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DECLARATIONS

Traduction non-officielle du russe

INTERVENTION

De M. IVANOV, Ministre des Affaires Etrangères de la Russie

à l’Assemblée Générale de l’Organisation des agences d’information des pays d’Asie et de l’Océan Pacifique.

(le 20 avril 2000)

Mesdames et messieurs,

Je suis ravi de saluer à Moscou les représentants des principales agences mondiales de l’information, qui fournissent deux tiers du flux mondial d’information et qui répresentent des Etats, où habitent plus de la moitié de la population du monde.

Votre Assemblée se tient à un des moments plus importants de l’histoire contemporaine. C’est aujourd’hui que se décide quel sera le nouvel ordre mondial qui détérminera le visage du XXI ème siècle. Les média, qui forment en grande partie l’opinion publique mondiale, ont leur mot à dire.

Chez nous en Russie, il est important que ce mot soit prononcé au bénéfice d’une organisation du monde juste et démocratique, capable d’assurer une sécurité mutuelle pour tous les Etats de la planète. Cette nouvelle organisation du monde va faire oublier les guerres et le retard économique, en accordant la priorité à une coopération mutuellement avantageuse et respectueuse de l’originalité de chacun peuple du monde.

C’est justement une telle approche constructive que la direction russe a pris comme concept de base concernant la politique extérieure. Elle va le suivre d’une manière conséquente. Platon disait :“ Le bon démarrage fait la moitié de l’affaire ”. C’est un démarrage dans cette qualité que la ratification par l’Assemblée Fédérale, après l’éléction du Nouveau Président, du Traité START-2 et des accords sur ABM de 1997. En faisant ce pas, la Russie a fait une signe à la communauté internationale, montrant que notre choix portera sur la poursuite de la réduction des armements et le maintien de de la stabilité stratégique.

Actuellement il est important que les Etats-Unis ratifient une série des accords analogues, qui notamment renforcent l’ attachement des parties au Traté ABM.

Vous pouvez me demander : quel rapport existe-il entre ce que je viens de dire et la rencontre actuelle ? Je repondrai qu’il est direct.

L’opinion publique mondiale doit savoir, que si les partisans de la création d’un système national de défense antimissile prédominent aux Etats-Unis, cela peut détruire en une heure la stabilité stratégique et tout le processus du désarmement

On ne peut pas oublier, que les Etats-Unis essayent de justifier ces projets sur le système national en faisant référence à une menace à leur sécurité qui provient de la région d’Asie et de l’Océan Pacifique.

De plus, le projet de création en Asie du Nord-Est du système tactique ABM commence à prendre des formes concrètes, ce que risque de destabiliser la situation.

Je pense qu’aucun de ceux qui sont présents dans cette salle ne souhaite un déroulement aussi préjudiciable pour le monde et pour la Région d’Asie et de l’Océan Pacifique. Car une vague de confrontation est capable d’atteindre les coins les plus éloignés de la planète. Je suis convaincu qu’on ne peut pas laisser faire cela. C’est pourquoi la Fédération Russe se préoccupe de la promotion d’autres solutions afin de résoudre les préoccupations existant aux Etats-Unis, aussi bien qu’ailleurs. Ces solutions peuvent être fondées sur la formation de mécanismes particuliers de coopération internationale permettant d’obtenir des résultats positifs.

En ce qui concerne le problème de la défense contre les missiles ballistiques proprement dite, nous proposons de créer un système global du contrôle de non-prolifération des missiles et des technologies des missiles. Ce système sera susceptible de résoudre le problème de la sécurité “ antimissile ” non seulement pour un pays, mais à l’echelle du monde entier.

Nous sommes ouverts à une intéraction internationale large avec des Etats de la région d’Asie et de Pacifique. Le temps est venu de former dans cette région, par des efforts conjoints, une communauté de coopération et de sécurité, basée sur les intérêts communs et l’interdépendance économique entre les Etats de la région. Pour obtenir cela il faudra élargir les relations bilatérales et multilatérales, et aussi créer dans la région un système de sécurité coopérative.

L’avenir de cette région est indissolublement lié au développement conséquent des processus d’intégration. Avec l’arrivée de la Rusie, le forum de la coopération économique dans les régions d’Asie et du Pacifique a adopté un caractère réellement inter-régional. Je suis pérsuadé que ce forum jouera un rôle clef dans l’économie globale du XXIème sciècle.

La Fédération russe participe activement dans le forum d’ASEAN qui a déja beaucoup contribué à l’application de mesures de confiance et à la formation d’une atmosphère de compréhension mutuelle entre les Etats de la région. Nous, de notre coté, sommes prêts à avancer, en faisant des propositions pour l’ordre du jour du forum.

Dans les dernières années, avec la participation de la Russie, un mécanisme unique a été créé. Il s’agit des “ 5 du Changhai ”, où participent également la Chine, le Kazakhstan, le Kirgistan et le Tadgikistan. Dans le cadre des “ 5 ”, des accords conjoints ont été élaborés afin de renforcer les mesures de confiance et la réduction mutuelle des forces armées dans la région de frontière commune. Actuellement les participants sont en train de préparer d’une manière active et concrète une rencontre régulière des “ 5 de Chankhai ” au plus haut niveau, qui permetra de donner une impulsion nouvelle à son activité.

De larges perspectives s’ouvrent pour la coopération commerciale et économique entre les Etats d’Asie et du Pacifique. Depuis longtemps les produits et les services scientifiques et technologiques de plus haut niveau constituent une image de marque de la région. La Fédération Russe développe d’une manière conséquente les relations économiques et commerciales, ainsi que la coopération industrielle avec cette région. Actuellement, dans ces pays, plus de 400 entreprises fonctionnent avec une participation des capitaux russes. Plus de 1000 entreprises conjointes sont immatriculées chez nous, en Extrême Orient.

Bien évidemment, on a encore beaucoup à faire afin de transformer la région d’Asie et de Pacifique en unemaison commune épanouie, où tous les peuples pourraient se sentir comfortables et tranquilles. Les medias, que vous représentez, peuvent jouer un rôle important dans la réalisation de ce but généreux. Nous pouvons y parvenir en créant un environnement d’information favorable.

Plus largement, une des questions clef aujourd’hui, c’est comment nous voyons le devenir de la société d’information et comment nous devons le construire.

Le développement précipité des technologies, des télécommunications et des moyens informatiques prend aujourd’hui la forme d’une révolution globale de l’information, qui touche toutes les sphères de la vie d’une société : les relations internationales, la politique, l’économie, la gestion, les finances, la science et la culture. Des possibilités larges s’ouvrent pour les échanges d’informations, y compris entre les gens.

En même temps, nous ne pouvons ne pas nous pencher sur les menaces potentielles de l’utilisation des inventions dans les domaines dont les buts n’ont rien à voir ni avec le progrès universel, ni avec les tâches de maintien de la paix internationale, de la stabilité et de la sécurité. Il est important de ne pas laisser passer cette confrontation dans la sphère de l’information. Mais il faut tout de même souligner l’existence d’une telle menace.

Une résolution adoptée par une Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies selon l’initiative de la Russie a déjà indiqué l’existence du problème de des informations internationales sécurisées et a appelé à l’examiner aux niveaux multilatéraux.

Le but de cet examen devrait consister en la création de conditions sécurisées d’échange d’informations internationales sur des bases égalitaires. On ne peut pas permettre l’utilisation des moyens d’information à des fins terroristes et criminelles, déstabilisants la société.

Il y a 100 ans, un écrivain français réputé a dit : “ Notre époque joue dangereusement avec les forces imprimées, qui peuvent être pires qu’un explosif ”. Malheureusement, aujourd’hui c’est doublement vrai. Il est nécessaire de faire en sorte que nous ne soyons pas obligé plus tard de défendre l’homme de progrès dans la sphère d’information. Il faudra trouver une formule de diffusion et d’utilisation juste de l’information et des connaissances. Les problèmes liés aux conséquences de la globalisation de l’information attendent également leur résolutions. Ce processus, en plus de créer des nouvelles possibilités, peut menacer d’éffacement l’originalité des peuples et uniformiser la culture.

Ici nous avons besoin d’un acteur fort d’information, humanitaire et culturel. La diversité culturelle et la sécurité d’information ont pour l’avenir de la société autant d’importance, qu’un équilibre écologique. Le sens positif de la globalisation doit consister en un enrichissement croissant des cultures, y compris à travers les medias, mais pas en une domination des cultures par une autre.

Je voudrais aborder en particluer la question de la résponsabilité des medias. Le quatrième pouvoir, ce n’est pas qu’une défintion. C’est affirmer le rôle et l’influence particuliers de la presse. En réclamant auprès des pouvoirs exécutifs et législatives une transparence face à la société, les medias doivent aussi porter leur part de responsabilité. Malheureusement, nous assistons souvent à des guerres d’information modernes, qui ont une force de destruction énorme. Elles constituent un danger particulier au moment des situations de crises, en stimulant, au lieu de la faire baisser la tension dans les conflits. Dernièrement, il a eu certains cas d’informations non-vérifiées, ou bien de désinformations évidentes, diffusées dans les medias, qui ont amené à prendre des décisions militaires et politiques erronées. Apparemment l’époque est venue d’ exclure ce genre de choses négatives.

Pour finir je voudrais souhaiter le succés dans le travail d’une assemblée aussi répresentative. Je suis sûr, que votre organisation contribuera positivement dans la mise en valeur égalitaire d’un espace global d’information dans l’intérêt des peuples de la région d’Asie et de Pacifique, et de toute la communauté internationale.

Le 21 avril 2000