Quelque part.
Au milieu de nulle part
Là où, l'inuk redevient prédateur.
Spectatrice, suis-je, devant l'ampleur.
Langage que je ne saisis point.
Parlant des eaux.
Du vent et du froid.
Langage d'instincts
Que je ne maîtrise pas.
Impuissante, suis-je, devant la pluie
A la merci des éléments
Loin de cette terre que j'ose appeler mienne
Relatant mes exploits et ceux de mes parents
Croire posséder le langage du monde
Pour se rendre compte.
Une infime partie seule nous est connue
Le reste à découvrir au gré de ses peuples
Main dans la main
Chasseurs de marées, avaleurs de rêves
Dompteurs d'ouragans
Fascinée, suis-je, par ce monde de glace
Transie, je me surprends à crier Au chaud !
Rêves d'odeurs familières et de vêtements secs
Mon langage me sursurre aux oreilles
Il chante d'arbres verts et de macadam...
Ecrit quelque part sur la Baie
d'Ungava, 4 juillet 1998