A la suite de l’incendie du Collège Jésus-Marie de Sillery où allaient nos filles, et parce que j’étais la présidente de l’Association des Parents, on m’avait demandé d’écrire un texte pour le journal étudiant. Le voici! (1983)

J’ aurais voulu vous peindre l’effet saisissant que produisaient les flammes entourant le collège Jésus-Marie, vues de chez à moi, à St-Romuald, à 2.30 hres du matin....

J’aurais voulu vous décrire la désolation, la tristesse et le chagrin qui se lisaient sur chaque visage, devant les ruines fumantes, en ce matin du l4 mai...

J’aurais voulu aussi vous raconter le courage des religieuses lorsqu’à 7 hrs du matin, je les rencontrais, une à une, sur le terrain de l’institution...

J’ aurais voulu vous exprimer ce que, comme mère d’ élèves, et ensuite comme présidente de l’association des parents, je ressentais ce jour-là....

J’aurais voulu vous expliquer comment un groupe s’est vite formé pour apporter du support aux soeurs, et comment je me suis retrouvée sur le comité, quand quelques hommes importants m’ont dit, de façon péremptoire: ¨Vous êtes sur le comité, madame Laflamme¨......

J’ aurais voulu vous interpréter dans mes propres mots la composition des menus des nombreuses assemblées tenues depuis ce jour....

J’aurais voulu vous convaincre que nous attendons beaucoup de la campagne de financement...

J’aurais voulu vous entretenir des nombreuses démarches entreprises auprès du Ministère de l’Education et ailleurs, pour que les élèves finissent leur année scolaire....

J’aurais voulu vous commenter l’éloquente présence des parents à la réunion générale annuelle de leur association, tenue en catastrophe, à l’église St-Michel....

J’aurais voulu vous traduire l’indescriptible sentiment de reconnaissance envers les trois jeunes filles qui, par leur bravoure en cette nuit terrible, ont manifestement sauvé de nombreuses vies....

J’aurais voulu vous dire à quel point les deux lignes téléphoniques, chez moi, ont sonné sans arrêt. C’était tantôt des personnes qui offraient gentiment leur collaboration, tantôt des journalistes de tous les médias possible, qui essayaient de me ¨tordre¨ pour avoir des primeurs....

J’aurais voulu vous confier que la robe de graduation de Valérie n’était pas finie, et qu’ il a fallu que je prenne les bouchées doubles pour arriver à temps pour ce fameux soir....

J’aurais voulu vous avouer que je n’ai pu refuser à Valérie, la petite réception qu’elle voulait après le bal.....

J’aurais voulu vous expliquer qu’à travers tout ça, il fallait continuer à vivre, chez nous, avec nos multiples préoccupations....

J’aurais voulu vous donner bien des explications, mais, malheureusement, je n’ai pas eu le temps de faire un texte.....

Céline Lecours-Laflamme,

présidente de l’Association des Parents

24 mai,1983.

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Petit bas de page:

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Maman m’ avait toujours dit que: pointer du doigt n’ était pas poli. Pour ajouter un argument de valeur, elle m’ avait fait comprendre que lorsqu’on pointe quelqu’un de son index, il ne faut pas oublier que les trois autres doigts sont pointés vers soi.....

Matière à réflexion.....toute pleine de sagesse !

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