Des partisans échaudés reviennent au centre Vézina

Bertrand Tremblay

Le Quotidien

Les Saguenéens poursuivent résolument leur redressement. Trois ans après la transaction historique avec le Titan d'Acadie-Bathurst qui avait provoqué l'écœurement des partisans, les assistances gonflent tranquillement.

C'est même l'équipe régionale qui enregistre la plus haute hausse aux guichets de toute la Ligue de hockey majeur du Québec. La moyenne, depuis le début de la présence campagne, se chiffre par 1906 par match. Il faut reconnaître que la fidélité des amateurs avait touché le fond du baril au cours des trois dernières saisons alors que l'équipe évolua, certains soirs, devant des estrades occupées par quelques grappes clairsemées d'irréductibles partisans.

L'organisation avance lentement mais sûrement. Elle espère retrouver l'affluence de la grande épopée des Guy Carbonneau et autres anciennes vedettes. Le Centre Georges-Vézina était alors aussi rempli que l'aréna de Rimouski à toutes les rencontres. Il faut une assistance moyenne de 2500 spectateurs pour atteindre la rentabilité. Le coût annuel d'exploitation d'une équipe junior majeur oscille autour de 700 000 $.

Heureuses initiatives

Si les amateurs reviennent de plus en plus nombreux à l'amphithéâtre du boulevard de l'Université, il faut aussi en attribuer le mérite à un marketing mieux adapté. La majorité des parties sont radiodiffusées sur les ondes de CKRS. La proclamation du joueur du mois se fait chaque fois dans une ville différente et on multiplie les occasions de présenter les membres de l'équipe aux étudiants.

Une atmosphère de fête enrobe chaque soirée de hockey junior majeur au Centre Georges-Vézina. Certes, la musique rock et le son strident des trompettes agacent les plus âgés, mais les jeunes en raffolent et comme ils composent la clientèle de la relance, il faut bien composer de bonne grâce avec leurs préférences.

Quoi qu'il en soit, la foi des partisans est maintenant récompensée. L'équipe paraît encore parfois bien mal quand elle affronte un regroupement de joueurs au gabarit imposant comme ces Mooseheads d'Halifax qui sont venus briser, mercredi soir dernier, avec leur robustesse provocante, une séquence victorieuse amorcée avec trois victoires sur la route. À l'instar de la majorité des autres formations du circuit Courteau, les Saguenéens ne parviennent pas non plus à dégainer aussi rapidement que les fluides patineurs des Cataractes de Shawinigan. Mais ils y parviendront éventuellement.

Le phénomène Pierre-Marc Bouchard

Néanmoins, ils progressent. La transaction maudite de décembre 1998 a quand même fait très mal. Après avoir été dépouillée de ses meilleurs éléments, l'équipe subit encore les foudres de la Ligue. En plus d'acquitter une lourde amende, elle a perdu, jusqu'à 2003, ses deux premiers choix de repêchage. On espère toujours que le président Gilles Courteau, qui jouit maintenant d'une autorité comparable à un commissaire du baseball majeur, allégera la peine dans un esprit de justice.

Malgré ces embûches, les nouveaux dirigeants ont fait du bon travail en peu de temps, inspirés par la volonté de vaincre qui a toujours animé le président Guy Carbonneau. L'équipe aligne en Pierre-Marc Bouchard un athlète d'une habileté exceptionnelle. À 17 ans, ce Sherbrookois de naissance multiplie les exploits. Il figure en cinquième place chez les pointeurs et la direction de la ligue lui a décerné la palme du meilleur joueur offensif de la dernière semaine. Des compagnons comme Pierre-Alexandre Paranteau, Éric Bétournay et Christian Larrivée notamment méritent aussi de figurer au palmarès des vedettes.

L'amateur formule le souhait que la direction puisse recruter, au cours de la prochaine période des transactions fixée en fin de décembre, un ou deux colosses pour protéger Pierre-Marc Bouchard et les autres contre les assauts déstabilisateurs des armoires à glace du circuit.

Le Quotidien, 8 Décembre 2001


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