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Les élans du coeur


La plus belle de l'archipel

Il est quelque part, égarée dans un pays d'aujourd'hui où la plupart de nos grands rêves se vivent alors qu'on est pleinement éveillé, une mystérieuse petite île à l'accès très difficile... Elle est située au milieu d'une mer aux humeurs déchaînées, certains jours.

Elle est houleuse et capricieuse, et peut même devenir très méchante avec ses vagues si impétueuses et toutes remplies de rage et d'écume qui, quelquefois, tendent à salir sa plage... C'est un îlot comme il ne peut pas en exister d'autres. Il est exceptionnellement beau, et sur lui souffle toujours une brise de vérité.

L'air qu'on y respire est pur et sain; il fait très bon de s'y retrouver, si bon que je voudrais y naufrager pour l'éternité. Un jour, les courants m'y ayant poussé, mon île m'a laissé m'approcher d'elle et m'a aussi permis d'y accoster.

C'est par temps d'orage que j'y ai abordé, et dans son ciel il y avait des nuages. C'est la raison pour laquelle elle m'a paru si triste en ces premiers instants où je l'ai aperçue... J'ai alors pu la découvrir à loisir, je l'ai fouillée sans la bousculer et l'ai tout doucement apprise par coeur, en l'écoutant exprimer ses automnes et ses hivers.

Je me suis très vite attaché à elle et aux nombreux trésors enfouis dans son sein. Je m'y suis bâti un solide abri qui me garde des grands vents et de la pluie...

C'est là mon île si merveilleusement accueillante, et souvent la nuit, je m'y rends. Je me couche sur son flanc et j'admire le firmament alors que de mes mains s'écoulent les grains de sable aux souvenirs...

Randonnées en terre ferme aux jours d'août, le pas de souliers plats qui à peine effleurent les petits cailloux du sentier... Deux oiseaux qui s'aiment tendrement au soleil, exprimant des chants discrets, étroitement enlacés dans les feuillus... Fruits volés sur l'arbre aux désirs, lait de la biche, miel sauvage, frissons qui troublent l'âme apeurée qui s'éveille...

Rêveries grisantes qui parfois nous dérangent, alors qu'elles rencontrent nos quotidiens qui pour de courts instants avaient été noyés et qui de l'onde refont surface.

J'aime aussi mon île pour ses jours jamais pareils où m'émerveillent le sable au soleil et les marées que l'on dirait installées pour y rester. J'aime les coins d'ombre sous les palmiers et les trous de ciel bleus qui semblent danser entre les branches. Bleu, bleu, bleu...

Bleu comme les fleurs, bleu comme la mer, bleu comme les plus beaux yeux. Bleu comme le ciel aux jours du grand amour. Bleu comme au-dessus des érables qui ont habité les jours tristes de l'enfant qui courait à travers les champs.

Elle était alors vêtue d'une petite robe qui volait au vent et cherchait à oublier la souffrance qui était en elle, celle de se sentir mal aimée par des grands qui avaient violé sa poupée et lui avaient aussi pris ses rêves d'enfant.

Malherbe DesChamps




[La Page à BOUCAN].Copyright © 1997 par [Claude Guidi].

Revisé: 28/07/99