HARD-ROCK MAGAZINE
Vous venez de debuter votre Crazy Nights U.S.Tour...
GENE SIMMONS
Oui, depuis le 15 octobre. C’est une immense tournée qui va durer six mois. C’est super de retrouver la scene. On voudrait bien venir en Europe cet été, et si possible faire quelques festivales, car nous adorons ca. Mais attention, nous n’accepterons que la tête d’affiche. KISS N,est pas comme Tom Waits, et ne se produit pas dans des bars enfumés. Je ne joue dans des clubs que pour taper le boeuf avec des amis musiciens.
HARD-ROCK MAGAZINE
Votre nouvel album, Crazy Nights, est tres diversifié: la collaboration avec Ron Nevison semble avoir été fructueuse...
GENE SIMMONS
Vrai! Apres vingt albums, tu as besoin d’une personne qui t’emmene sur une voie différente et qui t’offre une nouvelle fraîcheure. Ron a les mêmes racines que nous: il a debuté comme ingenieur du son avec des groupes comme Led Zeppelin,The Who et Bad Co. Nous parlons le même langage. Plus récemment, il a produit les albums de Heart et d’Ozzy Osbourne, qui sonnent tous les deux tres différemment. Un bon producteur ne doit pas changer le feeling des musiciens mais simplement obtenir le meilleur d’eux-mêmes. S,il agit autrement, le resultat n’aura aucun relief.
HARD-ROCK MAGAZINE
Pour ce nouvel album, vous aviez une cinquantaine de morceaux d’avance: qu’aller-vous faire des autres titres?
GENE SIMMONS
Y&T a enregistré une de ces composition. Bonnie Tyler en fait son prochain single. Les chansons restantes ne seront pas utilisées pour le prochain album de KISS.
HARD-ROCK MAGAZINE
Vous n’avez pas envie d’enregistrer un nouvel album live?
GENE SIMMONS
On y pense tous les ans, mais on attend le moment opportun! Il faut que ce soit un évenement.
HARD-ROCK MAGAZINE
Vas-tu encore faire appel a une brochette de guest-stars pour ton futur LP solo?
GENE SIMMONS
Je ne crois pas. Le resultat n’a pas été probant. Je vais certainement enregistrer mon album avec les même musiciens. je pense tres fort a prendre Black’n’Blue comme backing-band. Paul, lui aussi, va se mettre a la tache de son coté. L,album sera sans doute produit par Ron Nevision.
HARD-ROCK MAGAZINE
As-tu déja signé des groupes sur ton propre label?
GENE SIMMONS
Oui, Bob Kulick, le frere de Bruce. Il enregistre actuellement avec des musiciens experimentés qui ont joué avec Whitesnake, Meatloaf et M.S.G. C,est tout ce que je peux te dire pour l’instant. Je vais aussi signer des groupes tres différents. Tu peux me faire confiance, je crois que j’ai eu du nez en déenichant des groupes comme Van Halen et Cinderella. C,est BMG qui distibuera mondialement mon catalogue. Coté production, je vais m’occuper du prochain LP de Black’n’Blue.
HARD-ROCK MAGAZINE
Comment envisages-tu ton rôle de producteur?
GENE SIMMONS
Le producteur doit aider le groupe a choisir les meilleures compositions. Si une chanson n’est pas parfaite, il faut la recuisiner. si les musiciens doivent réécrire certains morceaux, le producteur doit être capable de les aider. Lorsque la chanson est parfaite a tout point de vue, tu peux commencer l’enregitrement. Je dois polir la pomme et non pas la transformer en poire! Le grand défaut des groupes en ce moment, c’est le manque d’originalité de leurs compositions.
HARD-ROCK MAGAZINE
Tu penses aux groupes de L.A....
GENE SIMMONS
C,est tres simple: la-bas, tous les groupes se ressemblent, musicalement & visuellement. Tous les guitaristes veulent aller aussi vite qu’Eddie Van Halen et Yngwie Malmsteen réunis. Personne n’est capable d’ecrire une bonne chansons. Bien sur que la plupart des groupes sachent bien jouer, il n’ont aucune inspiration. Le seul côté positif a L.A. c’est que n’importe qui dans cette ville peut jouer d’un instrument.
HARD-ROCK MAGAZINE
Vous avez joué hier a Minneapolis, la ville de Prince. Pourrais-tu me donner ton avis de rocker sur ce personnage?
GENE SIMMONS
C,est un mec superintéressant! Il n’est pas effrayé d’être noir ou blanc. C’est un brave!
HARD-ROCK MAGAZINE
Penses-tu sincerement que le rock’n’ roll puisse aider a combattre les miseres du monde?
GENE SIMMONS
Nous les musiciens de rock, sommes seulement la pour distraire les gens: ce n’est pas la chose la plus importante
dans la vie, la mort et la fain dans le monde sont des sujet nettement plus grave. Nos parents nous ont inculqué entre autres la haine des noirs et la violence a leur egard. On ne les a pas écouté: le rock and roll a commencé avec des jeune Blanc écoutant des musiciens noirs. Le rock a également ouvert les portes au sexe, sujet tabou pour les parents.
Même chose pour la guerre. On te dit d’etre fidele a ta patrie; moi je te dis qu’avant de te battre assure-toi de la cause.
HARD-ROCK MAGAZINE
Qu’en est-il de ta carriere cinematographique?
GENE SIMMONS
J,ai pas mal de propositions qui demandent a etre étudiées. Je vais produire un film ecrit par David Stevens. C’est l’aventure de deux gamins pendant l’année 1944.
HARD-ROCK MAGAZINE
Quels sont tes metteurs en scene préférés?
GENE SIMMONS
Sans Hésiter, Alfred Hitchcock, que j’admire. Mais mon film préférés est « Citizen Kane » d’Orson Welles. Tu n’as pas besoin de connâitre l’anglais pour ressentir l’esthétique de ce chef-d’oeuvre. Tu coupes le son et tu regardes simplement les mouvements de la caméra. Génial! Il y avait du génie chez cet homme. Domage, trop souvent les génies gravissent tres vite les échelons et disparaissent aussi vite. J’adore aussi les premiers cinéastes allemands comme Fritz Lang et F.W. Murnau, le céateur de « Nosferatu ». Leurs films sont de magnifiques jeux d’ombres et possedent une atmosphere. C’est tres important. Je n’accroche pas aux film a grand spectacle, je préfere les films noirs.
HARD-ROCK MAGAZINE
Vivant le plus souvent a New York, as-tu apprécié « Manhattan », le film en noir et blanc de Woody Allen?
GENE SIMMONS
C,est un film magistral! Le look de « Manhattan » est superbe. Quand a Woody Allen, il parle beaucoup trop; j’ai envie de lui dire de la mettre un peu en veilleuse. Mais c’est son style.
HARD-ROCK MAGAZINE
Dans ses paroles, KISS emploie souvent le mot « nuit ». Q’évoque la nuit pour Gene Simmons?
GENE SIMMONS
Pendant le jour, notre attention est captée par trop de chose: il n’y a pas de «romance » (en francais)! La nuit, ton esprit est beaucoup plus clair, on se sent plus puissant, plus sexy! La nuit, c’est le mystere! C’est le moment d’endosser un autre personnage, les femmes se mettent aussi plus de maquillage... «Night time is fucking! It’s rock ‘n’ roll time!»
HARD-ROCK MAGAZINE
Restons donc rock’n’roll! Quel est ton LP favori de l’année écoulée?
GENE SIMMONS
Whitesnake, sans Hésitation! Ce n’est peut-être pas l’album le plus original qu’il m’est été donné d’écouter, mais c’est l’album qui sonne le mieux, et les compositions sont vraiment au top-niveau. Cela dit, plutôt qu’un groupe, c’est une idée dirigée par Coverdale. Dans l’armée ou dans une équipe de foot, on remplace les soldats tués ou les joueurs blessés. Dans un groupe, c’est la même chose: il est indispensable que l’idée directrice demeure. Whitesnake continue avec Coverdale, peu importe les musiciens. pour KISS, c’est pareil. On nous demande souvent pourquoi Ace et Peter nous ont quittés. L’important c’est que l’esprit de KISS reste toujours présent.
HARD-ROCK MAGAZINE
Justement, quel est le secret de vingt ans de succes?
GENE SIMMONS
J’aime ce que je fait, tout simplement. Tu ne peut pas bluffer longtemps les kids si tu fais semblant d’avoir du fun. au contraire, si tu as du plaisir sur scene et sur disque, tu vas le communiquer aux kids, et ca devient magique! Souvent, on me demande jusqu’a quel âge je vais continuer. Je réponds toujours: «Tant que j’éprouverai le même plaisir a jouer du rock’n’roll!»
Ce soir la, les rockers de tout poil s’était mis sur leur trente et un pour aller voir le mythe KISS a Minneapolis. Ca allait chauffer! Pour la petite histoire, les fossiles Jethro Tull jouaient dans la salle d’a côté pour le troisieme age uniquement. Suite a un retard indépendant de ma volonté, j’ai raté M.S.G., dont je ne pourrais donc pas vous révéler la teneur du show...KISS finissait «Fits like A Glove» lorsque j’entrais dans la cage aux fauves. En fait de fauves, le public était bien propre, et les groupies, énormément «chromées», faisaient légion (KISS ARMY!). Pas question d’être surexcité, le service d’ordre ricain n’aime pas trop les expressions corporelles. KISS cuvée 1987, c’est du rock’n’roll heavy dans toute sa classe et avec une megadose de fun. En cette folle nuit de Baiser, les Américaines balancait leurs soutiens-gorges et leurs petites culottes de dentelle. Rock’n’roll! «Crazy Nights» fut repris en choeur par un public qui eut de mal a contenir son adrénaline. Resté seul en piste , Eric Carr nous fit une impressionnante démonstration de batterie, bientôt relayé a la guitare par Bruce Kulick. Ce dernier se révéla être un habile technicien,
doté d’un feeling a toute épreuve. Le décor était constitué d’une gigantesque scene asser dépouillée, un mur illuminé de myriades d’ampoules clignotantes au logo de KISS, et parfois une constellation d’explosions diverses. On continua énergiquement avec «No,No,No», scandé par l’armée entiere des fans. La tres belle ballade «Reason To Live» calma le jeu avant un violent «War Machine». Stanley n’arrêta pas une minute de se déhancher et Simmons de se servir de sa longue langue comme un serpent. Tenant son éternel flambeau, Gene mit le feu aux poudres pour un «Heaven’s On Fire» torride. Il s’ensuivit un solo de basse musclé de pere Simmons, juché sur les amplis. de son manche de guitare, il tira des coups de semonce enflammés. Puis Gene entonna «I Love It Loud», titre sur lequel le quatuor mis toute la gomme et garda un contact étroit avec son public. Une petite culotte rouge a la main, Paul Stanley fit un long discours érotico-rock’n’rollien destiné a la gente féminine. One,two,three...ce fut l’hymne de «Lick It Up» qui démarra a bride abattue. De volumineux ballons jaunes firent la navette du public aux musiciens, ces derniers prenant un malin plaisir a filer des coups de pied dedans. Stanley finit torse nu (poilu mais pas a poil!) alors que Kulick et Simmons n’avaient de cesse d’haranguer une foule de plus en plus hot pour un «Rock’n’Roll All Nite» de circonstance. Le Baiser s’eclipsa sous les applaudissements pour mieux revenir avec un rappel en béton. Enveloppé dans une immense cape, Paul entonna les premieres mesures de «Whole Lotta Love», que le groupe reprit avec ferveur, la voix de Stanley tenant sans aucune honte la comparaison avec celle de Robert Plant. Apres cette flambée d’electicité, ce furent «Tears Are Falling» et le majestueux final. «Detroit Rock City». Une minute avant la fin,deux énormes limousines noires se rangerent le long de la scene devant tous les kids. Les quatres musiciens s’y enfounerent, direction le Sofitel local. KISS fait partie de ces rares groupes qui conservent la magie du rock et font encore rêver des milliers de kids. Cela apres vingt ans de carriere...
GEORGES AMANN