Ce que tout chaton devrait savoir...


Quand j'étais une toute petite chatte, ma mère fut renversée par une voiture. Je me retrouvai seule au monde. Heureusement pour moi, j'étais éveillée et capable de me débrouiller.

La première semaine, seule dans la campagne, je me nourris d'insectes. Mais, on devient vite fatigué de ces sales petites bêtes. Aussi, je décidai d'adopter une famille et de devenir une chatte domestique. Laissez-moi vous raconter, vous les jeunes chatons, comment cela s'est passé.

Quittant les bois, je trouve soudain une jolie maison blanche avec un beau jardin et beaucoup d'arbres. “Celle-ci peut aller”, me dis-je.

Je regarde par la fenêtre de derrière. Un homme et sa femme prenaient leur petit déjeuner dans la salle à manger. Ils ressemblaient à la sorte de gens que je voulais adopter. Alors, je saute dans le moustiquaire de la porte. Je m'accroche au moustiquaire et je miaule tristement.

Qui peut résister à de tels miaulements ? Pas la femme ! Aussi, elle vient à la porte immédiatement.

“La pauvre petite bête, s'écrie-t-elle. Elle veut entrer. Peut-être a-t-elle faim ? Je vais lui donner du lait chaud.”

Tout ce dont j'avais besoin, c'était de mettre une patte dans la maison. Mais ça n'allait pas être facile. Vous ne connaissez pas les hommes !  “Je hais les chats ! grogne-t-il. Et je n'en veux pas dans la maison ! Si tu lui donnes à manger, donne-lui du lait dans la grange, continue-t-il. Ah ! et puis, renvoie-le. Il n'entrera pas ici !”

Pendant qu'il rugissait, je continuais à miauler. Finalement, la dame ouvre la porte et me prend dans ses bras.

“Ne fais pas tant de bruit, voyons, dit-elle à son mari. Je vais juste lui donner un peu de lait, puis je le mettrai dehors.”

Bien sûr, les choses ne se sont pas passées de cette façon. J'ai eu une journée merveilleuse avec la dame pendant que lui était à son travail. Juste avant le souper, elle me prend dans ses bras et m'embrasse. “Tu es un amour, dit-elle. Mais je pense que tu dois partir maintenant. Il sera bientôt de retour.”

Je reste dehors jusqu'au début du souper. Puis, je vais à la porte et me lamente tant que je peux.

Finalement, l'homme lance : “Pour l'amour du ciel, pourquoi ne fais-tu pas entrer ce chat ? Et donne-lui à manger. Je ne peux pas supporter ça plus longtemps.”

Alors, j'ai pris un autre bon repas. Et plus tard, j'ai dormi dans la grange.

Après cela, les choses n'ont pas traîné. Le soir suivant, je m'assois sur les genoux de la dame pendant qu'elle coud.

“Je vais l'appeler Mignonne”, dit-elle à son mari. Au bout d'un moment, je laisse la dame à son travail et m'approche lentement de l'homme. Il lit son journal. Je me rapproche davantage et m'assois à ses pieds.

Au début, il fait semblant de ne pas me voir. Enfin , il dit gentiment : “Qu'est-ce que tu veux, Mignonne ?”

Alors, je lui donne le traitement complet. Tout d'abord, le long “Miaou” avec le frottement sur les chevilles.

“Eh bien ! Mignonne, dit-il, veux-tu t'asseoir sur mes genoux maintenant ?”

Il me ramasse et commence à me caresser sous le cou. A mon tour, je commence à ronronner et à lui faire du charme. Je risque quelques coups de langue sur sa main. Ah ! vraiment, j'y mettais le paquet !

Au même moment, un éclair traverse le ciel, suivi d'un coup de tonnerre. Et il se met à pleuvoir. Alors l'homme me porte dans ses bras pendant qu'il va fermer les fenêtres. “Il n'y a pas de quoi avoir peur, Mignonne, dit-il. Ce n'est qu'un petit orage.”

Plus tard, les éclairs se sont arrêtés mais la pluie continuait. “C'est l'heure d'aller au lit, maintenant, dit la femme. Veux-tu mettre la chatte dehors, s'il te plaît ?”

L'homme lui lance un regard de reproche. “La mettre dehors par une nuit semblable ? Es-tu folle ?” demande-t-il.

- Mais je pensais que tu ne voulais pas de chat dans la maison.

- C'est exact, je n'en veux pas, répondit l'homme. Mais ça ne veut pas dire de la mettre dehors quand il fait tempête. Regarde, elle tremble. N'as-tu pas de coeur ?”

Je tremblais, c'est vrai. Mais pas de peur. Je tremblais parce que j'essayais de ne pas rire.

Naturellement, à partir de ce jour, je suis devenue la patronne. Je sais exactement comment conduire cette famille. Ecoutez, je vais vous apprendre. Un bon truc pour obtenir ce que vous voulez, c'est le miaulement silencieux. Vous levez les yeux vers une personne, la gueule grande ouverte, comme pour miauler. Mais, vous n'émettez aucun son, et vous prenez un air triste. Ce spectacle brise le coeur de tout le monde.

J'utilise le miaulement silencieux surtout pour mendier à la table. Ils disent que je ne dois pas manger à table.

La vérité est qu'ils aiment faire des choses pour une petite bête sans défense comme moi. Ils se sentent ensuite si forts et si heureux. Plus j'ai l'air triste, plus j'en obtiens.

Devenue patronne, je décide alors de monter à leur chambre et de dormir auprès de l'homme. Plus tard, je le réveille en marchant sur son visage. Il s'assoit et m'empoigne. “Sacrée Mignonne, dit-il. Qui t'a invitée à monter ici ?” Et il commence à jouer avec moi.

“Chéri, dit sa femme, penses-tu qu'elle devrait rester sur le lit ?

- Et qu'y a-t-il de mal à ça ? dit-il. Regarde, elle est folle de moi.”

Comme vous le savez, les chatons font partie de la vie. Aussi, j'ai eu les miens et je n'aurais pas manqué ce plaisir pour rien au monde. Mais une portée est suffisante. Ils ont presque brisé le calme de notre foyer.

J'étais une bonne mère. Et je faisais une scène charmante avec mes petits, serrés tout contre moi. Au début, l'homme et la femme adorèrent cela. Mais bientôt l'homme devint jaloux de mes chatons. J'étais trop occupée à les nourrir et à les laver pour jouer avec lui.

Puis il s'est fâché contre sa femme, parce qu'elle accordait trop d'attention aux chatons. Et, finalement, je devins jalouse de mes propres chatons. Ils faisaient toujours des finasseries, et l'homme leur accordait beaucoup trop d'attention.

Mais enfin, sa femme a trouvé un bon foyer pour chacun des chatons. Nous sommes alors revenus à notre vie calme et heureuse d'autrefois.

Rappelez-vous que nous, les chats, nous devons travailler fort pour prendre possession d'une maison. Et ce n'est pas facile. Les humains se révèlent parfois très compliqués. Cependant, ils possèdent une chose merveilleuse qu'ils appellent l'amour. Quand ils nous aiment et que nous les aimons en retour, rien d'autre ne semble important. Ils ont si grand besoin de nous. Quand je pense à quel point j'aide mes gens en m'asseyant simplement sur leurs genoux, je me sens bien. J'ai envie de ronronner.



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Dernière mise à jour : le samedi 15 février 1997
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