Mon Dieu,

Aujourd’hui, je veux vous remercier! Vous êtes bien bon de m’envoyer une si belle température pour pratiquer mon sport préféré. Je sais, je sais,.... quelques fois, pour aiguiser mon caractère, vous crevez de gros nuages juste au-dessus du terrain où je joue; Reconnaissez, Seigneur, que vous jonglez avec ma tolérance...... en d’autres mots, vous me faites faire de l’acrobatie avec mes nerfs.....

Je vous suis quand même reconnaissante de m’accorder une santé qui me permette de parcourir les dix-huit trous sur mon propre pouvoir et de me donner aussi un sens de l’humour généreux, afin que je ris de mes plus mauvais coups.

Que voulez-vous, Seigneur, moi, je ne suis pas infiniment parfaite..... surtout au golf!.......

Faites que j’aie la possibilité de me chicaner avec cette damnée petite balle pour plusieurs années à venir; faites aussi que je trouve toujours plaisir à côtoyer autant de charmantes gens; aidez-moi également à améliorer mes approches - dites-vous bien que plus je les dominerai, plus ça pourra servir quand je voudrai m’approcher du ciel......

Donnez-moi la force de réussir de longues ¨drives¨, la résignation pour accepter mes coups de trop, l’humilité pour rire de mes accrochages.

Faites en sorte que je sois la compagne agréable pour tous ceux et celles qui joueront avec moi, et de grâce, Seigneur, faites aussi que je ne vous invoque pas trop lorsque je chercherai ma balle derrière une talle d’épinettes, ou encore dans le champ du voisin.

Je vous rends grâce pour aujourd’hui et pour tous les autres jours où mon privilège de golfeuse sera exercé. J’aimerais bien devenir une belle petite vieille, alerte, enjouée, pleine d’humour et capable, moi-aussi, d’aller dignement représenter le club où je suis membre, dans les compétitions sénior extérieures.

C’ est la grâce que je me souhaite, Seigneur, en vous demandant bien humblement, un peu d’aide......

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Bientôt, on ne dira plus ¨heureux comme un poisson dans l’eau¨,, mais ¨heureux comme un bon sportif¨ tant il est vrai qu’une journée passée à pratiquer un sport, quelqu’il soit, détend les nerfs et fait oublier bien des malaises.

Comme preuve de ce qui précède, réservez-vous quelques heures pour visiter un centre de ski, un terrain de golf, un club de curling, une salle de quilles, etc pour constater à quel point hommes et femmes semblent jouir de cette évasion provisoire mais combien nécessaire en ce siècle de vitesse et de tracas.

Chaque virage perfectionné, chaque coup de golf appréciable, chaque pierre placée au bon endroit, chaque réserve réussie, etc, sont autant de raisons de se réjouir, de satisfaire son orgueil, de se distraire et de mettre de côté les troubles gros et petits.

De plus, cette fugue de quelques heures agira sur le système nerveux et l’état physique et moral de la personne qui s’y adonne, comme un tonique, un fortifiant permettant d’envisager les jours qu’on prévoyait sombres, avec beaucoup plus d’audace, de confiance et de gros bon sens.

- - - Céline Lecours (pour le Soleil, printemps l962).