Ses deux amours

 

Elle aimait son mari, elle adorait le scrabble

Tous les deux lui étaient indispensables

Elle jouait tous les jours, n’était jamais lassée

Mais lui appréciait peu d’être ainsi délaissé

Et quand il espérait que la nuit serait douce

Dans le lit, entre eux deux, il y avait le Larousse

Alors pour oublier, il se tuait au travail

Pendant que ça et là, elle glanait des médailles

Pour lesquelles il avait un mépris souverain

Il lui parlait d’amour, elle pensait " 7 + 1 "

Elle souffrait cependant de la situation,

Se culpabilisait, cherchait des solutions

Quand un virus malin, vicieux, agressif

Fondit sur le mari, ce fut expéditif

Emmerdeur qu’il était, il le fut jusqu’au bout

Il choisit pour clamser, la veille de Charlesbourg

Elle pleura son mari en veuve bien élevée

Mais dès le lendemain, aux aurores, levée

Elle courut supplier le croque-mort de service

D’attendre pour inhumer un moment plus propice

Hélas son agenda était des plus chargés

Et puis….. la fête de la Toussaint n’allait rien arranger

Comment aller prier chaque année au cimetière

Tandis que c’est l’époque du grand tournoi par paires?

C’est alors que lui vint une idée lumineuse

Comme seule peut en avoir une authentique scrabbleuse

Une idée de génie, le faire incinérer

Recueillir quelques cendres, en faire un sablier

Désormais tous les deux, ils sont inséparables

Il compte les minutes, pendant qu’elle joue au scrabble.