Les Caron d'Amérique - Robert en tête.
Caron: Forme savante du nom d'un saint chartrain du cinquième siècle, tué par des truands (nom gaulois).
La forme populaire française est Chéron, d'où est venu la forme hypocoustique Carot.
Chéron est un ancien nom de baptême du cinquième siècle.
Dérivés: Chéronnet, Chéronneau.
Hypocoustique: Chérot, Chéret, Chereau.
Un hypocoustique est un terme d'affection formé à l'aide du suffixe et par redoublement: Ex: fifille.
Plusieurs Caron ont émigré de France aux 17ème et 18ème siècles afin de s'établir en Nouvelle-France, en permanence ou temporairement.
Robert Caron est le plus ancien de tous et il est à la tête de la plus nombreuse des quelques souches de Caron. Lui et son frère Jean, si l'on en croit un texte attribué à Jean Talon, sont arrivés à Québec, le 4 juin, 1634, en compagnie de Robert Giffard et d'un groupe de colons pour la plupart percherons.
Malheureusement, on ne sait, au juste, d'ou vient Robert Caron. Quelques-uns disent de l'Aunis ou de la Bretagne, d'autres, comme le père Déziel croient qu'il origine de Saintonge, d'autres qu'il origine de Mortagne.,
Cette incertitude vient du fait que le contrat de mariage de Robert Caron a brûlé parmi les régistres de l'état civil et les actes de notaires dans l'incendie qui, le 15 juin 1640, consuma la chapelle Notre-Dame de la Recouvrance, où étaient conservés les papiers officiels. Toutefois, l'acte de mariage de sa fille Marie laisse à entendre que son père était originaire de La Rochelle. Déziel croit, quant à lui, que Robert Caron serait né à Saintonge, en 1612 et qu'il serait parti de Dieppe, le port de la Rochelle ayant été fermé sur ordre de Richelieu, entre 1628 et 1641.
Une couple d'années en Nouvelle-France ont suffi à Robert Caron pour obtenir quelques biens, puisqu,il s'est fait attribuer une concession par Pierre le Gardeur de Repentigny, seigneur d'une partie de la Côte de Beaupré et il s'établit aussitôt au delà du Saut Montmorency au lieu appelé la Longue Pointe.
Il se marie le 25 octobre 1637, à Marie Crevet, fille de Pierre Crevet et de Marie Lemercier, de la paroisse de Benouville, diocèse de Bayeux, en la chapelle Notre-Dame de la Recouvrance.
"Le 25 octobre 1637, le bancs ordinaires étant faiets et ne s'étant trouvé aucun empeschement, le père Charles Lallemant, jésuite, faisant fonction de curé à Québec, après avoir interrogé, ouy et reçu le mutuel consentement, a solennellement marié et conjoint dans les liens du Saint Mariage, Robert Caron et Marie Crevet en présence de Jamen Bourguignon, Noel Langlois et Robert Giffard, chirurgien".
Etabli au-delà du Sault Montmorency à un endroit appelé la Longue-Pointe, Robert Caron ne resta pas longtemps à cet endroit. L'isolement, l'ennui, le découragement et la crainte des Iroquois le forcèrent à le quitter. Le 4 octobre, 1642, il cédait à Guillaume Couillard, de Québec "une maison size à ladite Longue-Pointe, ainsi qu'elle se poursuit et comporte, et toutes les terres désertées et à déserter… moyennant la somme de 150 livres en argent".
L'acte de vente fut passé au fort Saint-Lous à Québec, en présence de Guillaume Tronquet et d'un Michel Caron (greffe de Piraule, notaire).
La concession où s'établit Robert Caron au côteau Sainte-Geneviève, à Québec, était située entre celle de Louis Sédillot, qui devint un grand ami, à l'est et celle de Claude l,Archevêque à l'ouest. La population de Québec n'atteignant alors qu'un peu plus de 300 personnes et le petit groupe du côteau ne comptait que 10 familles, dont celles de Henri Pinguet, de Jean Bourdon et de Noel Morin.
Dès le printemps 1643, Robert Caron s'adonne à un nouveau défrichement au côteau Ste-Geneviève où il vient d'arriver. Il se trouve au milieu d'un groupe dont le chef est Jean Bourdon, procureur-général et ingénieur. Ce dernier n'était pas seigneur mais il en jouait le rôle. Le côteau se localise dans la partie ouest de la paroisse actuelle de St-Jean-Baptiste de Québec. Cette partie de la haute-ville était nommée "le belvédère". Bourdon y avait son manoir, une chapelle et un moulin. Bourdon est celui qui traça les premières rues de Québec et c'est sa veuve qui accueillait les "filles à marier".
Robert Caron semblait apprécié des chefs du pays et la compagnie des Cent Associés lui attribuait le tître de propriétaire de 40 arpents en 1649; auxquels s'ajoutèrent 20 arpents en 1651, tel que confirmé par Monsieur de Lauzon.
Le 26 mai, 1654, il vend sa terre du côteau Ste-Geneviève, à Charles d'Ailleboust des Musseaux pour 1700 livres. Il avait acheté, le 27 mars précédent, de Julien Fortin, sieur de Bellefontaine, pour 500 livres, une concession de 5 arpents de front sur une lieue de profondeur dans la seigneurie de Beaupré. Il avait choisi une terre localisée à un mille de l'endroit actuel de la basilique. Il y retrouvait les ancêtres des Fortin, Mercier, Poulin, Lessard et Bouchard. Il avait déjà six enfants dont quatre fils. Deux ans après son arrivée sur la Côte de Beaupré, il accordait la main de Marie, 17 ans, à Jean Picard. Le lieu de Ste-Anne-de-Beaupré était à l'époque, considéré comme éloigné et isolé. Marie, quatre ans après son mariage, devait d'ailleurs périr aux mains des Iroquois, selon ce qu'on raconte.
Un mois après les fiançailles de Marie, Robert Caron mourait à l'âge de 44 ans:
"Le 8 juillet 1656, fut enterré au cimetière Robert Caron mort à l'Hôpital, après avoir reçu heureusement saintement tous les sacrements". (acte de sépulture).
Marie Crevet, elle-même agée de 45 ans, se vit contrainte de confier ses deux ainés, Jean-Baptiste et Robert (15 et 11 ans) à des amis de Québec., Elle s'installa avec les plus jeunes à Château Richer. Elle y reçut la confirmation de Monseigneur de Laval, en 1660.
En 1666, après dix ans de veuvage, Marie Crevet épouse à Ste-Anne de Beaupré, Noel Langlois, veuf de Françoise Garnier. Six ans plus tard, sa fille Aymée épouse Noel, fils du beau-père.
En 1681, Marie Crevet et Noel Langlois demeurent depuis huit ans à Beauport, avec Aymée et Noel fils. Ils ont 17 bêtes et 30 arpents en culture. Les autres enfants sont dispersés.
Marie Crevet, retirée à Baie-Saint-Paul chez sa fille Catherine, décède le 22 novembre,1695, à l'âge de 86 ans.
En 1673, les trois plus jeunes fils, Robert, Joseph et Pierre sont sur la terre paternelle. La mère et les enfants mariés ont alors renoncé à tout droit de succession à venir en faveur de ceux-ci. Le 22 décembre de la même année, les trois jeunes Caron se partageaient leur concession, Joseph et Pierre eurent un arpent de front sur toute la profondeur et Robert eut trois arpents de front. Chacun se réservait une terre à bois au-dessus du côteau.
Joseph et Pierre quittèrent la maison paternelle. A l'instar de plusieurs jeunes, ils traversèrent le fleuve. Le 21 septembre, 1677, Pierre obtenait une concession de 6 arpents par 40 arpents dans la seigneurie de Vincelotte, propriété de Geneviève de Chauvigny, veuve de Charles Amiot, commerçant de Québec. Il se retrouve alors à Cap St-Ignace. Le 19 février 1679, il épouse Marie-Michelle Berrnier. Joseph demeure avec lui et travaille comme charpentier. C'est lui qui construisit la première chapelle des Cap St-Ignace. Il épousera la sœur de sa belle-sœur.