Alors que la plupart des gens rêvent dhabiter une maison centenaire, pleine de
charme et dhistoire, voilà que nous nous rendons compte que la nôtre, située à
1108 rue Commerciale, Saint-Romuald, compte déjà plus de 130 ans.
A la lumière des recherches effectuées un peu partout, jen suis venue à la
conclusion quelle a été construite vers 1840, ou tout près ; libre à celui
ou celle qui voudra prouver le contraire, de le faire, il ou elle éclairera ma lanterne
sur ce que je nai pu trouver.
Cest grâce à la collaboration bienveillante de bons amis, de précieux
collaborateurs, tel : le notaire Aimé Demers, qui ma prêté un livre sur
lhistoire de Saint-Romuald, écrit par son oncle, labbé Benjamin Demers, en
1906 ; à madame Olivette Roy, de Québec, une bien charmante personne, amie de ma
mère et nièce des grands historiens de la province, MM J.Edmond et Pierre-Georges Roy,
qui ma laissée puiser dans ses trésors littéraires ; au notaire Georges
Laflamme, qui possédait la généalogie des Laflamme ; aux bibliothécaires de
Saint-Romuald, qui mont patiemment fait des photocopies et qui mont
conseillée sur des choix de livres ; à monseigneur Charles-Eugène Parent, cousin
de maman, qui ma aidée pour la généalogie des Caron et des Lavoie; enfin à
toute cette parenté qui ma donné les renseignements nécessaires à mon
" uvre "
On me pardonnera une distribution assez libérale des renseignements, limportant
étant davoir les faits.
Commençons par lhistoire de la Seigneurie de Lauzon qui était
située en face de la capitale.
Elle était bordée par un rivage admirablement adapté pour les fins du commerce de
bois dexportation et creusé comme il était, avec des anses spacieuses et de facile
accès, partageait avec Québec, la bonne fortune quapportent les hasards de la
guerre. (extrait S.de L.- J.E.Roy).
Le territoire dEtchemin " entre les deux rives " devait avoir
sa bonne part du gateau, et avec le temps, devait connaître une activité que la seule
culture de la terre naurait jamais pu lui donner.
Cétait en 1802.
Henry Cadwell , alors Seigneur de Lauzon, nétait pas homme à laisser
dormir les immenses ressources quil possédait dans les forêts de sa seigneurie.
Aussi, en 1804, on le voit donner des ordres pour abattre des grandes quantités de
chênes sur les bords de la rivière Etchemin.
Au coté de ses moulins à farine, situés où est actuellement la communauté des
Frères de lInstruction Chrétienne, terrain quon appelle communément
" la pointe ", il va installer des scieries perfectionnées et
semparer de tous les terrains, de toutes les grèves, de tous les abords de
rivières. (Sous le régime féodal, le Seigneur avait le droit de reprendre du
censitaire, moyennant compensation, tous les terrains quil avait concédés).
Cadwell usa abondamment de ce privilège.
Cest à lembouchure de lEtchemin quil avait résolu de fixer le
centre de ses opérations, et il commença de suite, sans compter, à reprendre des
habitants, toutes les pièces de terres qui lui semblèrent utiles. En 1806, il était
déjà en possession de tous les ilôts qui gisent à lentrée de l Etchemin
et de la plus grande partie des terrains qui bordent cette rivière, près du fleuve
St-Laurent.
Les propriétaires du bas, coté ouest de la rivière, ne perdirent que leurs grèves
et leurs ilots jusquau bord du " rigolet " coulant à quelques
pieds du Chemin du Roy.
La grand-mère de labbé Demers avait raconté quau jour de son mariage, en
1803, il ny avait à Etchemin que : cinq maisons en pierres ; les autres
étaient bâties pièces-sur-pièces, cestà-dire, avec des troncs
darbres dépinettes équarries, posés les uns sur les autres, avec un toit
pointu à la façon normande, recouvert de bardeaux. (Notre maison est ainsi bâtie, mais
l'absence de documents rend la tâche difficile quant à sa naissance).
En 1822, le 7 février, Sir John Cadwell, grand Seigneur de Lauzon, obtint des lettres
patentes de la Couronne afin de permettre de se mettre en règle avec ses censitaires et
il nomma ses agents : Pierre Lambert, arpenteur, et Félix Têtu, responsable de la
confection dun papier terrier, lequel fut fait en trois parties, livrées en 1824,
1826, 1827.
Le Seigneur de Lauzon était receveur-général du Bas-Canada, mais il se trouve
quil frauda le gouvernement, en utilisant largent perçu à des fins
personnelles.
Pris entre lécorce et larbre, (cest le cas de le dire
) d e
peur de perdre sa seigneurie, il vendit à sa fille Ann, en 1828, toute cette belle pièce
de terre qui sétend depuis lembouchure de la rivière Etchemin, jusquen
plein centre de Saint-Romuald. Il loue en 1828, à son beau-frère, John Davidson, pour 10
ans, les moulins de la seigneurie avec dépendances, chemins, magasins, boulangerie,
quais, avenues, et le droit des eaux qui font tourner le moulin. (extrait de la S.de L.)
Le Seigneur de Lauzon régla que la route ou chemin de grève serait élargi
jusquà 18 pieds, entre les dits bâtiments et enclos et quil serait tenu de
20 pieds de large, ne se trouvant aucune nécessité pour des fossés.
Ainsi donc, ce chemin si tortueux, si étroit, qui longe le fleuve et que tout voyageur
doit parcourir pour se rendre nimporte où sur la rive sud et que lon appelle,
aujourdhui : rue Commerciale, ce ne fut pas à la faute du Seigneur de Cadwell
quil faut lattribuer, mais à lhabitant,. toujours revêche, de peur de
perdre quelques pouces dun terrain sans valeur et dont il nétait même pas le
maître.
John Cadwell résolut de faire fonctionner les moulins à pleine capacité pour
ramasser les fonds nécessaires au remboursement. Il engagea alors Patrick Shaughnessy, un
écossait bien honorable, pour travailler à ses moulins,
M. Shaughnessy se bâtit une bonne maison, en bordure du chemin du Roy (maison habitée
aujourdhui, en 1975, par André Lemelin, fils de Paul, située au 1139 rue
Commerciale), elle date de 1830 ou à peu près.
Il érigea sur le coté sud du petit étang, une rangée de maisons destinées à
recevoir les familles irlandaises ; cest ce que les canadiens-français
appelaient " le faubourg à Paddy ". Mlle Berthe Toussaint, qui a
demeuré dans notre maison, de 1894 à 1935, raconte quelle a vu flamber cette
grande rangée de maisons, qui sétendait à partir du magasin Olivier, soit au 1155
rue Commerciale, jusque chez les demoiselles Lambert, 1185-87-89 Commerciale.
Durant des années, quelques maisons à deux logements sélevèrent du coté sud
du chemin du Roy, tout près de la demeure de Pat Shaughnessy, pour y loger les familles
dont le père travaillait aux moulins Caldwell.

La nôtre serait de ce groupe.
LEglise de Saint-Romuald a été bâtie en 1854 sur un promontoire
magnifique.