Le bon et la bête

Roger Blackburn

Le Quotidien

Le hockey est une des rares disciplines sportives où le talent ne peut s'exprimer librement. Les Saguenéens de Chicoutimi de la Ligue de hockey junior majeur du Québec comptent sur un joueur talentueux qui sort de la masse et qui coiffe la majorité des joueurs de cette ligue devant le filet. Il s'appelle Pierre-Marc Bouchard et fait bondir les spectateurs à chacune de ses sorties sur la patinoire.

C'est en se faisant taper dessus par d'autres joueurs pour l'empêcher de jouer que cette vedette évolue dans cette ligue.

Dans le Quotidien d'hier, le collègue Stéphane Bégin écrit que les Remparts de Québec voulaient démolir Pierre-Marc Bouchard... Martelé à coup de poing et de coude... Un match vicieux... Bouchard a quitté le visage en sang... Bégin ne décrivait pas un match de boxe mais une partie de hockey.

«Depuis le retour des fêtes je suis plus surveillé et je reçois des coups de partout» de dire le jeune hockeyeur à l'issue de la rencontre.

Sport malade. Sport de malades. Ce n'est pas nouveau, le hockey s'est toujours joué ainsi. Je revois encore John Ferguson du Canadien de Montréal casser la gueule du joueur étoile des Black Hawks de Chicago, Bobby Hull. Je revois Rick Jodzio se ruer sur Marc Tardif des Nordiques de Québec et je revois les scènes disgracieuses d'un certain Vendredi Saint alors que les Nordiques et les Canadiens nous ont fait voir ce que le hockey avait de plus imbécile à offrir.

Imaginez deux secondes si Tiger Wood se faisait déranger régulièrement par les autres joueurs de golf pour le déconcentrer. Imaginez une équipe de basketball engageait un «goon» pour sacrer une volée à Michaël Jordan ou une écurie de Formule Un qui embauche un pilote de dernier ordre pour expédier Michaël Shumacker dans le décor en lui fonçant dedans avec sa voiture.

C'est ce que le hockey fait avec ses bons éléments. Les propriétaires embauchent des bêtes pour envoyer les bons dans le décor.

Le Quotidien, 10 Janvier 2002


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