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MEMORANDUM PRESENTED BY THE MARONITE PATRIARCH HAWAYIK
TO THE PARIS PEACE CONFERENCE, 25 OCTOBER 1919


LES REVENDICATIONS DU LIBAN MEMOIRE DE LA DELEGATION LIBANAISE A LA CONFERENCE DE LA PAIX
 

Le Patriarche Maronite, président de la Délégation Libanaise à la Conférence de la Paix, agissant au nom du Gouvernement et ou Conseil Administratif du Liban, dont il a mandat, ainsi qu'au nom des populations des villes et campagnes libanaises qui demandent leur rattachement au Liban, et ce sans distinction de rites ou de confessions, populations dont il est dûment mandaté et dont les mandats ont été déposés, par les soins du Ministère des Affaires Etrangères de la République Française, au Secrétariat général de la Conférence de la Paix, a l'honneur de solliciter de la haute justice de LL. EE. les Plénipotentiaires des Puissances alliées et associées siégeant en Conseil suprême, à la Conférence de la Paix.

1. La reconnaissance de l'Indépendance du Liban proclamée par le Gouvernement et le peuple libanais, le 20 mai 1919.

2. La Restauration du Liban dans ses limites historiques et naturelles, par le retour à lui des territoires qui lui ont été arrachés par la Turquie.

3. Les sanctions contre les auteurs ou les instigateurs des atrocités et des exécutions commises au Liban par les autorités turco-allemandes; les réparations à exiger de la Turquie, réparations nécessaires à la reconstitution et au repeuplement du Liban, décimé par un affamement systématique organisé par l'ennemi.

4. Le principe du mandat étant posé par le Traité de Paix de Versailles du 28 juin 1919, et sans que cela aliène les droits du Liban à la souveraineté, la remise de ce mandat au Gouvernement de la République Française qui, conformément à l'article 22 du pacte de la Société des Nations, voudra bien accorder au Liban son aide et ses conseils.

Le Patriarche, président de la Délégation Libanaise a l'honneur d'apporter aux revendications de son pays, les explications et justifications suivantes:

I. Indépendance du Liban

L'Indépendance du Liban, telle qu'elle a été proclamée et telle qu'elle est conçue par la presque unanimité des Libanais, n'est point simplement l'indépendance de fait qui résulte de l'effondrement de la puissance ottomane, c'est encore et surtout une indéendance complète vis-à-vis de tout état arabe qui se constituerait en Syrie. Par une conception abusive de la notion de la langue, on a voulu confondre le Liban et la Syrie ou, plutôt, fondre le Liban dans la Syrie. C'est là une erreur. Sans remonter à leurs ancêtres Phéniciens, les Libanais ont toujours constitué une entité nationale distincte des groupements voisins par sa langue, ses moeurs, ses affinités, sa culture occidentale. Et si, après seulement 400 ans d'occupation arabe de la Syrie, la langue du vainqueur finit jadis par s'infiltrer au Liban, de nombreuses localités de celui-ci ont conservé depuis et conservent jusqu'à ce jour un accent et un idiome particuliers, qui, à eux seuls, et sans parler des langues liturgiques du pays, suffiraient à enlever à la langue arabe toute valeur comme attribut de la nationalité. D'ailleurs, l'exemple de l'Amérique du Nord, des Etats de l'Amérique du Sud, de la Belgique wallonne et, plus récemment, de l'Autriche allemande, ramène à ses Justes proportions la valeur nationalitaire de la langue.

Cette indépendance du Liban vis-à-vis de tout gouvernement syrien, arabe ou autre, se justifie par d'autres considérations dont l'importance n'échappera pas à la Conférence de la Paix.

1 Considérations Historiques

Quiconque a étudié l'histoire de ce pays sait, à n'en pas douter, et les documents abondent, que le Liban a conservé, au milieu de la sujétion absolue des populations voisines au vainqueur arabe ou turc, souvent une complète indépendance, toujours une autonomie que le règlement organique, élaboré par les grandes puissances en 1860, tout en la restreignant, n'a fait que confirmer. Cette indépendance qui consacrait l'exonération du Liban de tout impôt, de tout service militaire vis-à-vis de la Turquie et lui

laissait son administration indigène, constituait une doctrine gouvernementale telle que la Turquie elle-même qui, en pleine guerre, ne recula ni devant la suppression des capitulations, ni devant les massacres, ni devant l'affamement des populations libanaises, se garda néanmoins, au plus forte de ses succès, d'en modifier le principe et ne chercha à aucun moment à fusionner le Liban avec les vilayets voisins.

Les puissances alliées et associées pour lesquelles le Liban a tant souffert feront-elles moins pour ce pays que la Turquie elle-même?

2 Considérations Politiques

Cette situation indépendante du Liban s'appuyait sur une organisation politique, puis parlementaire, qui jusqu'à 1908, date à laquelle fut promulguée la constitution ottomane, resta sur tout le territoire de l'Empire la seule de ce genre. Alors que la Syrie voisine subissait le sort de toutes les provinces turques et paraissait ignorer tout ce qui constitue la vie politique d'un pays, le Liban, en dépit du resserrement de ses frontières, imposé par les machinations des diplomates turcs aux auteurs du règlement organique de 1860, jouissait d'un régime représentatif que, jusqu'à la veille de la guerre, il a encore cherché à améliorer. L'activité politique du Liban alla plus loin. II ne cessa de réclamer à la Turquie le versement des arriérés de sa dette et fit souvent appel dans ses revendications financières et territoriales aux puissances protectrices. Le Conseil administratif du Liban, les nombreux comités libanais, au Liban et à l'étranger, se firent les ardents défenseurs de ces revendications. Y a-t-il rien de comparable au point de vue de l'évolution politique entre le Liban et la Syrie? Et ne serait-il pas d'une justice élémentaire de respecter l'indépendance complète du Liban vis-à-vis de la Syrie, alors que rien n'unit ces deux pays, ni leur passé, ni leurs aspirations, ni leur évolution intellectuelle, ni leur évolution politique?

Les puissances alliées et associées peuvent-elles, à cet égard, faire moins aujourd'hui que ne fit l'Europe en 1860, en consacrant solennellement, par un acte diplomatique, les nécessités politiques et ethniques ayant de tout temps séparé le Liban de la Syrie voisine?

3 Considérations de Culture

A ces considérations historiques et politiques, très sommairement exposées, ne se bornent pas les différences essentielles qui existent entre le Liban et la Syrie.

Alors que l'instruction et la culture européenne sont, les grandes villes exceptées, peu répandues en Syrie où l'élément nomade forme une partie importante de la population, le Liban, au contraire, constitue en Orient le principal foyer de la culture occidentale. Sans parler des écoles de Beyrouth, où une nombreuse jeunesse venue de toutes les parties de l'Orient reçoit une instruction solide, il n'est point de petite ville ou de village libanais qui n'ait son collège ou son école.

La Délégation Libanaise se permet, à cet égard, de rappeler sans vouloir citer des noms, que ce sont surtout des Libanais qui, sous la désignation générique et impropre de Syriens, tant en Egypte qu'en Amérique ou ailleurs, distingués dans l'administration publique et les différentes branches de l'activité scientifique, littéraire et économique.

Le degré de culture qu'a atteint le Liban constitue ainsi pour ce pays, à morphologie si précise et si distincte, un des titres les plus indiscutables à l'indépendance.

4 Considérations de Fait et de Droit

Il est enfin trois considérations d'importance capitale qui, la Délégation Libanaise en a l'intime conviction, assureront au Liban l'indépendance complète qu'il réclame et à laquelle il a pleinment droit:

1. Bien qu'au point de vue légal et international, le Liban n'ait pas été en état de guerre avec les empires centraux, cet état de guerre a existé en fait. Dès le mois d'août 1914, et malgré des difficultés de tous ordres, des contingents libanais accourus du Liban et des pays d'émigration s'enrôlèrent sous les drapeaux alliés; nombreux sont ceux qui sur les fronts de France, des Dardanelles, de Salonique et de Palestine payèrent de leur sang leurs sympathies alliées et leur amour de la liberté. D'autres, aussi nombreux, apportèrent à la Croix-Rouge alliée, tant en Egypte, lors de l'expédition des Dardanelles, qu'en France même, leurs concours dévoués. Enfin et surtout, le Liban paya, durant la guerre, le plus formidable, le plus sanglant tribut qu'un peuple ait jamais eu à payer pour la défense d'une cause. Les plénipotentiaires alliés et associés savent que l'affamement du Liban ordonné par les autorités turco-allemandes, en représailles des sympathies libanaises pour la France, entraîna la mort de plus du tiers de la population du pays dont un grand nombre de localités sont actuellement complètement désertes et en ruines. Il n'est point de bataille, si sanglante qu'elle ait été, qui ait donné ce pourcentage de mortalité.

2. A la date du 20 mai 1919, le parlement libanais, élu par le peuple et obéissant à la volonté unanime des habitants, proclama l'indépendance du Liban, dont, par ses mandataires, il a l'honneur aujourd'hui de solliciter la reconnaissance. La Délégation Libanaise espère fermement que les puissances alliées et associées qui ont proclamé solonnellement le droit des peuples de disposer d'eux-mêmes et ont fait de ce principe la base de l'organisation de l'humanité nouvelle, voudront consacrer ce droit dont la volonté nationale libanaise a usé et pour lequel fut versé tant de sang libanais.

3. Sans remonter à la déclaration du Gouvernement de la République Française du 28 décembre 1917, au sujet de l'indépendance du Liban, la Délégation Libanaise rappelle respectueusement que le principe de cette indépendance a été formellement reconnu dans l'article 22 du Pacte de la Société des Nations du Traité de Paix du 28 juin 1919. Cette indépendance que s'engagent à reconnaître les puissances alliées et associées est devenue un fait depuis la ratification du Traité de Versailles, et n'a nullement besoin pour avoir toute sa force juridique et exécutoire de la conclusion de la paix avec la Turquie.

II. Restauration du Liban

En réclamant son agrandissement le Liban ne réclame, en réalité, que sa restauration territoriale dont font foi l'histoire et la carte de l'Etat-Major français de 1860-1862.

Cette restauration territoriale du Liban dans ses limites historiques limites marquées: à l'O. par la Méditerranée; au N. par le Nahr-el-Kébir (Eleutherus); au N.-E. par une ligne partant de celui-ci contournant la plaine d'El-Bukeia et la rive orientale du lac d'Homs; à l'E. par les crêtes du DJebel-el-Charki (Anti-Liban) et celles du Djebel-el-Cheikh (mont Hermon); au S.-E. par une ligne partant des derniers contreforts du mont Hermon et contournant le bassin de Houieh (Samachonitis); au S. par une ligne partant des montagnes à l'est de ce lac et contournant celui-ci pour aboutir, à l'Ouest, au cap dit Ras-el-Nakoura; répond à une entité géographique qui fut, jadis, la Phénicie et qui, dans les temps modernes Jusqu'à 1840, constitua le territoire libanais.

Elle constitue la réparation d'une série d'injustices et de spoliations dont le Liban fut victime de la part de la Turquie. Elle répond à une nécessité vitale pour un pays qui, privé des plaines du Nord (Akkar), de celles de l'Est (Baalbek, Bekaa) serait une chaîne de montagnes improductives et incapables d'assurer l'existence de leurs habitants. L'expérience de la guerre l'a démontré d'une façon péremptoire et douloureuse. Alors que les vilayets voisins, ont pu, durant toute la guerre produire des quantités considérables de blé qui, sur place, ont assuré la vie et une relative aisance des populations, le Liban, bloqué et livré systématiquement à ses propres ressources, sans possibilité d'importer du blé des régions voisines, vit mourir de faim le tiers environ de sa population. C'est là une preuve décisive de la nécessité, pour le Liban, de récupérer, pour subsister, l'intégralité des territoires qui, autrefois, lui ont appartenu. De ces territoires certains lui fourniront le blé nécessaire à son existence et d'autres (Tyr, Saïda, Beyrouth, Tripoli) constitueront les débouchés  naturels  absolument  indispensables  à  sa vie économique.

Indépendamment des raisons de justice et d'humanité qui imposent la restauration du Liban dans ses limites mentionnées, il est une considération à laquelle LL. EE. les Plénipotentiaires alliés et associés voudront bien, nous l'espérons, accorder toute l'importance qu'elle mérite. C'est que l'immense majorité des populations occupant les territoires revendiqués par le Liban s'est prononcée pour le rattachement de ces territoires au Liban et a opté pour la nationalité libanaise qui fut toujours l'idéal de ces populations presque toutes libanaises d'origine.

Cet idéal, le principe de droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, solennellement proclamé par les Alliés, leur permet aujourd'hui de le réaliser. Les mandats déposés au Secrétariat de la Conférence de la Paix expriment nettement et énergiquement le voeu de ces populations.

III. Sanctions, Reparations

La Délégation Libanaise n'abusera pas de la bienveillante attention de LL. EE. les Plénipotentiaires alliés et associés en leur retraçant le tableau des déportations, des exécutions, des

atrocités dont les Libanais furent victimes de la part des autorités militaires et civiles turco-allemandes. Elle ne dira pas les circonstances dans lesquelles ces autorités imposèrent et développèrent cet horrible affamement du Liban qui enleva plus du tiers de la population de ce pays; procédé d'extermination sans exemple dans l'histoire et qui, au milieu même de l'horrible boucherie, a révolté la conscience universelle. Seuls, l'attachement des Libanais à la cause de Alliés et leur fidélité à la France provoquèrent ces mesures de sauvage repression. A ces représailles cruelles, portant sur les personnalités et sur la collectivité libanaises, les turco-allemands ajoutèrent différents procédés de persécution: extorsions, impositions, déboisement, non seulement des forêts mais encore des champs de mûriers, seule ressource du pays.

De pareilles mesures que condamne le droit des gens et qu'à aucun moment n'a justifié la moindre nécessité militaire, la Délégation Libanaise les porte à la connaissance de la Conférence de la Paix et sollicite:

1. Des sanctions contre les auteurs et les instigateurs de ces atrocités, Turcs ou Allemands, à quelque degré de la hiérarchie civile ou militaire qu'ils appartiennent.

2. Des réparations aux familles des victimes et des déportés ainsi que des indemnités devant permettre la reconstitution, le reboisement et le repeuplement du Liban. Ce dernier ayant perdu, par la famine organisée par l'ennemi, une grande partie de sa population, les indemnités, en améliorant ses conditions économiques, permettront à ses émigrés d'y revenir et de le repeupler.

IV. Mandat

Les conjonctures présentes et le désir de faciliter à la Conférence de la Paix sa tâche, déjà si laborieuse, font à la Délégation Libanaise un devoir de ne point soulever la question de déterminer si l'article 22 du Pacte de la Société des Nations du traité de Versailles vise le Liban, pays déjà depuis longtemps indépendant et dont l'indépendance, quoique restreinte en la forme, a été en principe confirmée par le règlement organique de 1860-1861.

Quoiqu'il en soit de cette question préjudicielle que la Délégation Libanaise entend réserver, si, conformément à la lettre et à l'esprit de l'article 22 du Pacte sus-mentionné, le principe du mandat a pour but de favoriser et de hâter l'accession à la souveraineté nationale des peuples auxquels il est appliqué — le Liban, placé depuis 60 ans sous le régime du mandat international et ayant depuis longtemps fait son éducation politique, mériterait d'être aujourd'hui un État souverain. Néanmoins et tout en maintenant ses droits à cette souveraineté, le Liban s'incline devant la décision de la Conférence de la Paix concernant le Régime des mandats. Il s'incline d'autant plus volontiers que dans la double crise politique et économique que traverse le monde il a besoin du concours et de l'aide d'une grande puissance occidentale.

Cette puissance, dans le choix de laquelle l'article 22 fait intervenir au premier chef la volonté des populations intéressées, le Liban, dans sa partie ancienne et ses parties revendiquées, l'a déjà choisie d'enthousiasme. C'EST LA FRANCE. Des raisons d'ordre divers justifient ce libre choix:

1. Ce sont d'abord des RAISONS DE SENTIMENT, D'AFFINITÉ ET DE CULTURE: Les Libanais ne sauraient oublier les bienfaits dont, à travers les siècles, ils furent l'objet de la part de la France. La reconnaissance qu'ils en éprouvent est une de leurs traditions nationales. Ils tiennent à le proclamer solennellement à la Conférence de la Paix.

Des relations politiques et commerciales plusieurs fois séculaires, l'établissement au Liban de nombreux chevaliers francs dont, jusqu'aujourd'hui, on retrouve en ce pays le nom et le souvenir, un attrait atavique puissant qui, légué par leurs ancêtres Phéniciens, fondateurs des grandes villes du littoral français méditerranéen, a toujours poussé les Libanais vers la France, tout cela créa entre les deux pays des affinités comme on en voit rarement dans l'histoire des peuples. Le terrain de la culture française était ainsi tout préparé. Au-delà des frontières françaises, il n'est point de pays où cette culture soit plus répandue et plus intense.

2. Les raisons de sentiment auxquelles il est plus haut fait allusion prennent leur source dans des CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES.

Ces dernières remontent aux premières expéditions françaises en Orient, expéditions au cours desquelles la France, tant en Syrie qu'en Egypte, sut apprécier le dévouement des Libanais. Depuis, en échange de ce dévouement et des services rendus, elle ne cessa de leur accorder toute sa protection. La protection des Libanais, tant au Liban qu'à l'Étranger, fut en France, pendant des siècles, et reste jusqu'à ce jour, une doctrine gouvernementale dont jamais les différents régimes ne se départirent. Ce fut plus qu'une doctrine gouvernementale, ce fut une doctrine nationale. Alors que durant la première moitié du XIXe siècle, le Liban traversait une des crises les plus douloureuses de son histoire, seul de tous les peuples, le peuple français, par la voix de son Parlement, sut défendre la cause de ce petit peuple lointain et ami. Durant la guerre qui vient de finir, la France fit tout pour venir en aide aux malheureuses populations libanaises persécutées, bloquées et affamées. Enfin, fait qui a, à leurs yeux, une importance capitale: la première déclaration de l'indépendance du Liban eut lieu du haut de la tribune de la Chambre française, le 27 décembre 1917.

3. A ces considérations historiques et de sentiment s'ajoutent des RAISONS D'INTÉRÊT ET DE DIGNITÉ.

En demandant le mandat français, les Libanais sont profondément convaincus que la France libérale et généreuse saura non seulement respecter leur indépendance, mais l'affermir, la garantir, la défendre.

Ils sont convaincus qu'elle saura aussi respecter leur dignité, leur gouvernement et leur administration qu'ils désirent conserver essentiellement libanaise; qu'elle viendra au Liban en conseillère et amie; que durant la période du mandat qui préparera le Liban à la souveraineté, elle développera le sentiment national en laissant aux mains des Libanais l'organisation, l'administration et la justice de leur pays. A cet égard l'expérience est faite. Partout où ils ont passé les Libanais ont pu donner la mesure de leurs capacités. L'exemple de l'Egypte à laquelle ils ont apporté, dans l'oeuvre de son relèvement intellectuel et politique, leur concours si hautement apprécié, est une preuvre démonstrative de leurs aptitudes administratives et éducatrices. Les Libanais sont enfin convaincus que, loin de diviser, la France mandataire fera tout pour cimenter l'unité nationale des différentes communautés du Liban; que dans un régime démocratique où la Chambre élue aura toutes les attributions des Parlements des pays occidentaux, elle aidera au respect de toutes les libertés, et, par la représentation proportionnelle, à la sauvegarde du droit des minorités; qu'elle augmentera les ressources du pays auquel elle s'est déjà tant intéressée; qu'elle y créera des institutions et des Écoles Nationales; et qu'enfin, fidèle à ses traditions et à son histoire, dans une loyale et généreuse collaboration avec le peuple et le Gouvernement libanais, elle saura y défendre, développer, intensifier de toutes façons et sous toutes les formes, le sentiment nationale qui ayant résisté à toutes les oppressions et à tous les malheurs, sort grandi des suprêmes épreuves.

Le Président de la Délégation Libanaise

ELIAS PIERRE HOYEK

Patriarche Maronite d'Antioche et de tout l'Orient.   Paris, 25 Octobre 1919
 
 
 
 
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