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Bilan et contre-bilan

Gilles Dauvé

An edited version of this text was published in Libertaires et « Ultra-Gauche » Contre le Négationnisme published by Editions Reflex (Paris) Juin 1996. That was the version we first put on-line. At the authors suggestion we have replaced it with the longer original version.


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Autoliquidation

Ultra-gauche et droite ultra, les extrêmes se touchent... ironise le juste milieu. Voyez plutôt :

Pierre Guillaume, la Guerre Sociale, Ajax ( un des rédacteurs de Négation en 1972-73 ), la Jeune Taupe, l'ex-animateur du Frondeur... ont fait un bout de chemin avec l'antisémitisme, certains même la randonnée entière, et la Vieille Taupe, librairie et groupe informel de 65 à 73, a ressuscité en 1980 comme maison d'édition et centre du révisionnisme en France.

Pour les adversaires naturels de l'ultra-gauche, staliniens, socio-démocrates et démocrates demi-informés parce que mal intentionnés, une si retentissante faillite prouve sa tare originelle. Ne juge-t-on pas l'arbre ( de la connaissance ) à ses fruits ?

D'abord une question de vocabulaire. Autrefois l'ultra-gauche ne se nommait pas ultra-gauche, mais « communiste », sans plus. Aucune appellation ne recouvrait ceux qui étaient issus et s'inspiraient des gauches dites allemande et italienne, et de l'IS, et le terme « ultra-gauche » n'a circulé que depuis la dérive révisionniste d'une partie de ses groupes, quand observateurs et journalistes voulurent une étiquette pour ces lointains successeurs des communistes hérétiques attaqués par Lénine en 1920 dans la Maladie infantile.

Même si c'est approximatif, même si ça fait hurler, même si Bordiga écrivit sur le tard un texte défendant la Maladie infantile, on peut qualifier d'ultra-gauche ce qui se réclame de la révolution, est anti-parlementaire et anti-syndical, et ce dans une perspective « marxiste » ( non anarchiste ). Socialisme ou barbarie ( 1949-65 ) le fut en son temps. Ce courant a toujours considéré les pays « socialistes » comme capitalistes, la révolution comme destruction de l'Etat, et le communisme comme débarrassé du salariat et de l'argent. Il partage avec l'anarchisme l'insistance sur l'autonomie de l'action prolétarienne par rapport aux appareils politiques et syndicaux, mais s'en distingue en insistant plus sur les rapports de classe que sur l'individu. A gauche des gauchistes, donc. A côté des anarchistes.

Si ce qui a été fait et dit autrefois par cette ultra-gauche était caduc, son destin aurait autant d'intérêt que celui de la secte des Davidiens. Mais l'ambition de contribuer à un monde sans Etat ni salariat suscite encore assez d'énergie pour inciter à en dresser le bilan.

L'ennemi de tout s'expose-t-il à niveler la réalité et à accepter un jour... n'importe quoi ?


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