Michel Lecours ou Lecourt, - selon les différents régistres, - apparaît pour la première fois comme habitant de Lauzon au recensement de 1681.
On le dit alors âgé de 37 ans, il a 4 arpents de terre en valeur et possède deux fusils.
Il devait pourtant résider dans Lauzon au moins depuis quelques années, car le 19 juin,1667, Jean Joly, boulanger, lui avait vendu la terre quil possédait dans la seigneurie, bornée dun coté à François Grenet (dans le fief de la Martinière), et de lautre à un nommé Adrien, pour le prix de 150 livres tournois, payées en orignaux au prix de 18 sols la livre.
Nous sommes portés à croire quil sagissait de la terre désignée sous le No 1 (au bout de la seigneurie de Lauzon), dans laveu et dénombrement de 1723, alors quelle y est encore mentionnée au nom de Michel Lecours, pourtant décédé avant 1713. Il pouvait toutefois sagir de son fils Michel (1684-1729) qui ly avait peut-être remplacé. Cette terre était à cheval sur la ligne séparant le fief de la Martinière (à lest) de la seigneurie de Lauzon (à louest).
En effet, laveu et le dénombrement, fourni en 1724 pour le fief de la Martinière, situe cette terre de la veuve de Michel Lecours, joignant la ligne de Lauzon.
Elle possède là 1 ½ arpent de terre de front, avec maison, grange, étable, 30 arpents de terre labourable et 2 de prairie, tandis que le dénombrement de Lauzon, lannée précédente attribuait également 1 ½ arpent de front à Michel Lecours (fils) de sorte que nous avons là une terre normale pour lépoque, soit 3 arpents de front sur 40 de profondeur.
Nest-ce pas cette même terre quon dit cependant située entre celles de Pierre Bouvier et de François Grenet, que Michel Lecours père avait tenté de vendre à Pierre Cur, serrurier, de Québec, le 22 avril 1671, mais quil semble avoir été forcé de reprendre, puisquil en était encore propriétaire à sa mort.
Ce serait donc sur cette terre, située en partie dans la Martinière et en partie dans Lauzon, que se trouvaient en 1723 respectivement la veuve de Michel Lecours père et son fils Michel, qui partageaient chacun la moitié de la terre paternelle. Le fils avait donc là (dans la Martinière) 1 ½ arpent de terre de front sur 40 de profondeur avec maison, grange, étable, bergerie et 30 arpents de terre labourable.
Joseph Edmond Roy nous dit que dans la plupart des actes où son nom est mentionné, Lecourt est qualifié de chasseur volontaire, demeurant ordinairement à Lauzon. Il fut, en effet, un grand voyageur, et il accompagna les troupes dans presque toutes les expéditions contre les Iroquois. Nagissait-il pas alors comme chasseur de gibier en cours de route pour nourrir sa compagnie.
Le 17 juin, 1673, étant sur le point de partir à la suite du gouverneur dans une expédition contre les Iroquois, il faisait don de sa terre à sa filleule Françoise Guiet, fille de Jean Guiet; à la charge de la lui remettre sil revenait en vie. Dans le même acte, il donnait à la fabrique de Saint-Joseph, afin de faire prier pour lui, 70 livres que lui devait Gabriel Lemieux. En 1675, il semble avoir voulu abandonner sa vie aventureuse pour sétablir définitivement.
En effet, le 20 novembre, 1675, au greffe de Gilles Rageot, on voit quil signe un contrat de mariage avec Marguerite Guay, fille de Gaston Guay et de Jeanne Prévost. Pour une cause ou une autre, le mariage neut pas lieu et Marguerite Gastonguay épousait quatre ans plus tard Noel Levasseur
Le premier mai 1682, Michel Lecours achetait de Thomas Gasse une terre voisine dAntoine Caddé et qui provenait de Martin Laffilé. Huit jours après, il partait pour un long voyage chez les Outaouais et donnait en cas de mort, les deux terres quil possédait à Michel Guiet (1677-1752) son filleul. Il faisait aussi don, afin de faire prier Dieu pour lui, de :
100 livres à la fabrique de St-Joseph,
300 livres aux récollets,
150 livres aux Jésuites et
100 livres à léglise Ste-Anne de Beaupré.
Le reste de ses biens et tous les profits quil pourrait faire pendant son voyage devaient retourner à Jean Guiet et à sa femme Jeanne Mignon, sil lui survient malheur.
Lecours revint sain et sauf de son expédition. Fils de Julien Lecours et de Marguerite de Benne, de la paroisse St-Gemme, diocèse du Mans, (Maine) il épousa, le 24 novembre 1683, dans léglise de la pointe de Lévy, Louise LeDran, née en 1664, fille de Toussaint LeDran et de Louise Mercier, de la seigneurie de Vincennes à Beaumont.
Son mariage ne lempêcha pas de continuer sa vie aventureuse ordinaire. Le 2 juillet, 1684, il vendait une de ses terres à François Grenet, propriétaire de la terre voisine. Il sagissait apparemment de celle quil avait achetée de Thomas Gasse deux ans auparavant, puisquil était encore propriétaire de la terre no 1 de Lauzon, en 1709.
Dans la campagne entreprise en 1684 contre les Iroquois, la seigneurie de Lauzon fournit une compagnie de cinquante-neuf soldats. Les noms des braves colons qui firent partie de cette campagne ne nous ont pas été conservés. Nous savons cependant que Michel Lecours en était. En effet, on lit dans un acte du notaire Pierre Duquet, en date du 14 juillet,1684, qu'il était prêt de faire un voyage considérable à la suite de Mgr le Général pour la guerre contre les Iroquois, et considérant les dangers qui se rencontreront dans de semblables voyages, Michel Lecours voulut mettre ordre à ses affaires. Il abandonnait à sa femme, Louise Ledran, une somme de quatre mille livres, que lui devait Charles Aubert de la Chenaye (marchand de Québec), à la charge de faire les legs qui suivent :
100 livres à la Chapelle de la Congrégation de Québec,
300 livres aux pauvres de lHotel-Dieu de Québec,
100 livres aux P.P. Jésuites,
100 livres à la paroisse Notre-Dame de Québec,
200 livres à léglise St-Joseph, sa paroisse
100 livres à lÉglise Ste-Anne de Beaupré.
Michel Lecours revint encore une fois sain et sauf de cette expédition du gouverneur de Denonville. Il semble sêtre ensuite définitivement fixé à la pointe Lévy, où il a laissé une nombreuse et respectable lignée, non seulement sous le nom de Lecours, mais aussi sous celui de Lecours dit Barras.
Michel Lecours et Louise Ledran ont eu 11 enfants : Michel, Charles, Marie-Charlotte, Ignace, Elizabeth, Charles-François, Joseph, Marie-Suzanne, Jeanne, Marie-Louise, et Ursule-Jeanne.
Lacte de sépulture de Michel Lecours ne paraît pas avoir été retracé. Aurait-il trouvé la mort dans une dernière expédition, comme celles qui lui avaient été jusque là si chères.
En tout cas, on peut être certain quil était décédé en 1713, puisque sa veuve épousait cette année-là, Jean Poliquin, veuf de Jeanne Adam. Elle avait 49 ans, et lui, 76 ans.