Des changements majeurs s'imposent chez les Sags

Par Éric Emond

 

C'est la phrase qu'on a le plus entendu au centre Georges-Vézina au cours des derniers mois.  "Il faut qu'il se passe quelque chose."   Effectivement, il devra y avoir des changements majeurs chez les Saguenéens si on veut que Chicoutimi redevienne l'une des bonnes concessions de la LHJMQ.

On ne perdra pas trop de temps à analyser la saison qui se termine aujourd'hui à Québec.  Il n'y a qu'un qualificatif qui convient:  atroce.  Peu importe les statistiques, c'est de loin la pire campagne de l'histoire du club.

Avez-vous remarqué à quel point les Sags ressemblent de plus en plus aux Expos?   Dans les deux cas, nous avons une organisation boudée par la population, une organisation totalement absente de la communauté, une organisation qui éprouve des difficultés sur le plan sportif et une organisation qui se départit de ses meilleurs joueurs.

Personnellement, j'estime que la transaction réalisée en janvier par Marc Tremblay avec le Titan d'Acadie-Bathurst est le signal d'alarme qui annonce qu'il faut réagir.

Tout le monde s'entend pour dire que la transaction n'a pas de sens.  Je demeure aujourd'hui convaincu que des joueurs du Titan, Éric Bétournay et Martin Lavergne, s'en viennent à Chicoutimi (en retour des choix de première et deuxième rondes obtenus du Titan en janvier).  Ensuite, ce sont les rumeurs.  Ca prendrait trois pages pour écrire toutes les histoires entendues.  Ca part de la possibilité que Léo-Guy Morissette s'en vienne à Chicoutimi à titre d'actionnaire jusqu'à celle qui dit que Morissette a acheté une concession de la chaîne Super Frite.

L'argent

On ne saura sans doute jamais les dessous de cette transaction, mais derrière toutes ces rumeurs, il y a une constance:  l'argent.

Marc Tremblay est un homme d'affaires reconnu, tout le monde s'entend là-dessus.   Par contre, la stratégie qu'il adopte pour gérer son équipe de hockey ne correspond plus aux réalités du hockey junior d'aujourd'hui.

On ne vous fera pas de cachette.  Avec les Voltigeurs de Drummondville, les Sags sont aujourd'hui les enfants pauvres de la ligue.

Quelques semaines avant d'être échangé, un joueur qui évolue aujourd'hui à Bathurst s'était confié.

"Ca n'a plus de sens, racontait-il.  On est rendu avec les restants des autres clubs.  On dirait que le club est toujours au dernier cent.

"Nous avons eu des vestes d'hiver aux couleurs de l'équipe, mais nous avons été obligés de les payer."

Les Sags n'ont pas d'argent pour embaucher un directeur général, pour embaucher une vraie équipe de dépisteurs, pour envoyer quelque'un aux Jeux du Canada pour évaluer les meilleurs espoirs, pour aller chercher les meilleurs joueurs européens.  Encore là, la liste est longue.

Aujourd'hui, dans la LHJMQ, il faut mettre le prix pour offrir un produit convenable.   C'est cela où on obtient une équipe de dernière place comme sont devenus les Sags depuis deux ans (il ne faut pas oublier que Chicoutimi a la pire fiche du circuit depuis Noel 1997).  Ce sera la même chose l'an prochain et probablement aussi dans deux ans.

Le milieu

Même si les gradins sont vides, je demeure convaincu que Chicoutimi est une bonne ville de hockey.

Comme les Expos, les Sags ont brûlé leurs partisans.  Il y a eu les chicanes avec la ville puis la vente de choix au repêchage, de joueurs et, finalement, les transactions inexplicables.

Comme les Expos, aussi, les Sags n'ont pas fait les efforts pour attirer la clientèle.   Il faut aller chercher le client et pour cela, il faut des campagnes efficaces de marketing.  C'est faux de dire que les gens vont venir si l'équipe est bonne.   Il faut plus que cela, il faut les convaincre que ca vaut la peine d'investir 20 $ pour une soirée de hockey.  En septembre, on a annoncé que Luc Tremblay s'occuperait dorénavant de la promotion de l'équipe.  Il était au centre Georges-Vézina lors de la première partie.  On ne l'a jamais revu...

Le hockey junior n'est plus très fort à Chicoutimi.  Faites l'exercice, essayez de convaincre vos amis d'acheter un abonnement saisonnier.

Il n'y a pas un endroit où le hockey junior était plus mort qu'à Québec.  Les Remparts ont disparu puis ils ont été remplacés par les Harfangs, un club qui ne volait pas très haut.  Depuis qu'un groupe dynamique dirige le club, les Remparts représentent l'exemple à suivre.

Trois options.

Alors, qu'est-ce qu'il faut faire à Chicoutimi?  Marc Tremblay a trois options.

La première, c'est de modifier complètement son approche, d'accepter d'investir plus d'argent.  Un premier pas serait d'embaucher au moins un homme de hockey qui travaillerait à donner un coup de main aux entraîneurs.

La deuxième option, c'est que Marc Tremblay trouve quelqu'un qui amènerait de l'argent neuf dans l'équipe.  Que ce soit Léo-Guy Morissette ou un autre, peu importe.  Cet argent ne doit pas aller dans les poches du propriétaire.  Ces montants doivent plutôt être investis pour aller chercher les meilleurs joueurs et pour redonner le goût aux gens de la région d'encourager leur équipe.

La dernière option, c'est celle du bon citoyen.  Si  Marc Tremblay ne peut ou ne veut pas changer sa facon de faire, il doit permettre à quelqu'un d'autre de tenter sa chance.  Qu'il vende le club à qui il veut, au prix qu'il voudra.

Du moment qu'on retrouve une vraie équipe de hockey au centre Georges-Vézina.

 

Le Réveil de Chicoutimi, 14 Mars 1999.


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