chances, pensa-t-elle. Il ne sait pas qu'il est amoureux de son précieux second. Et s'il l'est, il ne me reste qu'à lui mettre le grappin dessus. Tu es à moi Jack. Elle se serra plus fort contre lui. Les bras du colonel répondirent inconsciemment au geste de la jeune femme. Elle leva la tête et son souffle se mêla au sien. Doucement, elle approcha son visage. Le colonel O'Neill la regarda et pencha la tête. "Je ne peux pas," murmura-t-il en se détachant d'elle. "Je ne suis pas le Jack que vous connaissiez Samantha," ajouta-t-il en secouant la tête. Il passa son pouce sur sa joue et elle pencha la tête pour répondre à cette caresse inattendue. "Vous êtes sûr ?…" "Oui." "Jack… juste une fois…" Jack boutonnait sa chemise en évitant de regarder le docteur Carter. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi s'était-il laissé aller et surtout pourquoi avec elle ? Il ne ressentait rien pour la jeune femme. Elle avait beau être la copie conforme de Carter, ce n'était pas Carter. Il ressentait une duplicité en sa présence qui ne faisait pas partie du fond de commerce de son second. Est-ce qu'il devait le dire à Carter ? Probablement pas… Comment allait-il pouvoir continuer à travailler avec le major comme si de rien n'était ? Machinalement, il caressa la joue de la jeune femme. "Il faut que je parte…" "Je sais. Tu reviendras ?" Il se leva sans répondre et hocha la tête. Jamais. Tournant les talons, il ouvrit la porte et sortit sans bruit dans le couloir. L'airman en faction lui fit une grimace entendue et il lui renvoya un regard glacial. L'homme se raidit et se mit à fixer le mur qui lui faisait face comme si sa vie en dépendait. Ce qui était probablement le cas, vu la réaction du colonel… * Sam marchait lentement dans le couloir qui conduisait à son laboratoire. Les paroles du général lui trottaient dans la tête et elle n'était pas sûre de bien comprendre ce qu'il avait voulu lui dire exactement. Pourquoi n'avait-il pas confié ses craintes au colonel ? Parce qu'elle était le double du docteur ou bien parce que le colonel était marié avec elle dans la réalité alternative ? Pour autant qu'elle le sache, le colonel était certainement aussi mal à l'aise qu'elle, face à son double. Cela n'expliquait pas les réticences du général. Pourquoi se méfiait-il à ce point du docteur Carter ? Devrait-elle se méfier, elle aussi ? Tout ce qu'elle voyait, c'était une femme déprimée et anxieuse qui venait de perdre tout ce qui comptait pour elle, en l'espace d'un instant, y compris Jack… Elle avait du mal à évoquer cette pensée sans en être physiquement affectée. Comment réagirait-elle si elle perdait Jack ? Samantha était sa femme, alors qu'elle n'était que sa subordonnée et elle n'était pas sûre qu'elle pourrait faire face à sa disparition. Samantha avait perdu ses deux parents. Jacob avait certainement succombé à son cancer dans l'autre réalité puisqu'ils n'avaient jamais rencontré la Tok'Ra. Elle n'avait même pas eu l'épaule de Daniel pour pleurer, l'archéologue n'ayant jamais fait partie du programme de la porte. La tête lui tournait. Elle s'arrêta au milieu du couloir sans se soucier des regards curieux qui se posaient sur elle. Les sourcils froncés, elle se mit à envisager les options qui étaient disponibles à Samantha dans l'immédiat. Elle devrait peut-être aller lui parler, lui offrir son amitié… Cette pensée incongrue la fit sourire. Offrir son amitié à elle-même… La porte des étoiles ouvrait vraiment vers des dimensions inattendues. Elle enfonça ses mains au fond de ses poches et regagna l'ascenseur. Si elle devait faire amie-amie avec le docteur Carter, c'était maintenant ou jamais. Elle était apparue particulièrement angoissée pendant le briefing. Elle attendit l'ascenseur en répétant les paroles qu'elle allait dire. Elle entra en réfléchissant et appuya sur le bouton. Pourvu que Samantha se soit calmée… elle n'avait aucune intention agressive à son égard. Elle refusait que la jeune femme la perçoive comme une menace. Toute à ses pensées, elle sortit de l'ascenseur et percuta de plein fouet le colonel qui attendait tranquillement la cabine. Il la retint par les épaules et la regarda l'air inquiet. "Tout va bien ? Je ne vous ai pas fais mal ?" "Je crois que c'est plutôt à moi de m'excuser, monsieur, j'étais perdue dans mes pensées et..." "Pas de problème Carter," répondit O'Neill en entrant dans l'ascenseur. Il appuya sur le bouton et attendit que les portes se referment. Sam revint en courant sur ses pas et coinça son pied dans les portes au moment où elles se fermaient. "Excusez-moi mon colonel mais j'ai besoin d'un conseil," dit-elle, la main posée sur le battant. "Je voudrais faire la paix avec le docteur Carter. Vous croyez que je peux lui proposer de se joindre à nous et la présenter aux Asgards ? J'avais aussi pensé que je pouvais appeler la Tok'Ra et demander à mon père de venir… Est-ce que je peux ?" "Nous en discuterons Carter. Elle est très remontée. Je suis arrivé à la calmer," dit-il en regardant soudain ses pieds, "mais je crois qu'elle se repose. Elle était couchée quand je l'ai quittée," conclut-il. "Oh…" "Vous venez Carter ?" "Heu… non, je suis venue chercher quelque chose dans mes quartiers," affirma-t-elle en lâchant la porte. "Très bien Carter, à plus." Sam resta les bras ballants devant l'ascenseur dont les portes s'étaient refermées. Est-ce qu'elle avait imaginé ce parfum ou… Elle hocha la tête et repoussa la jalousie qui envahissait les tréfonds de son esprit. Elle n'avait aucun droit sur Jack, il n'était pas sa propriété. Et surtout, s'il tombait amoureux du docteur Carter, il n'y avait rien qu'elle puisse y faire. Elle attendit que l'ascenseur s'arrête pour le rappeler en essayant de se souvenir de la raison pour laquelle elle s'était levée d'aussi bonne humeur des lustres auparavant. * Daniel leva les yeux de son moniteur et regarda Teal'c comme s'il ne l'avait jamais vu. "Mais enfin Teal'c, c'est de Sam dont vous parlez !" "Je me dois de vous faire remarquer que votre affirmation n'est pas exacte, Daniel Jackson. Le docteur Carter n'a rien en commun avec le major Carter, si ce n'est l'apparence physique." "Vous voulez rire Teal'c ?" "Absolument pas Daniel Jackson. Vous avez vous-même rapporté que nos doubles étaient différents quand vous les avez rencontrés dans une autre dimension." "Ils étaient différents parce que leurs expériences avaient été différentes ! Je suis certain que sur le fond, ils étaient remarquablement semblables." "Mais rien ne vous permet de l'affirmer avec certitude ?" "Non," jeta Daniel, visiblement agacé par la logique du Jaffa. "Qu'est-ce que vous proposez ? Qu'on les tienne à l'écart ? Bon sang Teal'c ! Samantha avait épousé Jack. Quant à Kawalski, il a servi avec Jack pendant des années." "Non." "Comment ça non ?" "Votre raisonnement est erroné Daniel Jackson. Je préfère m'en tenir à mes opinions et rester sur le qui-vive." "Et bien Teal'c, vous êtes bien péremptoire ce matin," les interrompit Jack. "Je peux savoir..." Il agita la main et les encouragea à poursuivre. "Daniel Jackson affirme que nous pouvons accorder notre confiance au docteur Carter et au colonel Kawalski sans restriction comme s'ils étaient des nôtres. Je suis partisan de la défiance," expliqua le jaffa. "Je vois," sourit Jack, "vous êtes très primesautier ce matin, Teal'c. Daniel ?" "Samantha et Kawalski seront des atouts pour le SGC Jack. Je suis persuadé que nous pouvons leur accorder notre confiance à 200%," s'énerva l'archéologue en remontant ses lunettes d'un geste rageur. "Il se trouve que l'Etat-Major partage votre opinion, Daniel," le calma Jack. "Nos réfugiés font maintenant partie du SGC." "Ah !" lança Daniel avec une mimique expressive. "Un peu de bon sens dans l'armée… champagne !" "L'Etat-Major a tort," dit sentencieusement Teal'c. "J'espère que les événements à venir ne me donneront pas raison." "Etes-vous de l'avis de vos supérieurs, Jack ?" "A vrai dire, je ne sais pas. Kawalski était un officier d'avenir. Je me sens toujours responsable de ce qui lui est arrivé. Je pourrais tout à fait me faire à l'arrivée d'un Kawalski de rechange !" plaisanta-t-il. "Il y a quelque chose Jack ?" demanda Daniel. "Oui. Je ne sais pas, mais il y a quelque chose. Et, au nom du ciel, je n'arrive pas à savoir quoi…" dit le colonel soudain grave. Il haussa les épaules. "Ca va finir par me revenir… ou pas ! Vous avez déjeuné ?" dit-il en se frottant les mains d'un air gêné. "Oui," dit Jackson en se remettant à travailler, "mais je pense que Sam est au mess en ce moment. "Vous avez déjà déjeuné ? Vous êtes tombé du lit ce matin Daniel ?" "A vrai dire, je ne me suis pas couché Jack. Vous voyez, j'ai pas mal de travail et les missions qui sont prévues m'empêcheront de venir à bout de…" "Hé Daniel, vous n'allez pas recommencer ! Vous venez Teal'c ?" "Je n'ai pas encore eu le temps de faire mon kelno'reem." "Bon, je vois, vous me lâchez les mecs. Je m'en souviendrais. Je vous rappelle que nous sommes attendus sur P5Z-8651 à… 14:00 heures," ajouta-t-il en regardant sa montre, "soyez à l'heure !" "Si vous vous obstinez à m'empêcher de travailler Jack, je ne vous promets rien," grommela Daniel, toujours contrarié. Teal'c haussa un sourcil et Jack les épaules. La dernière chose que souhaitait le colonel ce matin, c'était de déclencher un incident avec le jeune homme. Enfin, à vrai dire, la seule qu'il souhaitait éviter, c'était plutôt de se retrouver avec Carter au mess en tête à tête. Avec n'importe laquelle des deux. Il avait passé la nuit à se remâcher sa boulette de la soirée. Sur le coup, il avait pensé qu'il avait tort de céder à la tentation. Cette Carter était différente de l'autre Carter, de sa Carter. Il ralentit dans le couloir. SA Carter ? Il avait vraiment besoin de manger. Il devait être en hypoglycémie pour avoir des idées pareilles. Il entra au mess et jeta un regard circulaire. Elle n'était pas là. Enfin, elles… Il remplit une assiette de porridge, s'octroya un grand café avec plusieurs sucres supplémentaires et alla s'asseoir à sa place favorite. "Bonjour mon colonel ! Bien dormi ?" lança Carter en s'asseyant en face de lui. "J'ai pensé que Samantha serait contente que je passe la chercher." Faisant écho à cette déclaration, Jack vit le docteur Carter debout à côté de Carter qui lui souriait avec gourmandise. Il avala de travers et se mit à tousser en crachant des flocons d'avoine dans toutes les directions. "Je vois que j'ai eu raison," ajouta Sam en sirotant son thé. Elle ne s'était pas trompée. Il s'était bien passé quelque chose entre son supérieur et son double. "Où sont donc passés Teal'c et Daniel ?" demanda-t-elle d'un ton badin pendant que le petit pincement au cœur s'accentuait. Jack tenta de sourire et avala une gorgée de café. Le sucre lui brûla la gorge. "Ils travaillent sur je ne sais quel projet…" dit-il d'une voix cassée. "Oui, je sais. Je devais lui donner un coup de main, mais je me suis endormie au labo…" "Au nom du ciel," s'écria Jack d'une voix un peu plus assurée, "est-ce que quelqu'un de mon équipe dort dans son lit, à part moi ? On ne vous a pas dit qu'une bonne nuit de sommeil pouvait être tout à fait profitable avant une mission ? Et en plus vous picorez sur votre plateau…Qu'est-ce que c'est que ce truc Carter ? Une vieille éponge que vous avez laissé sécher ?" Samantha pouffa tandis que Carter évitait de le regarder. "Nous nous verrons au briefing mon colonel," dit-elle en se levant, l'appétit coupé. Quel mufle, pensa-t-elle. "Carter ? Vous n'allez pas me laisser ?" "Pourquoi monsieur ? Vous avez peur de ne pas retrouver votre chemin ou vous désirez me faire assister au spectacle répugnant d'un adulte qui se nourrit comme un teen-ager livré à lui-même tout en distribuant des leçons de morale ?" dit Carter en se levant, les yeux brillant de colère. Il renonça à soutenir son regard et l'entendit quitter le mess au pas de charge. Il avait sûrement manqué de tact, mais le major Carter n'était pas soupe au lait à ce point. D'habitude, elle riait de ses plaisanteries de potache. Est-ce que la présence de son double suffisait à perturber le bel et périlleux équilibre de leur relation ? Qu'est-ce qu'il avait pu dire pour qu'elle se mette dans une colère… dormir dans son lit… Il rougit et soupira. "Un peu plus de café, docteur Carter ?" "Avec plaisir Jack. Vous ne m'appelez plus Sam ce matin ?" * "Toutes les missions de SG1 offworld sont annulées sine die colonel ! Un point, c'est tout !" tonna Hammond en se levant. Il fit le tour du bureau et vint se planter devant le colonel O'Neill. "Tant que je n'aurais pas l'assurance que la présence de nos… invités ne représente pas une menace pour la base, aucune sortie ne sera autorisée. Cet ordre ne concerne que votre équipe." "Que mon équipe ? Mais mon général cette décision est absurde ! Permission de parler librement monsieur ?" "Non, colonel. En revanche vous avez la permission de vous retirer. A moins que vous ne puissiez me fournir une explication sur vos relations avec le docteur Carter." "Ma vie privée ne regarde que moi," aboya O'Neill. "Certainement colonel. C'est bien pour cette raison que je m'étonne de vous voir afficher cette liaison. Avez-vous pensé au major Carter ?" "… je ne vois pas…" "Ah vous ne voyez pas ?! Vous me prenez pour un crétin colonel ! Vous tournez autour du pot depuis presque trois ans avec le major Carter… je ne me trompe pas n'est-ce pas ?" O'Neil baissa la tête. "Et tout à trac vous sautez dans le lit de son double ?" "Je…" "Colonel, vous n'avez aucune excuse. Votre attitude est indigne de l'armée des Etats-Unis. Soit vous êtes capable de vous comporter discrètement, soit vous cessez immédiatement votre manège tout du moins tant que vous êtes à Cheyenne Mountain. Me suis-je bien fait comprendre ?" "Oui mon général. Autre chose monsieur ? Si vous désirez ma démission, je peux la déposer sur votre bureau dans moins de cinq minutes monsieur," jeta O'Neill. Cette conversation était inepte. Il se calma instantanément et leva les deux mains pour les mettre à angle droit. "Temps mort, mon général. Est-ce que nous pouvons reprendre cette conversation à zéro ?" "Avec plaisir," soupira Hammond en se rasseyant. "Cette histoire a pas mal échauffé les esprits, mon garçon, même le mien. Avez-vous quelque chose à me dire que je devrais savoir, Jack ?" "Oui. Je ne me sens pas tranquille. J'ai l'impression d'être manipulé et ça ne me plaît pas du tout," confia Jack. "J'ai aussi cette impression. Cependant le scanner du docteur Fraiser confirme que ni le docteur Carter ni le colonel Kawalski ne sont des Goa'ulds." "Tous nos ennemis ne sont pas forcément des têtes de serpent monsieur." "Effectivement, mais soupçonner nos gens… "Samantha Carter et le colonel Kawalski ne sont pas 'nos gens', mon général. Ils ont encore leurs preuves à faire. Franchement, dans le cas du docteur, j'avoue avoir commis une erreur…" "… regrettable, Jack." "Oui," dit-il en baissant la tête. "Ce qui est fait est fait. Je suis prêt à répondre des conséquences de mes actes. Je peux vous assurer que cela n'arrivera plus." "Qu'essayez-vous de me dire Jack ?" "J'ai fait une erreur. Je ne la ferais pas deux fois." Le général acquiesça. "Il va néanmoins nous falloir intégrer ces deux personnes au sein de notre équipe." "J'en suis bien conscient mon général. L'Etat Major n'a pas changé d'avis sur leur demande d'aide militaire?" "Je ne pense pas colonel. Et j'approuve cette décision. Interférer dans une réalité parallèle ?", il secoua la tête, "nous avons assez de nos propres chats à fouetter, vous ne pensez pas ?" "Je ne peux pas m'empêcher de penser que nous les laissons tomber, mon général. Si je me porte volontaire pour les seconder avec une équipe volante, ce sera toujours non ?" "Colonel, je ne peux pas risquer de vous perdre," il marqua une pause et darda un regard perçant sur Jack, "ni de perdre aucun de nos soldats. La lutte contre les Goa'ulds sera longue et difficile et nous aurons besoin de toutes nos forces pour y faire face. Je me suis bien fait comprendre colonel ? Ce n'est pas en supprimant une partie du problème que vous le résoudrez. Comme je vous le disais, vous en avez été incapable en quatre ans." Jack O'Neill se leva. L'alarme de la base l'empêcha de répondre. La voix du docteur Fraiser se fit entendre dans tout le complexe. "Alerte de niveau 3. Je répète, alerte de niveau 3. Le colonel O'Neill et SG-1 sont demandés d'urgence à l'infirmerie. Je répète, ceci n'est pas un exercice." Sans attendre, Jack se précipita hors du bureau de Hammond, et négligeant l'ascenseur entama quatre à quatre l'escalier qui conduisait à l'infirmerie. Ce qu'il pressentait depuis le début venait enfin de se produire. L'attente n'avait pas été aussi longue qu'il s'y était préparé. Il déboucha dans l'infirmerie au pas de course. Derrière lui, il vit du coin de l'œil arriver Teal'c, Daniel sur ses talons. Ou diable était passé Carter ? La voix du docteur lui remit provisoirement les pieds sur terre. "Je vous demanderais de ne manifester aucune réaction en entrant dans la pièce," demanda Janet, dont le visage trahissait le désarroi. "Que se passe-t-il docteur ?" intervint le général qui venait de les rejoindre. "Voyez vous-même." Le docteur ouvrit la porte et l'enfer se déchaîna. Sur deux lits jumeaux, le major Sam Carter de l'USAF et le docteur Carter du programme alternatif StarRing étaient en train de se dématérialiser dans des souffrances atroces. Les images stromboscopiques se succédaient à une vitesse fantastique. Les traits déformés par la douleur, les deux jeunes femmes fixèrent ensemble leur regard sur le colonel O'Neill dès qu'il franchit le seuil. En dépit des admonestations de Fraiser, Jack laissa échapper un juron entre ses dents. Fraiser le regarda froidement et referma la porte. "Oh mon dieu," dit Daniel d'une voix à peine audible en retirant ses lunettes. Il se frotta l'arête du nez avec frénésie et se tourna vers les autres. "Oui," dit sobrement le docteur. "Le phénomène que je pressentais a fini par se produire. La présence de deux Carter provoque des réactions en chaîne au niveau moléculaire, ainsi que je vous l'avais exposé au briefing." "Vous ne pouvez pas leur faire des piqûres ou quelque chose ?" demanda Jack, le visage crispé, les mains profondément enfoncées dans les poches de son treillis. Le docteur haussa les épaules. "Je ne peux rien faire, mis à part atténuer leurs souffrances. A terme, elles sont condamnées. Elles ne peuvent tout simplement pas exister dans le même univers." "Pourriez-vous être un peu plus précise docteur ? Combien de temps ?" s'alarma Hammond. "Je dirais que c'est une question de jours. Peut-être une semaine. Peut-être moins." "Le colonel Kawalski ?" "Pas de problème de son côté. Son équivalent n'existe plus dans notre dimension." "Vous voulez dire qu'il suffit de les séparer pour que le phénomène s'arrête ?" "C'est plus compliqué que ça colonel, elles ne pourront pas cohabiter dans notre monde, quelle que soit la distance. Point." "Mon général, cela règle la question !" s'exclama Jack. "Permission de conduire une mission de volontaires sur… l'autre Terre ?" "Refusé colonel. Nous en avons déjà parlé. Toutefois, en regard de ces nouveaux développements, je vais m'entretenir avec le Président et espérer qu'il pourra faire fléchir l'Etat Major." Sans attendre, Hammond quitta l'infirmerie. Jack se tourna vers le docteur. "Vous croyez que je peux retourner les voir ?" "Bien sûr colonel, si vous le supportez. Je dois avouer que je flanche un peu…" Jack lui serra le bras d'une manière réconfortante et fit un clin d'œil. "Ce ne sera pas évident de leur tenir la main, mais je ferais ce que je peux." Un pauvre sourire lui répondit. * Teal'c se pencha vers le colonel et le secoua doucement. Jack s'était assoupi sur une table quelques heures auparavant. La tête posée dans ses bras croisés, il ronflait doucement pendant que le monde s'agitait autour de lui. L'heure du déjeuner était largement dépassée et tous avaient pris soin de ne pas le déranger au moment de l'affluence de midi. Les serveurs du mess regardèrent le Jaffa en souriant. L'amitié des deux hommes était légendaire et la présence de l'ancien guerrier d'Apophis très appréciée par les jeunes femmes qui vaquaient en salle et en cuisine. Le colonel se redressa sur l'air de 'qui a demandé un steak-frites' mais revint vite à la réalité. Les dernières heures avaient été épuisantes. La décision de l'Etat Major n'avait pas tardé, malgré la pression du Président lui-même. Aucune incursion dans une dimension parallèle. Le paradoxe était que seule l'une ou l'autre des Carter aurait pu trouver une solution au problème auquel ils étaient confrontés. A la demande du général, Daniel avait fait un saut officieux dans l'autre dimension et les nouvelles qu'il en avait rapportées ne laissaient présager aucun espoir. La Terre avait bel et bien été détruite. Rasée, vitrifiée. Plus aucune vie, ni animale, ni végétale ne subsistait. Les Goa'ulds avaient probablement fait razzia de leur quota d'hôtes avant de déclencher l'apocalypse. Samantha et Kawalski s'étaient visiblement enfuis à la dernière minute échappant miraculeusement à l'holocauste. Le problème restait entier : comment sauver les deux Sam ? Leur état empirait de minute en minute, faisant se réaliser les prédictions les plus pessimistes du docteur Fraiser. Pendant les moments où les jeunes femmes ne subissaient pas les effets de l'entropie, elles essayaient de mettre au point un protocole qui leur permettrait de vivre toutes les deux sur la même Terre. Leurs recherches ne les avaient pour l'instant menées nulle part. Jack adressa à Teal'c un sourire qui tenait beaucoup de la grimace et l'invita à s'asseoir. Il se frotta le menton d'un air absent. "Dormir dans vos quartiers serait beaucoup plus profitable, O'Neill." "Vous savez quoi Teal'c ? Si les Sam ne trouvent pas de solutions, nous allons les perdre toutes les deux." "J'ai effectivement envisagé cette probabilité," répondit le Jaffa. "J'ai pensé à quelque chose, mais je vais d'abord boire un café. Vous voulez quelque chose Teal'c ?" "Un jus de prune." "Encore ? Qu'est-ce que c'est que cette manie ?" "Il s'avère que ce breuvage est tout à fait satisfaisant." "Si vous le dites." Jack revint avec leur boisson et entreprit d'expliquer son idée au Jaffa. A sa grande surprise, elle éveilla une lueur d'intérêt au fond de l'œil de son ami. "Vous croyez que ça pourrait marcher ?" "Pendant un temps assez long, très certainement O'Neill. Cela nous permettrait d'échafauder un plan B," dit-il en levant un sourcil. "Un plan B ? Est-ce que vous êtes en train de devenir humain, Teal'c ?" plaisanta Jack. L'amusement de Teal'c devint clairement visible. Il entreprit de boire son jus de prune et de dissimuler les preuves de son humanité. * Janet ajouta sa signature et envoya au classement le rapport qu'elle venait enfin de terminer. Peut-être aurait-elle un peu de temps à consacrer au problème qui la minait depuis plus de dix jours : la dégradation de l'état de santé de Sam et de son double. Elle alluma l'ordinateur et relut ses notes. Le docteur Carter, au vu des dernières analyses, semblait beaucoup mieux supporter les effets de l'entropie que son double. Sam, au contraire, commençait à dépérir de manière visible. Les jeunes femmes travaillaient infatigablement et sans doute le retard de sommeil et la tension qu'avaient imposés à Sam les dernières missions de SG-1 étaient-ils la cause de cette différence. Du moins elle l'espérait. Elle n'avait pas pu s'empêcher de constater que les relations entre les deux femmes se détérioraient encore plus vite que leur état physique. Manifestement, quelque chose s'était produit qu'elle ignorait. L'attitude de Sam, de chaleureuse et amicale le premier jour, s'était muée en une indifférence affectée, totalement à l'opposé de son caractère. Fraiser avait tout essayé et se refusait à passer à l'électrothérapie. Les électrochocs que conseillait MacKenzie ne résoudraient rien. La physique quantique avait des lois et elles étaient encore plus inflexibles que les décisions de l'Etat Major. Elle ferma les yeux et résista à l'envie de se frotter les paupières. Elle aussi manquait de sommeil et se tartiner de mascara et d'eye-liner n'arrangerait rien. Elle appuya ses doigts sous les yeux et son mal de tête commença aussitôt à reculer. Elle soupira de soulagement et se rejeta au fond de son fauteuil pour mettre à profit ce moment de détente volée. Un coup impatient frappé à la porte la ramena à la réalité avec brutalité et son mal de tête reprit le dessus. "Entrez," jeta-t-elle d'une voix excédée, levant les yeux vers son visiteur. A sa grande surprise, elle vit le colonel O'Neill qui se tenait dans l'embrasure de la porte. Quand cette histoire serait terminée, elle allait ordonner une cure de sommeil collective. O'Neill avait l'air de quelqu'un qui venait de passer deux jours dans un train assis sur ses valises. "Que puis-je faire pour vous colonel ?" Secrètement, elle espérait qu'il n'allait pas encore lui demander de changer son ordonnance. Entre les tranquillisants, les anti-inflammatoires, et quelquefois la cortisone, il prenait bien trop de médicaments pour un militaire en exercice. Sans compter sa vue, qui laissait vraiment à désirer. "Pour moi rien. En revanche, j'ai eu une idée pour Carter." Janet nota qu'il ne parlait que de son second. Comme lui avait fait remarquer Teal'c tandis qu'ils déjeunaient dans ses quartiers la veille, seule leur propre réalité importait. Les autres réalités ne comptaient pas. Est-ce que cela signifiait que l'on devait sacrifier Samantha sur l'autel de cette logique ? Avant de se mettre martel en tête, elle pouvait écouter la proposition de Jack. "Je vous écoute colonel," dit-elle en se calant dans son fauteuil. "Pour commencer, je voudrais me débarrasser de quelque chose qui me pèse sur la conscience depuis le jour où le docteur Samantha Carter est arrivée" "C'est difficile pour nous tous colonel…" "Non. Vous ne comprenez pas. Permettez ?" Janet acquiesça. "Je… quand…," il hésita, "c'est difficile, vous avez raison. Ce que je vous dirais ne sortira pas de la pièce ?" s'inquiéta O'Neill. "Non, colonel. Je vous rappelle cependant que je ne suis pas prêtre. Vous devriez peut-être chercher plutôt de ce côté-là…" "Non, Janet," répondit O'Neill. L'utilisation inattendue de son prénom la mit sur le qui-vive. Jack avait un vrai problème. "Le jour où Kawalski et le docteur sont arrivés dans notre dimension, j'ai couché avec Samantha, je veux dire avec le docteur Carter." Le docteur arrêta de respirer. Elle s'attendait à n'importe quelle révélation, mais certainement pas à celle-là. Elle observa le colonel qui la scrutait dans l'espoir de voir une réaction sur son visage. Elle soutint son regard et laissa échapper un sifflement entre ses dents. "Je sais, c'est une erreur énorme et ça ne s'est produit qu'une fois. Je vous le jure Janet." "Une erreur !?" s'exclama-t-elle. "Pourquoi me racontez-vous ça ?" demanda-t-elle d'une voix glaciale, après une pause soigneusement étudiée. Voilà qui expliquait l'état de santé de Sam. Elle devait l'avoir appris…. D'une manière ou d'une autre. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Elle se rendit compte que depuis deux semaines, jamais elle n'avait parlé à Sam sans que sa contrepartie soit présente. "Pour soulager ma conscience, j'imagine," soupira O'Neill. "Je dois faire quelque chose pour sortir Carter de ce pétrin. Pour qu'elle arrête de m'en vouloir." "Elle est au courant ?" "Oui," dit-il platement. "Colonel, je ne me trompe pas en disant que vous connaissez les sentiments de Sam à votre égard ?" "Non. Ce que vous ignorez peut-être Janet, c'est que je suis amoureux de Carter. Non… ce n'est pas vrai : en fait, j'aime Carter." Un silence suivit cette déclaration inattendue. Janet restait de marbre. Jack semblait perdu dans ses pensées. "C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de prendre ma retraite et de conduire le docteur Samantha Carter loin d'ici. Quitte à visiter toutes les réalités alternatives." "Vous faites ça pour Sam ? Mais en faisant cela, colonel, vous sortez purement et simplement de sa vie ! Vous n'êtes même pas sûr de pouvoir revenir…" "Sans doute, mais Sam reste en vie. C'est tout ce qui m'importe docteur. C'est la seule chose qui m'importe." L'alarme de la porte interrompit leur conversation et Jack se précipita hors du bureau de Janet en faisant un vague signe de la main. Personne n'était attendu au SGC aujourd'hui. Aucune équipe n'était dehors. Encore des tuiles en perspective, pensa O'Neill en courant dans le couloir. Il emprunta l'escalier et se retrouva dans la salle d'embarquement au moment où Jacob Carter descendait la rampe métallique en compagnie d'une Tok'Ra que Jack n'avait jamais rencontrée auparavant. Parfait ! pensa-t-il, in petto, le père de la femme que j'ai trompée qui nous rend visite. Qu'est-ce qu'ils vont nous demander cette fois-ci en échange de… RIEN !!! Un sourire crispé aux lèvres il s'approcha, la main tendue. "Jack !" s'exclama le général Carter. "Je passais dans le coin…" "Vous espérez me faire avaler ça Jacob ?" "Non. J'ai appris que Sam avait un problème," répondit Jacob en laissant tomber son masque jovial. "Oui. Appelez-le comme ça si vous voulez." "Ne montez pas sur vos grands chevaux Jack. Kindra m'a accompagné pour vous proposer une solution." "Enchanté," marmotta Jack sans regarder la jeune femme sculpturale et à moitié nue qui accompagnait le général Carter. Daniel tendit la main avec un sourire appréciateur. Teal'c s'inclina. La voix de Hammond qui résonnait dans les haut-parleurs les surprit. "Mon vieil ami… Sam te réclame." "J'y vais tout de suite, George. Elle est à l'infirmerie ?" "Elle t'attend dans son labo, Jake." "Désirez-vous que je vienne avec vous Selmak ?" interrogea la visiteuse. "Inutile, je vous revoie dans quelques temps pour faire le point." Kindra acquiesça et se tourna vers O'Neill. "Je désirerais recueillir toutes les informations nécessaires," dit-elle. "Pas de problème ! Allons-y !" l'invita Jack. A peine arrivée, cette nouvelle poupée Barbie lui tapait déjà sur les nerfs. "Je souhaiterais me rendre à l'infirmerie en priorité." "Daniel ? Prenez la suite," lança O'Neill excédé en s'élançant vers la salle de contrôle. "Tenez-moi au courant… ou pas. Il faut que je vois le général." Autant donner sa démission sur le champ. Cette fois-ci, il ne se contenterait pas du non du général, quelles que soient ses (bonnes) raisons. S'il refusait d'accepter sa lettre, il passerait outre. Il traversa la salle de conférence au pas de charge, frappa trois coups secs, sa marque de fabrique, à la porte de Hammond et entra sans attendre de réponse. Le général raccrochait et se levait. "Jack, nous avons un problème. Suivez-moi à l'infirmerie." * "Comment est-ce arrivé ?" "Je ne sais pas encore, mon général. Je dirais que les cellules ont lâché…" "Les cellules ?" "Je suppose qu'en raison des effets de l'entropie en cascade, les cellules n'ont pas pu résister." "Pourquoi uniquement Sam ?" finit pas demander Jacob. Janet haussa les épaules. "Je n'en sais pas plus que vous. C'est une situation inédite. Je serais capable de vous apporter des réponses après l'autopsie." "Quelle autopsie ?" demanda Jack qui venait de faire irruption dans l'infirmerie suivi de près par Hammond. Janet baissa la tête. "Colonel, je n'ai rien pu faire." "Vous n'avez rien pu faire ? Est-ce que quelqu'un va m'expliquer ce qu se passe au nom du ciel ?!!" s'écria Jack. Jacob posa une main hésitante sur le bras du colonel. "Jack, je suis désolé. Sam nous a quitté…" "Qu'est-ce que vous racontez," murmura Jack en écartant violemment ceux qui le séparaient du lit où reposait le major Carter. Il s'arrêta, pétrifié, devant le spectacle de son second dont le teint grisâtre confirmait les dires absurdes de Jacob. Un silence de plomb s'était fait dans l'infirmerie. Le reniflement d'une infirmière le ramena à la réalité. Il se tourna vers Jacob. "Vous avez bien un sarcophage quelque part Jacob ! Je suis prêt à parier que vous les Tok'Ras nous cachez pas mal de choses très utiles, alors pourquoi pas un sarcophage ?" Jacob fit un signe de dénégation. "Jack, vous savez pertinemment que nous réprouvons l'utilisation des sarcophages Goa'Ulds." Le visage de Jack se déforma sous l'effet de la colère. Il avança vers le Tok'Ra d'un air résolu. "Ne mentez pas Selmak !" cracha-t-il. "C'est votre fille au nom du ciel ! Vous n'avez pas envie de la sauver ?!" Janet tenta de le calmer mais il la repoussa violemment. Teal'c arrivait à la rescousse quand Jacob lui fit signe de ne pas intervenir. "Même si nous avions un sarcophage, Jack, il est trop tard…" essaya-t-il. Mais le colonel O'Neill avait depuis longtemps dépassé le stade où il était encore capable de se calmer. Il saisit le Tok'Ra par ses vêtements et commença à le secouer. "Je suis sûr que tu sais où trouver un sarcophage, salopard de serpent. Et tu vas me le dire…" "Colonel, je vous donne l'ordre de cesser immédiatement. Vous ne ferez pas revenir le major Carter," tonna Hammond. "Respectez au moins sa mémoire." "Quelle mémoire général ?" hurla Jack. "Sauf votre respect, je trouve que vous baissez les bras un peu trop vite. Les Nox peuvent peut-être nous aider… ou les Asgards…" "Jack, c'est trop tard," essaya Daniel à son tour. "Non !!" hurla Jack en lâchant Jacob. Il s'agenouilla à côté de Sam. "Non," murmura-t-il en caressant sa joue. "Le colonel O'Neill a raison," dit soudain Kindra qui était entrée en compagnie du docteur Samantha Carter sans que personne ne les remarque. "Il nous reste une option. Me permettez-vous de tenter de ranimer le major Carter ?" ajouta-t-elle de la voix sans timbre des Goa'Ulds. * Le colonel Jack o'Neill sursauta en entendant la voix du docteur Fraiser. Il lâcha la main de son second avec l'air d'un petit garçon qu'on vient de surprendre les doigts dans un pot de confiture. Il lui lança un petit sourire gêné et baissa les yeux vers le major Carter qui dormait paisiblement. "Des nouvelles," dit-il à voix basse. "Non. Vous aviez raison. Il semblerait que le docteur Carter se soit bel et bien enfuie en empruntant le miroir quantique que nous avions entreposé au SGC sans surveillance. Le général Hammond et Selmak viennent de finir l'interrogatoire du colonel Kawalski. Il n'était apparemment au courant de rien. Il nous demande asile. Je pense que le général va lui accorder." Elle soupira et s'assit au pied du lit. "Dure semaine, n'est-ce pas colonel ?" "Je ne peux pas m'empêcher de penser que c'est par ma faute que le docteur Carter a décidé de supprimer Sam." "Nous ne saurons jamais s'il s'agissait d'un crime passionnel. En tout cas, elle avait commis le crime parfait. Sans le témoignage de Sam, nous n'aurions jamais rien soupçonné." Jack acquiesça et caressa machinalement la main de Sam. "Vous savez comment elle a fait pour vous faire croire à une défaillance cellulaire massive ?" "C'est enfantin colonel. Elles venaient se faire regonfler à l'infirmerie toutes les deux heures. Et elles gardaient une voie ouverte en permanence." "Hé doucement ! Vous oubliez que je ne suis qu'un pauvre colonel de l'USAF docteur," protesta Jack un peu trop fort. Il jeta aussitôt un coup d'œil à Sam. Elle n'avait pas bougé. Rassuré, il reporta son attention sur le docteur. "C'est simple colonel. Je leur administrais des solutions de glucose. Pour éviter d'avoir à les piquer toutes les deux heures, j'avais laissé la perfusion en place." "Oh, vous pouvez faire ça ?" Janet rit doucement. "Bien sûr ! La pratique de la médecine n'est pas synonyme de torture, colonel. Je suppose que le docteur Carter a profité que Sam s'était assoupie au labo pour lui administrer de l'eau." "De l'eau ?" "Oui." "Et ?… Je croyais que notre corps était composé de plus de 70% d'eau, pourquoi est-ce que d'un seul coup ça deviendrait un problème ?" "D'eau salée mon colonel, d'eau salée !" "Ah oui, évidemment ça change beaucoup de choses…" "Vous tenez vraiment à ce que je vous explique ?" "Heu… peut-être…. Un autre jour ?" "C'est entendu, colonel ! Quand vous voulez ! Si vous me permettez, mes autres patients m'attendent." Jack sourit et reprit la main de Sam dans les siennes. Elle allait se réveiller. Bientôt. Il serait là. Janet leva les yeux et vit la silhouette de Teal'c traverser son champ de vision. "Bonsoir Teal'c ! Elles sont pour moi ?" plaisanta-t-elle en désignant le magnifique arrangement floral derrière lequel était presque entièrement dissimulé le Jaffa. "En fait non, docteur Fraiser. Ces fleurs sont destinées au major Carter." "C'était pour rire Teal'c." "Pour rire ?" Le sourcil du Jaffa s'arqua encore plus haut. "Laissez tomber… Posez-le là, je le donnerais à Samantha." "Je serais désireux de voir le major Carter afin de lui apporter mes vœux pour un prompt rétablissement," insista Teal'c. "Je crains que cela ne soit impossible pour l'instant Teal'c, le major se repose," dit Janet en se levant. "Je vois." "Non, vous ne voyez pas. Je vais vous montrer." Janet s'approcha du rideau qui cachait le lit du major et le tira doucement. Dans la pénombre, on voyait deux corps intimement mêlés sur le lit étroit du major. La respiration profonde du colonel O'Neil couvrait les bips des moniteurs. Le visage du major, éclairé par une discrète veilleuse, était radieux. Teal'c hocha la tête. "Je vois," répéta-t-il. "Puis-je vous offrir ces fleurs JanetFraiser ?" FIN |