Mon chapeau en rameau

AG00034_.gif (7415 octets)Au temps de ma jeunesse, il fallait, sous peine de péché mortel, assister à la messe tous les dimanches et les nombreux fidèles qui s’y rendaient, n’y allaient pas toujours par piété.

Ajoutons aussi que le port du chapeau pour la gent féminine était obligatoire. C’ était une merveilleuse occasion de parader pour celles qui voulaient attirer l’attention, surtout si elles se dirigeaient dans l’allée centrale - donc beaucoup plus en évidence!.

 

J’avais constaté que bien des dames en profitaient pour étrenner un manteau neuf ou un couvre-chef original. Généralement, elles arrivaient avec quelques minutes de retard à leur banc, et se rendaient à la table de communion en tenant, entre leurs doigts vernis, leur chapelet de cristal de roche fraichement frotté et brillant comme un sou neuf au soleil.

 

La messe de 11,30 hres le dimanche, était l’occasion toute rêvée pour étaler ses beaux atours et pour quiconque avait financièrement bien réussi, la tenue vestimentaire et l’allure princière ou provocante primaient sur les élans de ferveur.

 

J’avais le goût de m’amuser, et nous avions cette semaine-la, le dimanche des rameaux. Les paroissiens et familles en apportaient une branche pour la faire bénir, pour ensuite l’accrocher en évidence dans la maison, histoire d’attirer la bénédiction divine sur les personnes qui y vivaient.

Souvent, on voyait même les rameaux tressés en cocottes ou en quenouilles et les enfants les tenaient fièrement comme des bouquets.

 

Cette fin de semaine-la, je décide donc de me faire un chapeau en rameau et de le faire bénir en même temps que les branches.

J’achète un fouet et j’entreprends le samedi de faire de belles boucles fantaisistes sur fond de treillis fabriquées avec le même matériau.

J’avais le plus beau petit bibi que j’avais hâte de porter le lendemain, en petite espiègle que j’étais.

 

Pour qu’il garde bien sa forme, je l’ai fait couché dans le congélateur du frigo familial pour la nuit, et le dimanche, pour cette messe de 11.30 hres, je l’ai placé bien solidement sur ma tête avant de partir pour l’église paroissiale de Notre-Dame de Lévis.

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que durant l’office religieux, je sentais le chapeau me rapetisser sur la tête, il décongelait, séchait et craquait en faisant un peu de bruit mystérieux pour les alentours.! Lorsque je suis revenue chez nous, il y avait des ajours inusités et des croisés très aérés.

Les personnes que je connaissais et qui assistaient près de moi, à la messe, m’ont souvent rappelé cet épisode de ma vie de grande taquine.

Lorsqu’on voulait dire que j’étais originale, que j’avais des idées hors du commun, il se trouvait toujours quelqu’un dans la place pour parler de mon couvre-chef en rameau que j’avais confectionné pour ce beau dimanche de printemps, et que ma mère m’avait laissé porter, avec résignation!.

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Ma jupe en feutre.

A peu près à la même période, il y avait eu une grande vogue pour les jupes circulaires, taillées dans un feutre léger. Les magasins en avaient à profusion, et évidemment...... elles se ressemblaient toutes par leurs décorations. Je m’en étais fait une noire sur laquelle j’ avais brodé des Tic-Tac-To, ici et là. Il y avait des parties gagnantes et d’ autres, pas.!. Ai-je besoin de dire que là aussi, j’ ai suscité une certaine curiosité.....