Mon chapeau en rameau
Au temps de ma jeunesse, il fallait, sous peine de
péché mortel, assister à la messe tous les dimanches et les nombreux fidèles qui
sy rendaient, ny allaient pas toujours par piété.
Ajoutons aussi que le port du chapeau pour la gent féminine était
obligatoire. C était une merveilleuse occasion de parader pour celles qui voulaient
attirer lattention, surtout si elles se dirigeaient dans lallée centrale -
donc beaucoup plus en évidence!.
Javais constaté que bien des dames en profitaient pour étrenner
un manteau neuf ou un couvre-chef original. Généralement, elles arrivaient avec quelques
minutes de retard à leur banc, et se rendaient à la table de communion en tenant, entre
leurs doigts vernis, leur chapelet de cristal de roche fraichement frotté et brillant
comme un sou neuf au soleil.
La messe de 11,30 hres le dimanche, était loccasion toute
rêvée pour étaler ses beaux atours et pour quiconque avait financièrement bien
réussi, la tenue vestimentaire et lallure princière ou provocante primaient sur
les élans de ferveur.
Javais le goût de mamuser, et nous avions cette
semaine-la, le dimanche des rameaux. Les paroissiens et familles en apportaient une
branche pour la faire bénir, pour ensuite laccrocher en évidence dans la maison,
histoire dattirer la bénédiction divine sur les personnes qui y vivaient.
Souvent, on voyait même les rameaux tressés en cocottes ou en
quenouilles et les enfants les tenaient fièrement comme des bouquets.
Cette fin de semaine-la, je décide donc de me faire un chapeau en
rameau et de le faire bénir en même temps que les branches.
Jachète un fouet et jentreprends le samedi de faire de
belles boucles fantaisistes sur fond de treillis fabriquées avec le même matériau.
Javais le plus beau petit bibi que javais hâte de porter
le lendemain, en petite espiègle que jétais.
Pour quil garde bien sa forme, je lai fait couché dans le
congélateur du frigo familial pour la nuit, et le dimanche, pour cette messe de 11.30
hres, je lai placé bien solidement sur ma tête avant de partir pour léglise
paroissiale de Notre-Dame de Lévis.
Ce que je navais pas prévu, cest que durant loffice
religieux, je sentais le chapeau me rapetisser sur la tête, il décongelait, séchait et
craquait en faisant un peu de bruit mystérieux pour les alentours.! Lorsque je suis
revenue chez nous, il y avait des ajours inusités et des croisés très aérés.
Les personnes que je connaissais et qui assistaient près de moi, à la
messe, mont souvent rappelé cet épisode de ma vie de grande taquine.
Lorsquon voulait dire que jétais originale, que
javais des idées hors du commun, il se trouvait toujours quelquun dans la
place pour parler de mon couvre-chef en rameau que javais confectionné pour ce beau
dimanche de printemps, et que ma mère mavait laissé porter, avec résignation!.
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Ma jupe en feutre
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A peu près à la même période, il y avait eu une grande vogue pour
les jupes circulaires, taillées dans un feutre léger. Les magasins en avaient à
profusion, et évidemment...... elles se ressemblaient toutes par leurs décorations. Je
men étais fait une noire sur laquelle j avais brodé des Tic-Tac-To, ici et
là. Il y avait des parties gagnantes et d autres, pas.!. Ai-je besoin de dire que
là aussi, j ai suscité une certaine curiosité.....