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| "La rentrée explosive des serial killers" (JDD , 11/09/1995)
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Léon n'oublie jamais de trimbaler entre deux chambres d'hôtel sordides
sa plante, "sa seule amie parce qu'elle ne lui pose jamais de questions"
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Ron, un télé-reporter qui filme Los Angeles la nuit, perpétuellement à
la chasse au scoop sanglant, a tranquillement expliqué : "Je filme la mort en direct,
parce que le sang, ça fait grimper l'audimat. Le mieux, c'est l'incendie où il y a des morts. L'enfant qui pleure n'est
pas mauvais non plus. Des états d'âme? L'excitation. La fascination. Et le besoin de fric..."
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Luc Besson raconte : "Léon est un tueur. Un de la pire espèce. Il
est introuvable, indétectable, pire qu'un sous-marin. Son ombre est comme une menace permanente sur New York."
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Besson : "La violence de Léon n'est pas une violence gratuite. Elle est
un des éléments forts du scénario mais elle n'est là que pour servir l'histoire"
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Besson : "...en France, on méprise le film populaire. On préfère les intellos. J'en ai connu des intellos. Il y a de
vrais auteurs, il y a encore plus d'escrocs"
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Besson : "Où ils sont les parents? S'ils s'occupaient mieux de leurs enfants, il y aurait
moins d'ados killers.Ce sont les adolescents qui se suicident, pas
les parents qui ne comprennent rien et de toute façon ne cherchent pas à comprendre. La violence, elle aussi a
toujours existé."
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Besson : "Tandis que ce qu'il voit chaque soir au journal télévisé,
ça il sait aussi que ce n'est pas du cinéma mais que c'est la vie. Et qu'elle est effrayante. Bien plus perturbante
que n'importe quel film. Arrêtons de fermer les yeux."
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Besson : "Il est seul.
Perdu. Il donne la mort mais pour lui la mort n'a pas d'importance. Elle est quotidienne. Elle fait partie de la vie. Il tue comme les
enfants s'amusent à jouer à la mort. Léon s'est gardé de grandir. Lui aussi est mort. Comme il
arrive à chacun de nous. On déprime le matin, le soir on est heureux. Pourquoi? C'est ça que j'ai voulu
montrer, ces moments où l'on fait du sur-place. Qu'est-ce qui nous redonne de l'énergie? L'envie de revenir
à la vie?"
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[21Ko]
| "Le défi américain de Luc Besson" (Aujourd'hui , 14/09/1995)
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Besson : "je pense que, même dans le plus profond des noirs, il y a toujours une petite fleur qui va pousser.
C'est ça, le vrai message du film."
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Pourtant, au bout de la feraille froide et luisante des canons, Luc Besson, dans "Léon", accroche une sorte
de reflet tenace qui résiste au désespoir. Voilà bien longtemps, on le sait, qu'il y a quelque chose de
pourri au royaume des hommes; mais, chez Besson, la ville s'obstine à veiller sur ses princes, qui sont, comme par
hasard, des enfants.
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| "Les créatures du sixième jour" (Le Monde , 15/09/1995)
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Après le bain de sang, Mathilde s'introduit chez Léon, s'installe, s'impose. Et, tranquillement, dérègle
l'équilibre organique du squale. Elle en fait un homme. Et, pour le cinéma, un personnage.
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Besson vit et filme dans un monde où rien n'est donné, où rien n'existe déjà, sinon un désordre
meurtrier et incompréhensible, qu'il déteste et fuit (quitte à se réfugier dans le néant)
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Le monde des vivants est atroce, il est méchamment cinglé, c'est celui de Gary
Oldman. A l'écart de ce monde-là et contre lui, mais ensemble, Léon, le grand mort, puissant,
précis et méticuleux et Mathilde, la petite morte gracile et palpitante, vont fabriquer une étincelle de vie.
Par le jeu, la séduction, l'apprentissage du langage : dans la fabrication en commun d'une socialité
.... chacun échangeant avec l'autre sa part d'enfance et son lot de douloureuse sagesse ancienne
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Léon est un film misanthrope, mais pas désespéré. Il affirme qu'il y a de la vie quand même, et du futur.
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