C'est le corps ici, et le coeur dans un autre pays, que je regarde mon amie la Lune. Son regard aimant et tendre me dit qu'ailleurs, le soleil s'en va. L'indicible est à la pointe de ma plume et l'interdit m'interroge.

Je lève la tête et je questionne cette dame de miel. D'où vient ce tourment? Je sens mon coeur plus vivant, ma peau plus sensible et mes pensées se sont teintées de bleu. Du bleu du ciel parsemé de nuages, de l'océan mousseux, de ses marées et d'un regard qui est si lointain.

Ce soir la Lune me sourit, ses lèvres me disent que bientôt, elle lui sourira aussi. Lune, dis-moi s'il regarde vers toi, sauras-tu lui murmurer les pensées qui me hantent ce soir? Du plus profond de mes rêves, je lui parle de moi, je m'approche du ciel pour avouer mes désirs intimes.

Madame la Lune, vous qui le voyez, protégez-le de l'oubli et mettez dans ses rêves ma présence. Donnez-lui aussi les gouttes de mes yeux, celles qui glissent à l'idée de ne pas être à lui et si vous le pouvez, choisissez-en une qui soit plus claire et plus limpide que les autres, et dans son sommeil, déposez-la sur ses lèvres comme un baiser oublié dans la nuit.

De tous les mots que je vous dis de lui, prenez le plus noble, le plus juste et comme s'il s'agissait d'une pierre rare, mettez-la à son cou. Alors dans son sommeil, il portera un peu de moi sur sa poitrine. Couvrez-le de ma douceur et faites qu'il ne se réveille pas avant que je m'endorme.

(A.G. R.)