[HOME] [INDEX] [E-MAIL]


  Traduire cette page  de  
  FORTIN
 
Julien Fortin
(1621 - 1687)
Le premier Fortin qui posa le pied sur nos rives était un gaillard costaud et courageux de vingt-neuf ans qui s'appelait Julien et qui était le fils d'un boucher du même nom, habitant Notre-Dame-de-Vair, petite commune du Perche relevant de l'évêché du Mans. Elle est connue aujourd'hui sous le nom de St-Cosme-de-Vair et fait partie du département de la Sarthe, au sud de celui de l'Orne.

Les ancêtres français

L'abbé Joseph Vasseur, auteur de L'Emigré Julien Fortin1, a fait des découvertes très intéressantes dans les registres de Notre-Dame-de-Vair et dans ceux des paroisses avoisinantes sur les ancêtres français de Julien Fortin dit Bellefontaine. En effet, il a remonté la lignée jusqu'à Simon Fortin, grand-père de notre premier ancêtre canadien. Voici en résumé les résultats de ses recherches:

  • I- SIMON FORTIN, demeurait à St-Cosme-de-Vair, où naquirent ses cinq enfants: Simon né vers 1595, Jean né en 1596, Andrée née en 1598, Julien né vers 1600 et Mathurin né vers 1601. Le nom de l'épouse n'est pas connu. Simon Fortin fut inhumé le 10 avril 1617 dans l'église de Notre-Dame-de-Vair.

  • II- JULIEN FORTIN, fils de Simon, exerça son métier de boucher à Notre-Dame-de-Vair où il avait épousé, le 26 novembre 1619, Marie LaVye, fille de Gervais LaVye, propriétaire de l'hôtellerie "Le Cheval Blanc". De cette union sont issus: Julien, le Canadien, Hélène, baptisée à Notre-Dame-de-Vair le 3 avril 1622 et décédée le 21 novembre 1626 ; et Mathurin né le 25 novembre 1627, qui demeura à Notre-Dame-de- Vair et qui se Maria à Rose Debray dont il eut une descendance. En 1681, Mathurin Fortin était décédé.

Le mariage de Julien Fortin avec Marie LaVye fut de courte durée car elle mourut le 24 novembre 1628. Elle reçut sépulture dans l'église de Notre-Dame-de-Vair. Devenu veuf, Julien Fortin (père) convola en secondes noces à Igé, le 7 janvier 1630 avec Julienne Guillemin, laquelle lui donna huit enfants.

Julien Fortin, père de notre ancêtre canadien, rendit son âme à Dieu le 30 janvier 1679, âge d'environ quatre-vingts ans. Registres du curé de Notre-Dame-de-Vair

Citons quelques courtes entrée faites par l'abbé Jacques Poirier dans ses cahiers:

L'acte de mariage de Julien Fortin père:
"Le 26 de novembre 1619, espousa en l'église de Ntre dame Julian fortin avec marie lavye parens gervaiss2 la vie père et la vye son frère et un sien beau-frère Jean roys marin leonart plessis Guillaume et andré lescours et autres par nous Curé".

Acte de baptême de Julien Fortin, fils - le Canadien:
"Le 9 février 1621 fut baptizé Julian filz de Julian fortin et de maryse lavye sa fe et fut le prin françois loriot et la marainne denise fouet vve fortin par nous curé".

Acte de sépulture de la femme de Julien Fortin:
"La fe Julian fortin maryse lavye mourrut Le vendredy 24 novembre 1628 et fut enterrée en lEglise de noe Dome par nous Curé".

Acte du remariage de Julien Fortin:
"Le 6e Jour de Juing 1634 fut baptizée Julianne fille de Julian fortin et de Julianne Guillemin sa seconde femme et fut le parrin Loys plessis et la marrine françoise bouchard fe de pierre Garssin par moi Curé".

Décès de la belle-mère de Julien Fortin:
"Le 21 octobre 1636 mourrut la mère de la fe de Julian fortin en seconde mariaige naguère venue d'Igé et fut son corps enterré soubz la vallée de léglise notre Dame par nous Curé du dit lieu - payé 30 s au curé et autant au vicaire".

Départ pour le Canada
C'est en 1650 que l'on fixe le départ de Julien Fortin dit Bellefontaine pour le Canada. Il était alors célibataire, libre de responsabilités familiales et probablement curieux de se rendre dans cette colonie lointaine d'Amérique, où il n'était pas sans savoir que plusieurs de ses compatriotes percherons étaient déjà allés s'établir? Aussi prêta-t-il une oreille attentive aux promesses et belles paroles de Robert Giffard, cet ancien ami de Samuel de Champlain et sorte d'agent recruteur pour la colonie, lorsque ce dernier lui proposa de traverser les mers avec lui pour aller faire fortune au pays de Neuve-France. Et c'est ainsi, que Julien Fortin qui, jusque-là, avait travaillé dans la boucherie de son père, se décida à faire le grand saut! C'est avec plusieurs compagnons qui, eux aussi, avaient été gagnés par la perspective de se débarrasser des impôts et corvées qui étaient le partage des petites gens au pays natal, qu'il alla s'embarquer à Dieppe, sur un des voilliers qui assuraient le transport entre la France et sa colonie d'Amérique. Le groupe comprenait Simon Rocheron et sa soeur Marie, âgée de 15 ans ; Antoine Rouillard, charpentier ; Claude Bouchard, Tailleur d'habits ; Martin Boullard, Pierre Mauffay, Simon Lereau et quelques autres.

Mariage de Julien Fortin et de Geneviève Gamache
Deux années à peine s'étaient écoulées lorsque Julien Fortin se crut prêt à prendre femme et à fonder un foyer. Il avait connu une gentille jeune paysanne de quatorze ans sa cadette, qui consentit à lui donner sa main. Elle s'appelait Geneviève Gamache dit Lamarre, était née en 1635, du mariage de Nicolas Gamache et de Jacqueline Cadot, originaires de Saint-Illiers-la-Ville, bourg du diocèse de Chartres, en France.

Environ deux semaines avant le mariage, les futurs époux en présence de leur parents et amis "a sçavoir Le dict Fortin assisté comme dict est de sieur pierre le picard son proche voisin de Claude bouchard et de Me Louys gasnier dune part et Lad Geneviefe gamache assistée de Nicolas gamache dict La Mare son frère dud. le picard et gasnier", firent rédiger leur contrat matrimonial devant Claude Auber, notaire et greffier en la Côte et Seigneurie de Beaupré. Le contrat de mariage en question, en date du 23 octobre 1652, stipule que "seront les futurs époux en commun, biens meubles et immeubles, acquets et conquets, selon la coutume de la prévoté et vicomté de Paris", que "sera douée la future espouse du douaire coustumier ou la somme de 300 livres une foys payée", etc...

En outre, "en faveur dudit mariage", Nicolas Gamache, frère de la future, promet qu'il "lui donnera en habit, meuble et linge, selon son estat et condition, jusqu'à la somme de 200 livres et, de plus, nourrira pendant deux ans les futurs espoux, lesquels seront tenus de le servir pendant, pour lequel service" il "leur donnera par chacun an la somme de 150 livres, laquelle somme ensemble ny de la nouriture ne rera tenu compte à la dite future espouse, venant au partage de la succession de ses père et mère".

Et le notaire termine l'acte avec cette mention: " fait et passé en lhabitation de Toussain au dict Cap de Tourmente Lan et jour que dessus et présence de florent buisson et abel benoist demeurants aud. Cap de Tourmente tesm. qui ont signé avec lesd. partyes parens et amis a ce present et comme dessus". Ne sachant signer, les époux marquèrent chacun leurs noms d'une croix. Cependant apparaissent au corps de l'acte les signatures de Nicolas gamache, Claude Bouchard, Louis Gasnier, et du notaire Claude Auber. Quant aux témoins attirés Florent Buisson et Abel Benoist ils marquèrent eux leurs noms d'une croix.

Puis le 11 novembre 1652 le mariage était célébré dans une chapelle domestique au Cap Tourmente (à Saint-Joachim de Montmorency) par le Père Paul Ragneau, supérieur des Jésuites et grand vicaire de l'archevêché de Rouen. L'acte de mariage, cependant, se trouve consigné aux registres de la paroisse Notre-Dame de Québec. En voici la teneur:

  • "Le 11e de nov. 1652, après publication faite de deux bans le 28. d'oct. e le 3. de nov. e dispense obtenue du 3e, ne s'estant trouvé aucun empêschement le r.p. paul ragueneau Supérieur des Mission de la Compagnie de Jesus en ce pays, e grand Vicaire de Monseigneur l'archv. de rouen,: a interrogé Julien fortin fils e héritier de Julien e de defuncte Marie La vie de la paroisse de Notre-Dame le verd Evesché du Mans d'une part ; et genevieve Gamache fille de Nicolas gamache dit La marra e de Jacqueline cadot de la paroisse de St-Illier la ville, Evesché de Chartres en beausse d'autre part, lesquels ayant donné leur mutuel concentement par parole de present il a sonnellement mariés disant la messe au Cap de Tourmente en présence de tesmoins connus, le Sieur le Tardif, Louys Gangnier, Claude Auber".

Décès de Julien Fortin
Julien Fortin dit Bellefontaine est décédé en sa demeure, le 21 novembre 1687 âgé de soixante-six ans et neuf mois. Son corps fut inhumé le lendemain dans le petit cimetière entourant l'abside de la première église de la paroisse Saint-Joachim de Montmorency. Son acte de sépulture se lit comme suit dans les registres:

  • "Le vingtdeuxièsme novembre de l'an mil six cent quatre vingt sept Jullien fortin dit bellefontaine a Esté par moy Louis Soumande faisant fonctions curialles Enterré dans le cimetière de la paroisse St-Joachim décédé en la communion de notre Mere Ste Eglise le vingtuiesme du mesme mois et an apres avoir reçu les S.S. Sacrements de penitence, Eucharistie, et Extreme onction. furent present a ses funérailles Alexis gravelle et Jean gravelle lesquels ont declaré ne scavoir Ecrire ni signer de ce Interpelles selon Lordonnance. L. Soumande P."

Décès de Geneviève Gamache
Après un veuvage de vingt-deux ans, le 5 novembre 1709, Geneviève Gamache s'éteignait à la suite d'une courte maladie, chez son fils Charles, à L'Islet, où elle s'était retirée dans ses dernier temps. Elle avait atteint l'âge de soixante-quatorze ans. Son décès marquait la disparition définitive de la première génération de Fortin qui était venue s'établir en se pays, Le lendemain du décès, comme c'était la coutume, les funérailles furent célébrées en l'église Notre-Dame de Bonsecours, de L'Islet, comme en témoigne l'acte de sépulture conservé dans les registres de cette paroisse:
  • "L'an mil sept cent neuf le 6 novembre a été inhumé dans le cimetière de Notre Dame de Bonsecours Geneviève Gamache, femme de Julien Fortin, laquelle n'a pu estre secouru par les sacrements avons été appelé trop tard. Ont assisté à cette inhumation Charles, Eustache, Pierre Fortin, les enfants, et Barbe Fortin la (suit un mot illisible). Le Riche, ptre."

Julien Fortin - Geneviève Gamache
(Mariage, le 11 novembre 1652, au Cap Tourmente)
Julien Fortin, fils de Julien et de Marie Lavye.

Geneviève Gamache, fille de Nicolas et de Jacqueline Cadot.

Les enfants:
Barbe (1654) fut baptisée à Québec le 21 octobre 1654. Selon le recensement de 1666, il est clair qu'elle fut pensionnaire chez les Ursulines de Québec. Elle épousa en 1ères noces, à Château-Richer, en 16693>/sup>, Pierre Gagnon, fils de Pierre gagnon et de Vincente Desvarieux, et en 2e noces à Sainte-Anne-de-Beaupré le 16 avril 1690, Pierre Lessard, fils d'Etienne Lessard et de Marguerite Sevestre. Barbe Fortin fut inhumée à L'Islet le 27 août 1737 ;

Charles (1656) fut baptisé en 1656. Il épousa à Château-Richer, le 11 novembre 1681, Xainte Cloutier, fille de Jean Cloutier et de Marie Martin. Charles Fortin reçut sépulture à L'Islet, le 23 juin 1685. Son épouse lui survécut quarante ans et fut inhumée à L'Islet, le 22 septembre 1725 ;

Eustache (1658) fut baptisé en 1658. Il épousa à Cap St-Ignace le 25 mai 1693, Louise Cloutier, fille de René Cloutier et de Marie Leblanc. Considéré par ses concitoyens, il eut l'honneur d'être major de milice de Cap St-Ignace. C'est dans cette paroisse qu'il fut inhumé le 23 janvier 1736 ;

Jacques (1660) fut baptisé à Québec le 15 janvier 1660. Il épousa à Québec le 11 juin 1689, Catherine Biville, fille de François Biville et de Marguerite Pasqué. Jacques Fortin reçut sépulture à la Baie St-Paul le 28 février 1730. Son épouse, Catherine Biville, reçut sépulture à la Petite-Rivière, le 3 octobre 1746 ;

Geneviève (1662) fut baptisée à Château-Richer, le 9 avril 1662. Elle épousa à Ste-Anne-de-Beaupré le 8 juillet 1683, Noël Gagnon, fils de Pierre Gagnon et de Vincente Desvarieux. Geneviève Fortin décéda le 20 mars 1703 et fut inhumée le lendemain à Château-Richer. Son époux, Noël Gagnon fut inhumé à Château-Richer le 25 novembre 1708 ;

Joseph (1664) fut baptisé à Château-Richer, le 20 mai 1664. Il épousa à Château-Richer, le 25 octobre 1691, Agnès Cloutier, fille de Jean Cloutier et de Marie Martin. Joseph Fortin décéda le 10 avril 17034 et fut probablement inhumé à St-Joachin de Montmorency ;

Marie-Anne (1666) fut baptisée à Château-Richer le 1er mars 1666. Elle épousa en 1ères noces à St-Anne-de-Beaupré en 1683, Jean Le Picard, marchand de Québec, fils de Pierre Le Picard et de Marie-Renée Suronne, et veuf de Marie-Madeleine Gagnon. Jean Le Picard fut inhumé à Québec, le 29 novembre 1700. Devenue veuve, elle épouse en 2e noces, à Québec, le 7 janvier 1702, Etienne Mirambeau, fils de Salomon Mirambeau et de Elizabeth Velleger, de St-Seurin de Bordeaux, en Guyenne. Marie-Anne Fortin fut inhumée à Québec le 28 décembre 1702 ;

Julien (1667) fut baptisé à Château-Richer le 22 avril 1667. Il est mentionné dans le recensement de 16815, cependant sa destinée nous est inconnue ;

Pierre (1669) fut baptisé à Château-Richer le 24 mai 1669. Il épousa, à la rivière Ouelle, le 4 juillet 1697, Gertrude Hudon, fille de Pierre Hudon et de Marie Gobeil. Pierre Fortin serait décédé après 17336 ;

Louis (1671) fut baptisé à Ste-Anne-de-Beaupré le 19 mars 1671. Il est lui aussi mentionné dans le recensement de 1681, mais comme pour son frère, se destiné nous reste inconnue ;

Jean (1674) fut baptisé à Ste-Anne-de-Beaupré, le 10 juin 1674. Demeuré célibataire, il semble qu'il mourut peu avant 1704, car ce sont les héritiers de Jean Le Picard et de Marie-Anne Fortin qui reçurent son héritage7 ;

Marquerite (1677) fut baptisée à Ste-Anne-de-Beaupré, le 5 juin 1677. Elle épousa à Québec, le 23 novembre 1699, Pierre-François Framage, commis au greffe de la prévôté de Québec, fils de Laurent Fromage et de Benoite Deschazelles, de St-Eustache, évêché de Lyon, France. Marguerite Fortin décéda à Québec où elle fut inhumée le 15 janvier 1703.

Notes:
  • 1- Joseph Vasseur, L'émigré Julien Fortin (1621-1687), sa famille au Vairais et en Canada, Imprimerie M. Vilaire, Le Mans, 1932.

  • 2- Gervais LaVye, grand-père maternel de notre ancêtre canadien, reçut sépulture à l'église Notre- Dame-de-Vair, le 4 octobre 1623.

  • 3- Le contrat de mariage de Pierre Gagnon et de Barbe Fortin se trouve dans l'étude de Claude Auber en date du 6 février 1669.

  • 4- Selon l'inventaire de la succession de Joseph Fortin et Agnès Cloutier, Jacob, 12 juillet 1704.

  • 5-Histoire des Canadiens français, de Benjamin Sulte, vol. IV, p. 78.

  • 6- Cf. Dictionnaire, Tanguay, vol. IV, p. 68.

  • 7- Selon l'inventaire de la succession de Julien Fortin et de Geneviève Gamache, Jacob, 9-10-11 juillet 1704.


Copyright © 2005: JOURNAL GASPESIA / Gérard Donaldson