Après 17 ans de professionnalisme, Alain
Roche met un terme à une carrière exceptionnelle à cause d’une cheville
devenue trop douloureuse. Le Bordelais intègre l’équipe dirigeante des
Girondins.
Alain, que ressentez-vous à l’idée de
mettre un terme définitif à votre carrière ? C’est
un jour particulier pour moi. Ce n’est pas facile à dire, mais c’est la réalité.
Quand on s’est dévoué corps et âme pour ce métier et qu’on a tout fait
depuis son plus jeune age pour arriver au statut de joueur professionnel,
c’est vraiment difficile de prendre une telle décision, même si je m’y préparais
depuis quelques semaines. C’est une première partie de vie qui s’arrête.
Est-ce que vous regrettez cette opération à la cheville du printemps
dernier, qui vous oblige à arrêter ?
Non, les douleurs devenaient trop handicapantes, je l’aurai fait quoi qu’il
arrive. J’ai tout tenté pour revenir, mais je ne pouvais vraiment plus jouer.
Je n’ai aucun regret parce que j’ai tout essayé. Même s’il faut arrêter
un jour ou l’autre, cela me reste en travers de la gorge de prendre ma décision,
contraint et forcé. Je ne vais pas me plaindre non plus. J’aurai dû arrêter
il y a deux ans, j’ai pu malgré tout prolonger jusqu’à mes 35 ans.
Que retiendrez-vous de toutes ces années passées sur les terrains de
football ? Il y a eu tellement de moments forts que c’est difficile d’en
ressortir un plutôt qu’un autre. J’ai réalisé mon rêve, devenir
professionnel. Je me suis forgé un palmarès respectable en faisant preuve de régularité.
C’est une réelle fierté personnelle d’avoir réussi correctement ma carrière.
L’événement le plus marquant restera les quatre mois passés sans club après
Valence et mon opération au genou. Je suis revenu à un bon niveau à force de
ténacité et grâce à Bordeaux qui m’a ouvert ses portes.
Les Girondins continuent de croire en vous puisqu’ils vous proposent un
poste au sein de l’encadrement. Comment aviez-vous envisagé cette
reconversion ? Compte tenu du rythme imposé par la compétition, c’est
difficile de bien s’y préparer. J’avais imaginé rester dans le sport et si
possible dans le football. Je suis ravi de continuer à travailler pour le club
qui m’a vu débuter. Il faut maintenant que je m’organise et que je retrouve
une vie «normale».
Il va falloir ranger le maillot et les crampons pour sortir les costumes…
Je vais enfin pouvoir étrenner tous les costumes qui dormaient sagement dans ma
garde-robe. On verra sur le long terme si je porte aussi bien l’habit de
dirigeant que celui de footballeur (rires).
Plus sérieusement, comment abordez-vous cette nouvelle fonction de chargé
de relations publiques et superviseur ?
Je ressens un peu d’appréhension mais j’exercerai mon nouveau métier avec
le plus de sérieux possible. Je vais le découvrir, au fur et à mesure, aidé
par les gens du club qui m’encadreront. On ne s’improvise pas relations
publiques ou détecteur de joueurs du jour au lendemain. Déterminer, par
exemple, la valeur d’un joueur, toutes catégories d’ages confondues,
m’apparaît assez compliqué. D’un autre côté, je me dis que je ne suis
pas plus bête qu’un autre, surtout que je reste dans mon domaine de prédilection,
le football. Ce qui me plait vraiment, dans la proposition de Bordeaux, c’est
de cumuler plusieurs fonctions.
De quelle image pensez-vous bénéficier dans le monde du football ?
Depuis mon retour en France, les joueurs m’ont témoigné beaucoup de respect,
soit dans leurs déclarations, soit par des petits mots sympas pendant les
matches. L’exemple le plus touchant, c’est d’entendre Luis Fernandez évoquer
des possibilités de reconversion au sein du PSG, un club qui a compté dans ma
carrière et me laisse un grand souvenir. Malheureusement pour Luis, je m’étais
déjà entendu avec Dominique Imbault et les autres dirigeants. Bordeaux est un
grand club et c’est en Gironde que sont mes racines.