Lettre à Marc Tremblay
par Serge Emond
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Tu me permettras de te tutoyer. On se connaît depuis le moment où tu as mis les pieds
dans le monde du hockey junior.
Le hockey junior et principalement les Saguenéens de Chicoutimi ont pris beaucoup de
place dans ta vie dans les dernières années. À un niveau différent, je peux en dire
autant.
Dix-neuf saisons. J'ai suivi les activités de cette équipe au cours des dix-neuf
dernières années.
Depuis la saison 1980-81, j'en ai vu de toutes les couleurs. J'ai connu les moments de
crise, la ronde des entraîneurs, le passage des joueurs d'impact, les changements de
propriétaires, les trois marches de l'équipe vers le tournoi de la coupe Memorial,
etc... J'ai aussi connu les années au cours desquelles les Saguenéens de Chicoutimi
étaient regardés avec envie par la majorité des autres organisations de la Ligue de
hockey junior majeur du Québec.
Voilà justement l'objet de cette petite lettre. Je n'ai plus l'impression que les
Saguenéens de Chicoutimi font l'envie des autres équipes. Ton organisation a besoin d'un
coup de barre pour retrouver son image et surtout la confiance des amateurs qui ont
toujours le hockey junior à coeur.
J'ai rencontré un monsieur au centre commercial, il y a quelques jours. Le monsieur en
question est un vrai partisan. Il possède son abonnement depuis les premiers jours. Il
n'a pas encore renouvelé cet abonnement en prévision de la saison 1999-2000. Il attend.
Il attend les événements des prochains mois et espère un geste qui lui permettra
d'avoir confiance en l'avenir.
Je ne veux pas être méchant mais la saison 1998-99 a sans doute été la moins agréable
des 19 dernières. Je ne veux même pas revenir sur l'absence des amateurs, le
congédiement des entraîneurs ou le cadeau que tu as fait au Titan d'Acadie Bathurst. Tu
sais déjà ce que j'en pense. J'espère pour les partisans de l'équipe que l'avenir te
donnera raison. Quand je parle de la saison la moins agréable, je fais allusion à toute
l'ambiance qui a entouré l'équipe durant ces longs mois. Je n'ai jamais connu une année
où les gens qui font partie de l'équipe ont eu aussi peu de plaisir.
Je sais, les temps ont bien changé. Plusieurs formations sont maintenant entre les mains
de propriétaires qui dépensent sans compter et il n'est pas facile de lutter contre
Ameublements Tanguay, Irving ou le gardien de l'Avalanche du Colorado.
Je suis conscient également qu'un match de hockey junior majeur n'est plus l'événement
qu'il a déjà été au Saguenay-Lac-Saint-Jean. En revanche, je reste convaincu qu'il a
encore sa place à Chicoutimi. Il faut cependant être conscient qu'une équipe junior
majeur ne roule plus avec seulement deux ou trois personnes à sa tête.
Bien sûr qu'il y a de l'espoir. Regarde à Sherbrooke. S'il y a une équipe qui en a
arraché dans les dernières années, c'est bien celle des Castors.
S'il faut aujourd'hui prendre conscience qu'on doit suivre les nouvelles règles du jeu,
il existe certainement des moyens pour replacer le hockey junior à Chicoutimi sans avoir
à dépenser une fortune. Un changement de propriétaire? L'arrivée d'un copropriétaire?
L'embauche d'une ou deux personnes d'expérience pour appuyer tes entraîneurs? La
confirmation, en juin prochain, que ta transaction avec le Titan aura finalement été
profitable aux Saguenéens? Un véritable travail de marketing?
Je n'ai pas la prétention de connaître le remède parfait. C'est à toi de redonner vie
à une équipe qui a connu, il n'y a pas si longtemps, des moments extraordinaires. Les
partisans attendent un geste.
«Tu ne seras pas là quand nous gagnerons la coupe du Président», m'as-tu lancé il y a
quelques jours. C'est la grâce que je souhaite.
Là-dessus, je te laisse. On se reverra dans les gradins du centre Vézina la saison
prochaine. En espérant que le hockey junior à Chicoutimi aura alors retrouvé tout son
charme.
LE QUOTIDIEN, le Vendredi 9 Avril 1999