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Les élans du coeur


Onze ans

Onze ans à peine, un îlot qui grandit dans le silence froid des jours et des nuits alors que lui, se sent ailleurs et tellement petit dans ce monde où l'on compte sur lui et où les mots qu'on s'y dit sont vides d'amour ou de poésies fleuries. Dans leur ciel nocturne de plein midi, trois étoiles qui en attendaient trois autres, se tenaient par la main et pour se sentir bien, se construisaient des rêves d'enfants, auxquels on ne leur donnait pas droit et qu'ils devaient cacher à tout prix pour ne pas que les ténèbres puissent les leur voler.

Elles étaient riches de se tenir la main et de se dire, près des arbres tombés dont il ne restait plus que les pieds, leur reste ayant été coupé puis brûlé... "Quand nous serons grands, nous bâtirons des ponts et nous vivrons ensemble de meilleures saisons". Dans ma petite tête d'enfant malmené Il y avait plein d'idées, toutes mêlées, que des gardiens d'étoiles faisaient avorter. Je nageais pour ne pas sombrer dans le gouffre de vide et d'immensité de cet univers entouré de barbelés. Les jours moins gais, moins beaux, plus gris il m'arrivait souvent pour me consoler,de ne plus m'écouter exister et de faire semblant de fuir. Je me mettais à courir et me perdais dans des rêves pour des grands...

Mes fantasmes m'entouraient de leurs bras de satin et me faisaient entrevoir des matins qui au fond n'étaient peut-être pas très loin. J'imaginais qu'il puisse ailleurs, pouvoir vouloir pousser des fleurs. Sans te connaître ni sans même savoir qui tu allais être, je pensais déjà à toi et tu me manques, encore aujourd'hui alors que j'ai un peu grandi. Tu étais fillette et j'allais pouvoir t'aimer, te le dire, te le faire sentir et te le prouver. Moi j'allais t'aider à grandir et t'expliquer ce qu'il ne fallait pas dire à une étoile pour l'empêcher de prendre sa place dans la galaxie et de pouvoir le soir, briller dans le firmament.

J'allais pouvoir te prendre sur mes genoux te tenir dans mes bras, te serrer par le cou et t'embrasser partout, afin que tu te sentes aimée. J'allais t'enseigner tout ce que la vie m'avait appris. J'avais onze ans et il fallait déjà que je sois grand. J'ai beaucoup rêvé de toi tu sais...

Bien que je n'aie jamais su quel était ton nom, j'entendais très souvent ta voix. J'avais vu tes yeux et je les aimais beaucoup. Tu étais toute menue, fragile, modeste et très gentille. Tu étais belle à ravir, je voulais tout te raconter et je savais que tu me comprendrais et que tu n'allais pas te moquer de moi si jamais, il t'arrivait de me voir pleurer. Pour nous j'allais bâtir un empire, où tu serais ma reine et moi ton roi. Tu allais partager ton lait avec moi et corder le bois que j'allais couper...

Je voulais bien croire que toi et moi ça serait différent de nos parents, de ce qu'ils avaient été durant ces onze années. J'ai aussi rêvé d'un compagnon avec qui on m'aurait donné du temps pour jouer. Un garçon à qui j'aurais prêté tous les jouets que j'avais dessinés. Peut-être bien, que cet autre enfant, c'était moi alors que j'ignorais encore qui j'étais... Peut-être est-il encore temps de jouer peut-être est-il encore temps de rêver? Maintenant je me suis retrouvé et j'ai encore le goût d'être aimé.

Malherbe DesChamps



[La Page à BOUCAN].Copyright © 1997 par [Claude Guidi].

Revisé:.21/07/99