La petite histoire de Maurice ARRIVÉ 
et de sa descendance


L'ORIGINE DE MAURICE ARRIVÉ

Le patronyme ARRIVÉ devait être assez commun en France au 17ième siècle, particulièrement dans la région du Poitou. Au moins quatre individus de ce nom ont immigré de la France vers le Canada entre la fin des années 1640 et le début des années 1660. Ce sont Maurice, mon ancêtre, probablement en 1648 (ou en 1652 selon certaines sources), Jean qui a engendré la plus nombreuse descendance ARRIVÉ/LARRIVÉ, Pierre, qui s'est établi dans la région de Montréal et qui a eu, lui aussi, beaucoup de descendants, et Jacques dit DELISLE, sieur des CORMIERS, dont les descendants se sont appelés ARRIVÉ, LARRIVÉ et DELISLE. Tous étaient originaires du Poitou mais aucun lien de parenté entre eux n'a jamais pu être établi de façon définitive, quoique certains faits suggèrent que Maurice et Jean devaient être proche parents.

Les parents de Maurice ARRIVÉ se nommaient Lucas et Marguerite MARGAUT. D'après les renseignements obtenus en rapport au premier mariage de Maurice, la famille habitait la paroisse de Savigny (Saligny) au Poitou; mais selon les informations consignées à son second mariage, ils habitaient St-Denis-de-la-Chevasse. Les deux paroisses se situent à peine à 5 km l'une de l'autre, dans l'actuel département de Vendée, à une quinzaine de kilomètres au nord de La Roche-sur-Yon.

La date de la naissance de l'ancêtre Maurice n'est pas bien connue: d'après les recensements de 1666 et 1681, il serait né en 1601, mais le recensement de 1667 lui donne seulement 55 ans, ce qui le ferait naître en 1612. Cette dernière date est plus vraisemblable puisque son dernier enfant est né en vers 1681 alors que Maurice aurait été âgé de 69 ans, et non de 80 ans. Dans l'un ou l'autre des cas, il serait arrivé en Nouvelle-France comme adulte célibataire âgé entre 35 et 50 ans et pratiquant le métier de maître-maçon.



LES DEUX MARIAGES DE MAURICE ARRIVÉ

Maurice ARRIVÉ demeure à Québec lors de son mariage à Jacquette TOURAUDE en août 1654. Cette dernière est la fille de François et de Marthe Noël d'ANGOULÈME et elle est âgée de 43 ans. C'est son troisième mariage. En France, elle a été mariée à Pierre JAROUSSEAU de qui elle a eu au moins une fille, en 1641, du nom de Suzanne. Après la mort de Pierre, la mère et la fille sont venues en Nouvelle France pour rejoindre Françoise, la soeur aînée de Jacquette, qui avait émigré en 1646 avec son mari Jacques ARCHAMBAULT et leurs six enfants.

Peu de temps après son arrivé en 1652, Jacquette TOURAUDE signe un contrat de mariage avec Jacques PRÉVIRAU, un Angoumois comme elle. La cérémonie a été célébrée à Beauport, au Manoir du seigneur Robert Giffard. Mais quelques mois après le mariage, voilà que le marié meurt et que Jacquette devient veuve pour la seconde fois. Elle devait avoir encore passablement d'attraits malgré ses 43 ans. En effet, le célibataire endurci qu'était Maurice ARRIVÉ ne put résister à ses charmes et, le 25 août 1654, le maître-maçon épousait Jacquette TOURAUDE.

Maurice ARRIVÉ et Jacquette TOURAUDE n'ont signé aucun contrat de mariage; ils ont plutôt signé une donation mutuelle devant le notaire Auber le 25 février 1663, puis devant le notaire Paul Vachon le 27 janvier 1666. Aucun enfant n'est né de cette union. Jacquette décédera vers le 21 avril 1670, à l'âge de 59 ans, et sera inhumée à Ste-Famille, Ile d'Orléans. L'inventaire des biens de la communauté sera fait par le notaire Paul Vachon le 26 juillet suivant.

Entre temps, l'ancêtre Maurice, qui n'était déjà plus tout a fait jeune, décide d'unir sans tarder sa destinée à celle de Françoise PÉDENELLE, fille du roi âgée de 23 ans. Son père se nommait Pierre PÉDENEAU et sa mère, Marie BOESTE; ils habitaient Loix, sur l'Ile de Ré, située en face du port de La Rochelle. Le contrat de mariage est passé par-devant le notaire Duquet, le 26 mai 1670, et la cérémonie religieuse, toute simple, a lieu a l'église Ste-Famille de l'Ile d'Orléans le 2 juin suivant.

De cette seconde union, naîtront six enfants: Maurice en 1671, Simon en 1673, François en 1674, Marguerite en 1677, Joseph en 1679 et Antoine vers 1681. Les deux derniers mourront en bas âge, Antoine atteignant toutefois l'âge de 12 ans. Au recensement de 1681, on enregistre la présence de trois fils et d'une fille. Comme biens, Maurice ARRIVÉ possède alors un boeuf et sept arpents de terre à l'Ile d'Orléans; il était presque voisin de Jean ARRIVÉ, vraisemblablement originaire lui aussi du Poitou. Étaient-ils apparentés? Dans son contrat de mariage rédigé par le notaire P. Vachon, le 5 février 1671, Jean se dit cousin de Suzanne JAROUSSEL, la fille de Jacquette TOURAUDE, la première épouse de Maurice.


ACTIVITÉS DE MAURICE ARRIVÉ

Les archives montrent que mon ancêtre Maurice a conclu de nombreuses ententes ou marchés dans la région de Québec. La plupart de ces transactions ont rapport à des ventes ou à des concessions de terrains, des contrats pour des travaux de construction, des reconnaissances et des quittances de dettes, etc. Ces activités ont débuté peu de temps après son arrivée en Nouvelle-France. En novembre 1649, il conclut un marché avec Pierre TOURMENTE et Jean BOURBON, et en 1650 avec Antoine MARTIN dit MONTPELLIER. Dans les deux cas, il s'agit de propriétés foncières et de travaux de maçonnerie.

Plusieurs actes notariés révèlent qu'il a passé d'autres contrats pour l'achat ou la concession de terrains à Québec et a Sillery avant de se fixer définitivement dans la paroisse Ste-Famille à l'Ile d'Orléans en 1656. Le 2 avril de cette même année, M. Charles de LAUZON lui concède une terre de trois arpents et six perches dans sa seigneurie de Lirec, qui recouvre aujourd'hui les paroisses de Ste-Famille et de St-Pierre. Au recensement de 1666, il est installé à l'Ile d'Orléans avec sa femme Jacquette TOURAUDE et a deux engagés: Jean ROGER qui est maçon comme lui, et un dénommé Julien. À celui de 1667 il se dit fermier de madame d'AILLEBOUST; il possède douze arpents de terre et cinq bestiaux.

Maurice ARRIVÉ semble avoir possédé deux terres a l'Ile d'Orléans: la première, celle qu'il a obtenue de M. Charles de LAUZON, se trouve à peine à un mille à l'est de l'église Ste-Famille, sur les lots 73 et 74 et en partie sur les lots 75, 78, 79 et 81 du cadastre actuel; au Rapport de l'Archiviste pour 1949-50-51, c'est la terre no 23. La seconde est située à deux milles plus a l'est, sur les lots actuels 19 à 24; c'est la terre no 6. Il vend une partie de la terre no 23 à David ASSELIN le 13 mars 1666 par-devant le notaire Paul Vachon et une autre partie de la même terre a Simon LEREAU, le 24 juin 1667, par-devant le notaire Duquet.

Le 30 novembre 1668, il achète une terre de Jean CHARPENTIER, probablement la terre no 6 (notaire P. Vachon), et le 22 octobre 1671, il vend une partie de cette terre à Symphorien ROUSSEAU et donne l'autre moitié aux enfants de Jacquette TOURAUDE (Paul Vachon). Le 18 août 1679, devant le même notaire, il donne quittance a Symphorien ROUSSEAU pour la terre qu'il lui a vendue en 1671.

Avant sa mort, survenue le 27 août 1687, à St-François, Ile d'Orléans, Maurice ARRIVÉ conclut encore quelques marchés avec Joseph BONNEAU dit LA BÉCASSE, Louis ROUER, sieur de Villeray, Abraham MÉTHOT, Ange GRIGNON et Jean LEROUGE, soit devant le notaire Gilles Rageot, les 18 octobre 1682, 2 octobre 1684 et 20 octobre 1684, soit devant le notaire Genaple, le 24 octobre 1683.

Somme toute, l'ancêtre Maurice ARRIVÉ a eu une vie bien remplie en Canada. Il fut très actif jusqu'à la fin de sa vie qui fut passablement longue pour l'époque puisqu'il meurt âgé d'au moins 74 ans. Son épouse, Françoise PÉDENELLE, lui survivra pendant 19 ans; elle décède en 1706, le 8 juillet, et est inhumée à St-François, Ile d'Orléans.

 


LA DESCENDANCE DE MAURICE ARRIVÉ

Le fils aîné de l'ancêtre Maurice ARRIVÉ a reçu le prénom de son père. Il a été baptisé à la paroisse Ste-Famille, Ile d'Orléans, le 14 mars 1671 et s'est marié en 1709 à l'âge de 38 ans, à Anne LAISNÉ dit LALIBERTÉ, fille de Bernard et d'Anne DIONNE. Ils ont eu six enfants: deux garçons morts en bas âge et quatre filles dont trois se marieront. Il décède en 1733, à l'âge de 62 ans; il est inhumé dans la paroisse St-François, Ile d'Orléans. Maurice ne laissera donc pas de descendance portant le patronyme ARRIVÉ.

Le deuxième fils de l'ancêtre Maurice, Simon, est né le 23 décembre 1672; il a été baptisé à la paroisse St-François, Ile d'Orléans, le 3 février 1673. Il se marie en 1709, la même année que son frère aîné. Son épouse, Catherine GARANT, est une jeune veuve âgée de 25 ans. Le notaire Chamballon rédige leur contrat de mariage le 17 juillet, soit 12 jours avant la célébration religieuse. Nous lui connaissons deux enfants, Geneviève qui sera la première ARRIVÉ/LARRIVÉ à célébrer un mariage en dehors de la région de Québec, soit à La Visitation de Champlain, en 1730, et Jean-Louis, né le 20 juin 1715, trois mois après la mort de son père. Ce dernier unira sa destinée a celle de Marguerite DENIS/DANY en 1751, bien loin de l'Ile d'Orléans, soit à Fort St-Frédéric, au sud du Lac Champlain. Il ne laissera aucune descendance connue.

La tâche d'assurer la descendance sera assumée par le troisième fils de Maurice ARRIVÉ, François, né le 25 décembre 1674 et baptisé le 29 à Ste-Famille, Ile d'Orléans. De Marie-Madeleine LAISNÉ dit LALIBERTÉ (la soeur d'Anne), qu'il épouse la veille de Noël de l'an 1703, naîtront huit enfants dont un garçon, Louis-François, qui demeurera célibataire toute sa vie et décédera a l'âge de 82 ans, et trois autres, François, Jean-Baptiste et Joseph, qui auront eux-mêmes des enfants portant le nom de LARRIVÉ. Cependant, seul François, fils de François et petit fils de l'ancêtre Maurice, aura des garçons, Jean et Joseph-Louis, qui contribueront à perpétuer la famille des LARRIVÉ dit MAURICE. (C'est ainsi qu'on a pris l'habitude de nommer les descendants de l'ancêtre Maurice ARRIVÉ, probablement pour les distinguer des descendants de Jean ARRIVÉ lorsque les deux familles commencèrent a se propager sur la rive sud du St-Laurent, d'abord en face de l'Ile d'Orléans et ensuite bien au-delà.)

Un bon nombre des descendants de Maurice ARRIVÉ se sont établis dans le comté de Bellechasse, surtout à St-Gervais et à St-Magloire. À la cinquième génération, Joseph LARRIVÉ dit MAURICE s'éloigne de ses frères et de ses soeurs et va contracter mariage à Ste-Geneviève-de-Batiscan, avec une femme de cette paroisse, Marguerite MASSICOT. Ma famille descend de cette lignée.

Un des deux fils de Joseph qui ont atteint l'âge adulte, Siffroy, après s'être marié à Marie SAUVAGEAU, à La Visitation de Champlain, en 1837, ira travailler comme bûcheron à Ste-Flore dans la région trifluvienne. Plus tard lui et sa famille s'installeront en permanence aux Piles (St-Jacques), en bordure de la rivière St-Maurice, où naîtront Joseph, Abraham, Alfred Siffroy, Basile et Napoléon de qui descendent la quasi totalité des familles LARIVÉ/LARRIVÉE habitant la Mauricie dans la première moitié du XXe siècle.

L'autre fils de Joseph, Abraham, a participé avec plusieurs autres citoyens de Batiscan à la grande migration des années 1840 et 1850 vers les rives de la Baie Georgienne en Ontario. Cette vague est le résultat de plusieurs années de mauvaises récoltes dans les régions de Québec et Trois-Rivières. On croît qu'Abraham, lui-même cultivateur, aurait déménagé sa famille en 1852 ou 1853. Le transport se faisait par train jusqu'à Barrie et de là, à pied une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Lafontaine où on pouvait acheter des terres à bon marché.

L'épouse d'Abraham, Flavie MARCHILDON, qui est venue à Lafontaine avec deux de ses soeurs et trois de ses frères, est décédée en 1855 après avoir donné naissance à six enfants, dont mon arrière-grandpère Joseph. En 1856, Abraham s'est remarié à Marie-Apolline TROTTIER avec laquelle il a eu deux garçons et une fille. C'est à Lafontaine qu'Abraham et ses descendants ont définitivement adopté le patronyme MAURICE.

Les descendants d'Abraham MAURICE se sont multipliés en Huronie et ailleurs dans le nord de l'Ontario et en Abitibi. Deux des filles d'Abraham et Flavie ont marié des LAFRENIÈRE et sont allées s'établir, une (Marie) dans la région de St-Léon au Manitoba et l'autre (Olive) au Minnesota.

Le patronyme MAURICE au Canada n'est pas restreint à la descendance de Maurice ARRIVÉ. En effet, un dénommé Claude MAURICE DIT LAFANTAISIE, soldat de la compagnie de LaGrois a épousé une Madeleine DUMOUCHEL en 1699 à Montréal. Ils ont laissé une descendance nombreuse qui s'est propagée surtout dans la région de Montréal et dans la vallée de l'Outaouais.


NOTE SUR UNE DES SOURCES D'INFORMATION

Le récit historique que vous venez de lire est une adaptation d'un article de mon père, Ovide D. MAURICE, qui a paru dans le numéro de décembre 1979 du bulletin de la société généalogique de Québec, L'Ancêtre, et d'une version révisée et amplifiée de cet article qui introduit un des chapitres de l'ouvrage d'Alfred LARIVÉE, F.I.C. intitulé Descendances de 4 Larrivé en Amérique (1994, 390 pages).

Cet article ainsi que la plupart des données généalogiques présentées à ce site sont le fruit de toute une vie de recherches méticuleuses effectuées par mon père. Toujours avec une soif insatiable pour de l'information, il a passé la majeure partie de ses heures libres dans des bibliothèques, surtout celles de la région de Québec où il habitait avant son décès survenu le 27 juillet 1989. Il a consulté à peu près toutes les archives disponibles pour le Québec et l'Ontario. Il aurait tant aimé voir son travail sur le Web.

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dernières modifications: 30 Oct 2004