Amendes de 100 000 $ et suppression de premiers choix
SaguenéensetTitan:coupables!
Paul-Armand Girard
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MONTREAL (PAG) - Le verdict est tombé hier à la suite de l'enquête conduite par le président de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Gilles Courteau, relativement au fameux échange réalisé le 29 décembre 1998 entre les Saguenéens de Chicoutimi et le Titan d'Acadie-Bathurst. Dans un communiqué laconique émis par la LHJMQ sur le coup de 17h33, hier, il est précisé que le club de hockey le Titan d'Acadie-Bathurst et le club de hockey les Saguenéens de Chicoutimi ont contrevenu aux règlements de la LHJMQ et plus particulièrement à l'article 2.16.8.1, en effectuant, le 29 décembre 1998, un échange qui fut complété ultérieurement, et ce pour une considération autre que celles prévues audit article 2.16.8.1.
Cette décision du président de la ligue fut ratifiée ce jour (le vendredi 17 décembre 1999) par le Bureau des Gouverneurs de la LHJMQ, réuni en assemblée spéciale.
De ce fait, les sanctions ci-après s'appliquent: 1) 100,000 $ d'amende, à chacune des deux équipes concernées; 2) perte, pour chaque équipe, de son choix de première ronde pour les séances de sélection de la LHJMQ de juin 2000 et de juin 2001.
Le 31 octobre dernier, Gilles Courteau annonçait qu'il désirait faire toute la lumière une fois pour toutes sur ce dossier, après une dizaine de jours de réflexion et de demande de documents.
Transaction
Le 29 décembre 1998, les Saguenéens de Chicoutimi avaient libéré le trio de Marc Bouchard, Ramzi Abid et Mathieu Benoît, ainsi que les défenseurs Jérôme Dumont et Jean-Sébastien Trudelle en faveur du Titan d'Acadie-Bathurst.
Les Saguenéens avaient accueilli en retour les joueurs Jonathan Francoeur, Jean-Philippe Soucy, Alexandre Morel, Eric Collin, de même que trois hockeyeurs en provenance du junior AAA, nommément Jean-François Bélanger, Patrick-Olivier Mailhot et Eric Laurendeau. En prime, des choix de deuxième, de quatrième et de sixième rondes en 1999, les choix de première et de deuxième rondes en 2000 étaient greffés à la transaction.
Dans les semaines qui suivirent, le nom de David Girard a été substitué à celui de Jean-Philippe Soucy, alors que Alexandre Morel était échangé pour Sébastien Lucier. Pour leur part, Vincent Dionne et le quatrième choix accordé aux Saguenéens étaient cédé aux Wildcats de Moncton. Dans le même temps, Joey D'Amico se retrouvait à Chicoutimi.
Cette transaction n'étant pas complétée... tout à fait, elle le fut en juin dernier, à l'occasion de la séance de repêchage de la LHJMQ, à Québec. Les Saguenéens ont alors acquis Eric Bétournay et Bryan Dubé mais devaient céder au Titan leur deuxième choix de 1999 et leur premier choix de 2000 pour que la transaction soit valide. Rappelons que les Saguenéens avaient aussi réclamé Alain Chenard lors de cette séance, soit un choix de quatrième ronde qui appartenait au Titan.
Verdict
Le 11 décembre, le président de la LHJMQ, qui avait signifié dès le départ son intention de taire toute information durant son enquête et de ne pas établir de communication directe avec les médias, se manifestait pour la première fois depuis le 31 octobre.
À notre collègue Stéphane Bégin, qui lui répétait que plusieurs personnes avaient mis en doute cette transaction, estimant que les Saguenéens de Chicoutimi s'étaient fait passer un beau sapin quelques jours après Noël 1998, Gilles Courteau avait déclaré: «Moi aussi, j'ai hâte que l'on passe à autre chose. Mais une enquête, c'est une enquête. C'est la première dans l'histoire de la LHJMQ. Il faut bien faire les choses. En raison des éléments dans le dossier, nous ne pouvons prendre cette affaire à la légère. Quant au fait que des gens croient que l'enquête ne donnera rien, je citerai l'exemple du ministère du Revenu qui enquête dans une entreprise. La moitié des gens croient qu'ils ne trouveront rien et l'autre pense le contraire. C'est une réaction normale. Mais l'investigation va être faite de façon sérieuse.» Du même souffle, le président de la LHJMQ laissait entendre qu'il ignorait combien de temps additionnel il aurait à consacrer afin de terminer son enquête. Gilles Courteau n'a pas mis trop de temps à agir.
Le verdict est tombé hier.
Le Quotidien, 18 Décembre 1999