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Un Monde Sans Argent : Le Communisme
III. Fin De La Propriété



TRANSFORMATION DES PRODUITS

Les marchandises proposées sur le marché forment un ensemble extrêmement hiérarchisé. Il n'y a pas une ou quelques marchandises pour un besoin donné, il y en a une multitude de même marque ou de marques concurrentes. Il s'agit bien sûr de satisfaire le public et de répondre à la variété de ses besoins. Le client doit avoir le choix ! En fait il n'a que le choix que lui permettant ses moyens financiers et sa fonction sociale. De nombreuses marchandises répondent à un même besoin mais se distinguent par la qualité et par le priv. C'est le cas par exemple des casseroles. Différents produits peuvent correspondre à des usages différents. Seulement ces usages différents ne sont pas à la portée des mêmes individus. Ce ne sont pas les mêmes qui vont régler leurs affaires en avion supersonique et en bicyclette.

Cette hiérarchisation et différentiation des marchandises est le reflet de la concurrence des groupes et de l'extrême inégalité des salaires et des conditions d'existence dans le monde capitaliste. Elle imprime sa marque sur le développement industriel. Les besoins des riches jouent un rôle de guide. Des biens comme l'automobile perdent une grande partie de leur qualité d'usage quand ils cessent d'être le privilège d'une minorité pour devenir la propriété de tout le monde.

Le communisme ne se propose pas d'habiller tous les individus du même uniforme et de les nourrir du même brouet. fais il en finira avec cette néfaste diversification et hiérarchisation des produits. Ler biens nouveaux et encore peu nombreux seront utilisée d'abord collectivement ou bien par les premiers venus.

Dans le domaine de l'habillement l'on peut imaginer que d'une part on produira un nombre réduit, mais suffisant pour couvrir toutes les tailles et tous les usages habituels, de vêtements de qualité. Ils seront produits massivement et de la façon la plus automatique possible. A côté on pourra ouvrir des ateliers où machines et tissus seront à la disposition de ceux qui voudront fabriquer pour eux-mêmes ou pour leurs amis des vêtements différents.

La fameuse liberté du consommateur ne trouve pas ses seules limites dans le nombre de ses écus. On peut payer cher et outre floué sur la qualité. Quand on n'a pas beaucoup d'argent on est pratiquement sûr de se voir refiler de la camelote. Tromperie et marchandise vont de pair. Il n'y a pas loin du commerçant au filou. Il importe que l'avantage soit apparent et il importe peu qu'il ne soit qu'apparent. Ce qui dépendait de la malice du marchand le capital en fait pratiquement une règle permanente. Il produit lui-même la marchandise. Il peut donc agir pour mettre l'accent sur son image plutôt que sur sa qualité réelle. On en est arrivé à un point où des ingénieurs calculent et déterminent la dégradation nécessaire des objets. Il ne faut pas encombrer le marché avec des produits qui dureraient trop longtemps !

Par ailleurs plus un capital tourne vite, plus vite il reprend la forme argent pour la reperdre à nouveau en redevenant marchandise concrète, plus il rapporte. Il se réinvestit additionné d'un profit. Cette tendance du capital l'entraîne à condamner les réserves improductives. Tout doit circuler vite. Même ses investissements en bâtiments et en machines doivent être amortis le plus vite possible : ils représentent de l'argent immobilisé. Le capitaliste sacrifie les possibilités de la technique sur l'autel de la finance. Il investit à court terme plutôt qu'à long terme. On rogne sur la qualité et on élève le coût des produits parce que l'on a rogné sur les investissements en moyens de production. On préfère un renouvellement rapide et un changement superficiel des gammes de produits à des modifications technologiques en profondeur de l'appareil productif. Le progrès technique se réalise, l'histoire du capitalisme en témoigne, mais il le fait à travers des soubresauts économiques et un gâchis énorme.

Lorsque les produits de l'activité humaine ne prendront plus la forme de capital il n'y aura pas de raison de ne pas constituer des réserves. Elles assureront notre sécurité et assoupliront les impératifs de la production et des transports en jouant le rôle de tampon. A moins d'être imposée par la nature même des produits la nécessité de se presser sans cesse disparaîtra. Il sera possible de faire des projets à long terne et de rassembler les forces pour des investissements importants et de longue durée. La technique sera orientée de façon à permettre la fabrication d'objets durables.

Aujourd'hui les frais de circulation des marchandises sont devenus de plus en plus importants et souvent l'emportent sur les frais de production proprement dits. Par frais de circulation il ne faut pas entendre simplement le coût du transport mais aussi celui de l'emballage, du marketing, de la publicité... Une grande partie de ces frais ne dépend pas de la nature ou du lieu d'utilisation du produit. Elle est promotion de la marchandise en tant que marchandise. Elle disparaîtra.

Même pour les frais de transport proprement dits de sérieuses économies seront possibles. La séparation de plus en plus accentuée entre les lieux de production et de consommation n'est pas étrangère à la nature capitaliste du système. L'acheminement des denrées sera simplifié. La multiplicité des entreprises et des intermédiaires disparaîtra.

Les frais qui tiennent à la nécessité de contrôler et de surveiller ce qui peut être volé, tout ce qui s'attache au paiement n'aura plus de raison d'être.

Dans ce monde nouveau l'homme n'aura pas sans cesse à payer et à rendre des comptes pour se nourrir, se déplacer, s'amuser. Il en perdra vite l'habitude. De là naîtra le sentiment d'être véritablement libre. Il se sentira partout chez lui. N'étant pas sans cesse contrôlé il ne sera pas tenté d'abuser. Pourquoi chercher à mentir ou à faire des réserves cachées quand l'on est sûr de pouvoir se rassasier.

Peu à peu le sentiment de propriété disparaîtra. Rétrospectivement il apparaîtra quelque peu bizarre et mesquin. Pourquoi s'accrocher à un objet ou à une personne quand c'est l'univers entier qui est à vous ?

L'homme nouveau se rapprochera de son ancêtre chasseur collecteur qui faisait confiance à une nature fournissant gratuitement et souvent abondamment de quoi vivre, qui ne se souciait pas d'un lendemain sur lequel de toute façon il n'avait pas prise. L'homme de demain aura pour nature le monde qu'il aura façonné, l' abondance naîtra de ses propres mains. Il sera sûr de lui car il aura confiance en sa force et connaîtra ses limites. Il sera insouciant parce qu'il saura que demain lui appartient. La mort ? Elle existe. Mais il ne convient pas de pleurer sur ce qui relève de la nécessité. Ce qui importe c'est de pouvoir savourer l'instant.



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