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Jacques Bernier


JACQUES BERNIER, DIT JEAN DE PARIS
 
Text tiré de la Collection Nos Ancêtres, (23) par Gérald Lebel, C.Ss. R.

Selon Albert Dauzat, le patronyme Bernier possède des racines gemaniques: bern et hari singnifiant ours et armée. Comprenne qui peut! Un vieil auteur y voit le nom d'un serviteur qui avait la garde des chiens dnas la chasse aux ours ...

Plusieurs Bernier sont venus en Nouvelle-France, dont André, originaire de Niort, époux de Jeanne-Bourret en 1693, et le vendéen Jacques, natif de Fontenay-le-Compte. Mais le premier à la ligne d'arrivée et par la descendance fut Jacques Bernier, surnommé Jean de Paris.

Jacques Bernier naquit dans la ville-lumière, Paris, vers 1635. Le fils de Yves Bernier et de Michelle Trevillet ou Treuilet se disait de la paroisse de Saint-Germain-l'Auxerrois, deuxième église de la ville après Notre-Dame et située sur la rive droite de la Seine, au coeur de la métropole actuelle. Jacques avait fréquenté l'école puisqu'il savait compter et signer. L'on se demande même si par héritage ou autrement il n'arriva pas ici avec quelqu'ar- gent. Par la suite de sa vie, l'on sait d'une façon certaine qu'il avait en poche le sens des affaires et la débrouillardise.

Québec

Pourquoi Jacques a-t-il quitté sa ville natale? Quel bateau emprunta-t-il pour traverser l'Atlantique? Qui le reçut dans la colonie? Questions restées snas réponse jusqu'à aujourd'hui.

Jaques Bernier, dit Jean de Paris, était certainement en Nouvelle-France en 1652. En effet, le 3 mars 1653, à Québec, par-devant le notaire Guillaume Au- douart, il apposait sa signature comme témoin au contrat de mariage de Nicolas Gaudry, dit Bourbonnière, et d'Agnès Morin, fille de Noël et de Hélène Desportes. Jacques travaillait-il pour le compte de la famille Morin vivant à la Côté Saint-Jean et Saint-Francois de Québec? N'était-il pas plutôt à la solde de Jean de Lauzon, gouverneur originaire de Paris, arrivé ici le 13 octobre 1651? Mystère! Après trois ans d'apprentissage du pays, Jacques fut pris d'un rhume de coeur sévère. Le 23 juillet 1656, il unissait sa vie à une parisienne Antoinette Grenier, née de Claude Grenier et de Catherine le nom de la famille a été omis. La surprise s'amplifie lorsque l'on apprend que le mariage avait été fait avec une dispense de tous les bans pour raisons et causes légitimes et au logis du Gouverneur en présence de Messire Jean de Lauzon, gouverneur, et du Sieur d'Auteuil . Le père jésuite Jérôme Lalemant était l'officiant. Pourquoi au logis du gouverneur? Antoinette Grenier, 16 ans environ, était-elle servante à l'hôtel de Jean de Lauzon? Ou chez Denis-Joseph, sieur d'Auteuil, puissant personnage originaire de Saint-Eustache de Paris? Antoinette était-elle simplement nouvelle arrivante? Etait-ce Jean de Paris qui avait l'oreille bienveillante des autorités? Autant de problèmes demeurés insolubles jusqu'à nos jours.

Ile d'Orléans

Après leurs noces, Jacques et Antoinette allèrent vivre à l'Ile d'Orléans, pointe ouest, côté sud; non loin de la bourgade des Hurons qui avaient été chassés de ces lieux par les Iroquois au printemps 1656.

Le 7 novembre 1657, Jacques Bernier par-devant le notaire Peuvret promet payer. pour éviter dispute, à Éléonore de Grandmaison 50 livres le 26 décembre venant et 100 autres reparties sur 4 ans. Donc, les 50 premières livres paient les arrérages dus à la seigneuresse pour le fermage passé, preuve que l'ancêtre vivait à l'île depuis 1655.

Jacques Gourdeau, sieur de Beaulieu, époux d'Éléonore, concède le 19 mars 1659 à l'ancêtre Bernier une autre terre voisine de l'ancêtre Gabriel Gosselin. Le 8 novembre 1661, autre acquistion d'un arpent de front pour agrandir son domaine. De plus, le 20 août 1662, Jacques renouvelle son bail signé le 7 novembre 1657. Et, le 15 février 1664, les frères Jean et Nicolas Juchereau accordent 2 arpents de terre de front dans la seigneurie de la Chevalerie, entre Nicolas Godbout et Clément Ruel, dans la future paroisse de Saint-Pierre. L'épreuve vint visiter les Bernier. Leur 4e enfant, Charles, âgé de plus d'un an, souffrait d'une descente , une hernie qui le faisait beaucoup souffrir. En 1665, les parents vinrent avec leur enfant à l'église de Saint-Anne du Petit-Cap, pour le recommander à la grande thaumaturge. Leur demande fut exaucée. Ils enlevèrent son bandage . . . et depuis ce temps a esté parfaitement guéri .

Le 19 juillet 1667, Jacques prend à ferme pour 5 autres années la terre de Marguerite Chavigny. Andre Metayer, le 5 octobre de la même année, lui vend 2 arpents de front de terre pour le prix de 40 livres et, le 14 novembre, Jacques achète une autre terre de même dimension que la première. Clément Ruel reçut 300 livres comme prix de sa vente.

Ainsi en l'espace de 10 ans, Jacques Bernier était devenu un propriétaire terrien important à l'île d'Orléans. Le recensement de 1667 rapporte qu'il possède 25 arpents de terre en culture, 8 bêtes à cornes; même 3 domestiques sont à son service: Gilles Gaudreau, Pierre Neveu et Guillaume Ferté. La famille Bernier est-elle à son apogée?

Changement de cap

Jacques Bernier était devenu un proprietaire terrien important à la pointe ouest de l'île d'Orléans. Mais voici qu'un jour il se met dans la tête de liquider toutes ses propriétés. Et pourquoi donc?

Le 9 février 1670, il retrocède à Clement Ruel la terre qu'il lui avait achetée le 14 novembre 1664. Puis, le 6 mars 1673, il vend à Jean Leclerc les 2 arpents de front reçus des frères Juchereau le 15 février 1664. L'année suivante, les choses se précipitent. Gabriel Gosselin, le 28 avril 1674, acquiert 2 autres terres de Jacques faisant ensemble 3 arpents en largeur. L'acquereur déboursa 100 livres. Enfin, le 24 octobre, Jacques liquide en faveur de Guillaume Lelièvre la terre achetée de Jacques Cailhaut le 5 octobre 1667, ainsi qu'un emplacement avec grange et maison.

Mais, ce n'est que le 11 juillet 1682 que Jacques remettra à Éléonore de Grandmaison une autre terre de l'île, concession obtenue de vive voix, semble-t- il.

Les Bernier avaient-ils fait voeu de pauvreté? Pourquoi ce dépouillement? Ils semblaient si heureux à la pointe de l'île, face à la capitale du pays.

Cap-Saint-Ignace

C'est l'amitié qui forca Jacques et sa famille à transporter un jour leurs pénates au Cap-Saint-Ignace et voici comment.

L'intendant Jean Talon, avant de quitter la Nouvelle-France, avait distribué généreusement toute une série de seigneries. Diviser le territoire, le mettre entre des mains intéressées et responsables, c'était le protéger et développer la Colonie. Le 3 novembre 1672, il concédait à Geneviève de Chavigny 1 lieue de terre de front sur autant de profondeur au Cap-Saint-Ignace. Or, Geneviève de Chavigny, veuve de Joseph Amyot depuis le 10 decembre 1669, était la fille d'Éléonore de Grandmaison, protectrice des Bernier. Jacques Bernier, sans doute à la demande de la mère et de la fille, toutes deux seigneuresses, fut le premier censitaire à prendre possession d'une terre au Cap-Saint-Ignace. Le 5 février 1673, il reçoit à cet endroit 9 arpents de front de terre sur 40 de profondeur. C'était en une seule fois plus qu'il avait possédé à l'île en une douzaine d'années. Et quelle bonne terre à exploiter avec sur la devanture un fleuve rempli de poissons et dans les terres un gibier à plume et à poil abondant!

Au printemps de 1674, le 28 avril, les Bernier vivaient encore à l'île d'Orléans. Mais, le 23 octobre, lorsque Jacques fit affaire avec Guillaume Lelièvre, le notaire Gilles Rageot le qualifia d'habitant du Cap-Saint-Ignace. Trois ans plus tard, Bernier avait déjà repris sa vitesse de croisière d'homme d'affaires. Pour transporter son bois à Québec, il avait acheté de Paul de Rainville un petit bateau. Prix: 120 livres. Par un compte établi avec Jean LePicard, de Québec, le 11 novembre 1680, l'on sait que Jacques avait transporté de la planche de pin; il devait à son marchand 151 livres 18 sols.

Au recensement de 1681, Jacques Bernier, Antoinette Grenier et leurs 10 enfants possèdent 1 fusil, 8 bêtes à cornes et 10 arpents en culture. Jean Couillard, mari de Geneviève de Chavigny, et Nicolas Bouchard sont leurs dignes voisins.

Maison-chapelle

Comme les Bernier furent les premiers à s'établir au Cap-Saint-Ignace, il était normal que leur maison servit de chapelle aux missionnaires de passage. Dans les premiers temps, les missionnaires disaient la messe et faisaient les fonctions curiales dans la maison de Jacques Bernier. . . . Cette maison, écrit l'abbé Sirois, était située au bord du fleuve . L'abbé Thomas Morel ouvrit le premier registre le 6 février 1682 par l'inscription de l'acte de sépulture de Jean-Francois Bélanger, 34 ans. Avant cette date, les actes étaient inscrits là où le prêtre le pouvait.

La premiere chapelle fut construite à l'été de 1683, sur la terre de Nicolas Gamache. Cette mission eut droit au titre de paroisse le 23 janvier 1701 seule- ment, Jacques Bernier assista a cette cérémonie de l'érection canonique. Cette première église fut construite par Joseph Caron (1652-1711), mari d'Elisabeth Bernier, fille de l'ancêtre.

Seigneur

En 1672, l'intendant Talon avait concédé les seigneuries de Vincelotte, Gamache, Gagne et Fournier. Ce dernier, le 3 novembre 1672, avait recu 30 arpents de terre de front sur 2 lieues de profondeur. Guillaume Fournier vendit son fief de la Pointe-aux-Foins ou Saint-Joseph à Jacques Bernier, habitant de la seigneurie de Vincelotte, pour la somme plutôt minime de 260 livres. Le nouveau seigneur en fit glisser immédiatement 230 dans les mains du vendeur et promit faire apparaître les 30 autres restantes à la Saint-Jean prochaine. Le notaire Pierre Duquet parafa ce contrat le 27 octobre 1684. Jacques Bernier signa; Guillaume Fournier ne sut pas le faire.

L'ancêtre Jacques Bernier fut seigneur, mais il ne fit pas bâtir château dans sa seigneurie ou la forêt, les bêtes et les fleurs sauvages jouissaient de la liberté depuis des millenaires. Il continua d'être actif sur sa terre située dans le territoire de Geneviève de Chavigny. Sa seigneurie, c'était le gâteau à distribuer à ses fils comme nous le verrons plus bas.
 

La bernière

Entre 1657 et 1678, la bernière vit apparaître onze fois les rayons de la vie dans le berceau familial: Noëlle, Pierre, Marie-Michelle, Charles, Jacques, Jean-Baptiste, Elisabeth, Geneviève, Philippe, Ignace et Antoinette. Les Bernier avaient une dette de reconnaissance envers les Morin. L'ancêtre Noël Morin et sa fille Louise furent appelés à parrainer leur ainée Noëlle. Hélas! ce premier fleuron de l'amour Grenier-Bernier fut mis en terre de Québec, à l'âge de 8 ans, le 27 avril 1666. Le missionnaire Thomas Morel baptisa Jacques Bernier le 13 novembre 1664; il inscrivit l'acte dans le registre de Château-Richer. Ce cinquième enfant de la bernière décéda après 1681. Ignace fut aussi baptisé par l'abbé Morel au Cap-Saint-Ignace, le 23 avril 1675. Le curé Henri de Bernières transcrivit l'acte dans le registre de Notre-Dame de Québec. Ignace ne survécut que l'espace de 3 ans. Enfin, la cadette Antoinette n'eut que le seul honneur d'avoir son prénom mentionne au recensement de 1681. L'ainée des 7 survivants Bernier reçut son prénom de Pierre Maufet, son parrain, le 26 janvier 1659. Anne Gasnier, femme de Jean Bourdon, fut sa marrai- ne. De toutes manières, Pierre grandit normalement et épousa à Montmagny,le 21 février 1689, Francoise Boulet, plus tard devenue sage-femme. Le couple reçut 13 convives à sa table. Le 21 juin 1691, il prenait possession de 10 arpents de front de terre de la seigneurie Saint-Joseph ou la Pointe-aux-Foins appartenant à Jacques. A la mort de son père. Pierre devint le premier seigneur de la deuxième génération en 1713.

La filleule de Madelaine Chavigny, Marie-Michelle, épousa le 19 février 1678, au Cap-Saint-Ignace, Pierre Caron, fils des ancêtres Robert et Marie Crevet. Huit enfants leur furent donnés.

Charles, le miraculé de sainte Anne, devint l'époux de Marie-Anne Lemieux, le 25 octobre 1694, et père de 13 enfants. Il hérita avec ses frères Jean- Baptiste et Philippe, le 15 octobre 1695, de 17 arpents de terre à partager également. Sa sépulture eut lieu au Cap-Saint-Ignace, le 28 mars 1731. Quant à Jean-Baptiste, parraine par le notaire Jean-Baptiste Peuvret et Marguerite de Chavigny le 30 août 1666, à Sainte-Famille, il épousa à Sainte-Anne du Petit-Cap Geneviève Caron. Il éleva une famille de 10 rejetons. Il était navigateur. Il expira le 7 septembre 1715, à l'Hôtel-Dieu de Québec.

Philippe Bernier fréquenta la soeur de l'épouse de son frère Jean- Baptiste, Ursula Caron, fille de Jean et de Marguerite Gagnon. Mariage à Sainte- Anne du Petit-Cap également. Dix enfants. C'est au Cap-Saint-Ignace, le 5 janvier 1750, que Philippe fut mis en terre. Il avait 86 ans accomplis. Ainsi la bernière de la deuxième génération présenta 74 descendants à la troisième, une belle gerbe de vies.
 

Vieillesse heureuse

Jacques et Antoinette semblent avoir vécu une vieillesse heureuse, au milieu d'une certaine aisance. De leur vivant, ils connurent la majorité de leurs petits-enfants. Leurs garçons et leur filles les entourèrent de leur affection. Le seigneur Bernier, habitant de Vincelotte, le 4 octobre 1697, concède 2 arpents de terre restants à Jacques Miville, habitant de la seigneurie de Saint-Joseph. Cependant, les ans ont toujours raison des hommes et des chênes. A l'âge de 76 ans, Jacques Bernier, bien caduc , et Antoinette Grenier, sa femme, donnent un terrain en faveur de leur fils Charles, qui avec son épouse ont depuis 19 ans secouru et soigne les dits donateurs . Le même jour 16 août 1712, ils vendent à leur fils Charles un autre terrain. Le curé Yves LeRiche, Jacques Bernier et Jean Fournier signent cette vente avec le notaire Abel Michon. Ce dernier dépouillement consacrait leur entière liberté devant la précarité des biens d'ici-bas.

En compagnie du soleil à son meilleur, le 20 juillet 1713, Jacques quittait les siens pour toujours. Le lendemain, sa dépouille mortelle fut mise dans le cimetière du Cap-Saint-Ignace, devant toute sa famille endeuillée. Le prêtre récollet Yve Godard n'ajouta dans le registre que cette simple mention: 80 ans. Antoinette Grenier, sa fidèle compagne, l'avait précédé depuis le 17 février précédent. Seigneur et seigneuresse voyaient désormais le premier Seigneur, face à face.

Les Berniers du Cap-Saint-Igance se sont répandus dans tout le pays et même au-dela des frontières.

Parmi les descendant de marque, qu'il me suffice de rappeler le nom du capitaine Joseph-Elzéar Bernier (1852-1934) navigateur du vaisseau l'Artic, guide des expéditions maritimes dans l'Arctique entre 1904 et 1911, représentant du Canada pour prendre possession des territoires du Grand Nord canadien. En 1909, le 1er juillet, le Canada fit ériger une croix et apposer une plaque sur l'île de Meville, le point le plus reculé exploré jusqu'alors.

A l'âge de 17 ans, Joseph-Elzéar, avec un brigantin construit par son père, devint le plus jeune capitaine au long cours de l'histoire canadienne. Le capitaine Bernier, greffé sur la 6e génération par ses père et mère Thomas et Célina Paradis, est descendant des ancêtres Jacques et Antoinette. La rivière des générations suit son cours; ses eaux emporteront toujours avec elles la mémoire de sa source.

 



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