Le camion de pitounes

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Je revenais à Lévis, à la faveur de la brunante, fin de septembre,1961, et à la hauteur de Saint-David, la filée de voitures qui s’étirait en lacet me portait à croire que chaque automobiliste savourait encore ce temps superbe qui s’était installé pour la journée.

Distraitement, je suivais mon chemin, sans trop porter attention. Je pensais à ce travail de journaliste que j’avais à rédiger sitôt rentrée chez moi (lire: chez mes parents).

 

Tout à coup, un crissement de pneus vient déranger ma cogitation et me ramène à une dure réalité.

Environ cinq à six automobiles devant la mienne, un gros camion transportant des billes de bois qu’on appelle communément des ¨pitounes¨ a perdu une pièce de son chargement. Probablement que sa cargaison avait été mal arrimée puisqu’un morceau s’en est détaché et est allé choir dans le parebrise de la deuxième voiture qui suivait, et dans laquelle prenaient place un jeune couple avec enfants.

 

Evidemment, comme bien d’autres, la curiosité m’a emportée, j’ai garée tant bien que mal, mon véhicule et je suis allée ¨voir¨ce qui se passait.

Jamais, jamais, je n’aurais dû satisfaire mon instinct de ¨voyeuse¨ . Le spectacle était horrible à voir. La pauvre maman avait reçu la¨pitoune¨ en plein abdomen et ses entrailles gisaient sur ses cuisses. Elle était morte sur le coup, la pauvre et, les enfants comme le mari étaient en proie à un choc nerveux violent. .

Cet incident m’a profondément marquée, voir une famille se décimer de la sorte , c’est terrible..... Croiriez-vous, que depuis ce jour, je déteste suivre les camions de pitounes, ou encore tous ces gros fardiers qui transportent des tonnes de matériel,sans qu’on sache trop si le ¨stock¨a été bien fixé. Je ne voudrais pas recevoir un OVNI en plein ventre.