Traduction non-officielle
Le texte de l'interview du M.I. Ivanov, ministre des Affaires étrangères de la Russie, accordée le 20 mars 2000 à la chaîne TV “RTR”
Je voudrais commencer par dire que nous sommes très inquiétés de l'évolution de la situation au Kosovo et aux Balkans dans leur ensemble. Actuellement, cette appréciation est partagée non seulement par la Russie qui l'a déclaré auparavant, mais par la plupart des pays. Les négociations que j'ai eus à Moscou avec le ministre grec l'ont confirmé une fois de plus. Je crois que la position de principe de la Russie sur le problème du Kosovo a contribué à ce que l’Occident a commencé à voir clair les événements. Aujourd’hui, personne ne parle de la victoire et de ce que l’OTAN a parvenu à résoudre les problèmes au Kosovo en appliquant une agression militaire. Au contraire, le fait que les problèmes non seulement n’aient pas étés résolus, mais sont rendus plus délicats, devient encore plus évident. Le danger de la séparation du Kosovo de la Yougoslavie se fait très réel. Les pays de cette région, notamment la Grèce, comprennent très bien le danger de l'évolution pareille de la situation, car cela peut aboutir à une nouvelle déstabilisation, au rejaillissement de la violence aux Balkans. Vu cela, les consultations actives sur ce problème sont reprises aujourd'hui et la Russie est demandée de prendre part à ces initiatives collectives pour que la communauté internationale puisse élaborer en commun un certain plan d’actions en vue de conjurer le danger du déroulement catastrophique de la situation à la région. Dans toute la force de ce terme, la Russie a le point de vue très net sur ce problème. C’est l’application ferme et stricte de la résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l’ONU.
En ce qui concerne les démarches concrètes à entreprendre, elles doivent être les suivantes :
Premièrement, il faut déclarer avec fermeté que toute solution du problème du Kosovo ne peut exister que dans le cadre de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Yougoslavie.
Deuxièmement, il faut entamer les négociations sur l’établissement du statut du Kosovo dans le cadre de la Yougoslavie unifiée.
Troisièmement, il faut fermer de façon sûre les frontières avec l’Albanie et la Macédoine, d’où les différents éléments criminels continuent à effectuer leurs activités, d’où arrive le flux de drogues, d’armes, etc. Cette frontière doit être fermée avec la participation des forces yougoslaves.
Quatrièmement, il faut créer les conditions nécessaires pour que les réfugiés puissent rentrer au Kosovo, car la population des nationalités non albanaises dépasse 250 à 300 mille, ainsi que les conditions de la vie en commun de différentes nationalités et confessions. A mon avis, ce point est le plus principal dans ce problème. Je comprends qu'il est facile de formuler les problèmes mais beaucoup plus difficile de les résoudre. Pourtant, la communauté internationale doit répondre en commun à ces questions, sinon il sera très difficile de corriger la situation.
Les pacificateurs russes comme ceux internationaux ont le même objectif qui consistait, et reste même invariable, à ne pas admettre le conflit armé entre les parties opposées sur le territoire de Kosovo. C’est-à-dire les militaires doivent suivre les accords de cessation du feu et ne pas admettre la violence. En général, cette mission est accomplie. Mais le mandat des pacificateurs est limité. Les militaires ne peuvent pas résoudre les problèmes politiques. C’est la prérogative des structures politiques compétents.
Un de ces derniers jours, le maréchal Sergeev, ministre de la Défense, et moi-même, nous avons pris la parole au cours de l’audition au Douma concernant les problèmes de Kosovo. Nous avons dit que la situation allait s'aggraver si la séparation du Kosovo de la Yougoslavie devenait réelle, et cela va de soi que la Russie étant catégoriquement contre cette séparation n'en partagerait pas la responsabilité avec les Etats favorisant ce processus. Vu cela, nous n’avons pas l’intention d’évacuer nos pacificateurs et nous allons faire tout notre possible pour trouver la solution pacifique du conflit. Cependant, il est évidemment que nous ne pourrons pas garder notre contingent et témoigner la scission de l’Etat au centre de l’Europe, si l'on ne prête l’oreille à notre voix et la situation se déroule d’après le pire des scénarios.
Ces derniers temps, L'Europe Occidentale se préoccupe de plus de la situation au Kosovo. C’est naturel car le problème des Balkans menace la situation en Europe. Malheureusement, aucune proposition concrète, aucun plan d’actions n'est reçu de l’Union Européenne. Uniquement ce qu’on a réussi à atteindre – c’est l’annulation partielle des sanctions contre la Yougoslavie. Nous sommes d’avis que l’Union Européenne apporterait la contribution considérable à la stabilisation de la situation aux Balkans, si elle annulait toutes les sanctions et recherchait en commun avec nous les moyens visant à enlever l'isolation de la Yougoslavie. Le fait qu'il est impossible de résoudre le problème des Balkans, du Kosovo en dehors de la Yougoslavie, sans un dialogue actif avec Belgrade devient être évident. La décision pareille de l’Union Européenne pourrait contribuer à la recherche de la solution globale du problème des Balkans.
Le 23 mars 2000