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DECLARATIONS

 

Traduction non-officielle du russe

STENOGRAMME DE LA CONFERENCE DE PRESSE DE I.S.IVANOV, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES DE LA RF

Centre de presse du MAE de la Russie

09 juin 2000

I.S.Ivanov

Bonjour,

J'ai demandé cette entrevue, car nous n'avons pas eu de possibilité de nous voir et de vous informer en détail sur l'essentiel du bilan du sommet russo-américain récent qui s'est tenu à Moscou, ainsi que sur celui de la visite du Président de la Russie Fédérée en Italie et au Vatican. Je commencerai par le sommet de Moscou. Dans le cadre des pourparlers, comme vous le savez, il y a eu plusieurs entrevues du Président de la Russie avec son homologue américain en tête-à-tête, ainsi que deux tours de négociations élargies avec la participation des membres des délégations des deux pays. L'ordre du jour englobait tout l'ensemble des relations russo-américaines, notamment: problèmes de la sécurité internationale et de la stabilité, recherche conjointe des réactions aux défis globaux: terrorisme international, criminalité organisée, trafic de drogues. On a également examiné des problèmes régionaux, nos rapports dans le commerce, l'économie et les investissements, ainsi que dans les domaines de la culture, de l'éducation, des échanges entre les gens.

A l'issue de la visite, les présidents ont signé une série de documents d'importance. C'est, avant tout, la Déclaration commune sur les principes de la stabilité stratégique et le Mémorandum sur la création à Moscou du centre russo-américain d'échange de données sur les lancements de missiles et de porteurs spatiaux. Les présidents ont également adopté les déclarations communes sur le problème de l'utilisation du plutonium militaire et sur la coopération dans la lutte contre le réchauffement global.

Nous sommes, satisfaits tant de l'atmosphère générale que des résultats des négociations passées. L'essentiel est que les dirigeants de nos deux pays ont confirmé le caractère prioritaire des relations russo-américaines, l'orientation à la consolidation de la base positive de notre coopération et la résolution des différends par voie de dialogue et de prise en compte des intérêts mutuels. Il est normal que tous les problèmes n'aient pas trouvé leur solution à Moscou. Néanmoins, certains nous avaient amenés à la compréhension mutuelle, pour d'autres, nous avions posé des jalons menant à la solution lors de futurs contacts au sommet.

La place clé aux négociations revenait aux problèmes de consolidation de la sécurité internationale, et, avant tout, celui de START/ABM. Le Président russe a de nouveau exprimé très clairement notre rejet catégorique des projets de la création par les Etats-Unis du système national NMD et de la correction, à cet égard, du traité ABM de 1972, ce qui signifierait, et je le souligne encore, la rupture de ce document inportantissime. Nous avons indiqué très ouvertement les conséquences négatives de la réalisation de ces projets pour le processus du désarmement en général, pour les régimes de non-prolifération et, finalement, pour la sécurité non seulement de la Russie, mais des autres états également, les Etats-Unis compris, pour la stabilité stratégique sur l'ensemble du globe.

Nous avons parallèlement avancé une alternative constructive concrète aux projets des Etats-Unis sur le NMD. Il s'agit de la suite de la réduction des armements offensives stratégiques, de la consolidation des régimes de non-prolifération, y compris par voie de création d'un Système global de contrôle de la non-prolifération des missiles et des technologies de missiles (SGC).

Quels sont donc les résultats concrets du sommet sur ce point-là? Premièrement, on a confirmé au plus haut niveau le principe de base - le maintien du traité ABM est la pierre angulaire de la stabilité stratégique. Ce principe est entériné au paragraphe 5 de la Déclaration commune. Deuxièmement, nous nous sommes entendus d'activer les discussions au sujet du traité START-3. Ce mois même, des consultations appropriées auront lieu. Nous nous prononçons alors et toujours pour des niveaux des ogives plus bas pour chaque partie que ce n'est stipulé par les Accords d'Helsinki des Présidents de la Russie et des Etats-Unis en 1997. Si vous vous souvenez, leur niveau y avait été fixé à 2000-2500. Nous proposons de le réduire à 1500. Je voudrais particulièrement souligner la déclaration du Président des Etats-Unis sur sa tendance à faire ratifier par le Sénat américain l'ensemble des accords de New York de 1997, dont la délimitation de la NMD stratégique et non stratégique. Comme vous le savez, l'Assemblée Fédérale avait ratifié tant le Traité START-2 que les accords correspondants de 1997. C'est la condition sine qua non pour l'entrée du Traité START-2 en vigueur. Cependant, je voudrais souligner que ces accords ouvrent justement des possibilités supplémentaires à la coopération dans le domaine de la NMD non stratégique.

Nous allons également continuer notre dialogue avec les Etats-Unis sur le NMD, l'accent mis cette fois sur la coopération afin de préserver la stabilité stratégique.

Troisièmement, à Moscou a commencé de fait la discussion précise de notre programme positif sur la sécurité. Washington s'est enfin, après maintes hésitations, dit prêt à examiner en commun la proposition sur la création du Système global de contrôle sur la non-prolifération des missiles et des technologies de missiles, ouverts à tous les pays. A propos, c'est l'entente de nos présidents d'ouvrir à Moscou le Centre d'échange de données sur les lancements des missiles et des porteurs spatiaux qui est devenue le premier pas sur cette voie.

Et enfin, ce qui est très important, on comprend la nécessité de reprendre la coopération russo-américaine sur le NMD non stratégique. Il s'agirait de systèmes régionaux correspondants avec la participation de toutes les parties intéressées ou de pays se conformant aux principes des Traités sur la non-prolifération des armes nucléaires et sur l'interdiction complète des essais nucléaires.

Une attention toute particulière aux négociations des deux présidents a été accordée à l'ensemble des problèmes d'importance de la non-prolifération et du contrôle des exportations. Les présidents russe et américain ont parlé de l'attachement commun à la prévention de la prolifération de la technologie de missiles et de l'obtention du respect strict des lois et normes dans le domaine du contrôle des exportations.

Ils ont également parlé de l'intérêt commun pour la coopération commerciale dans l'espace et ont noté le succès du travail de la joint-venture de lancement des appareils cosmiques. Ils sont tombés d'accord, ce qu'il est important de noter, de tenir incessamment des consultations sur la coopération future dans le domaine de l'utilisation de l'espace à des fins commerciales pour aller vers la levée des limitations existantes des lancements spatiaux à caractère commercial.

Une discussion sérieuse a concerné les problèmes de la lutte contre le terrorisme international et l'extrémisme. Les présidents de la Russie et des Etats-Unis ont été unanimes sur le fait que la croissance de l'activité terroriste représente une menace sérieuse non seulement à la Russie et aux Etats-Unis, mais à la stabilité internationale en général. Nous sommes actuellement en présence de la vraie formation d'une internationale terroriste avec l'Afghanistan pour centre, sur le territoire contrôlé par les taliban. Compte tenu de ce fait, on s'est mis d'accord sur la création d'un groupe de travail bilatéral chargé de mettre au point des propositions concrètes sur les mesures de l'opposition politique, économique et autre à la menace du terrorisme venant du territoire afghan.

C'est dans le cadre de la lutte contre le terrorisme international qu'a été discutée la situation au Caucase du Nord. Le Président de la Russie a formulé avec une extrême justesse le sens de ce qui se passe dans la région - la Russie y mène une lutte contre les forces extrémistes, en défendant non seulement ses propres intérêts, mais ceux du monde civilisé entier. La partie russe a de nouveau souligné son caractère ouvert à l'interaction avec les organismes internationaux pour des aspects humanitaires de la situation en Tchétchénie, dans le cadre également de l'exécution de nos obligations afférentes au Traité adapté sur la limitation des forces armées en Europe et au Document de Vienne sur les mesures de confiance.

Lors de la discussion des problèmes internationaux, nous avons pour notre part mis l'accent sur la consolidation du rôle de l'ONU et de son Conseil de Sécurité, surtout à la veille du sommet "du millénaire" qui se tiendra en septembre prochain à New York. Nous avons confirmé l'orientation au dégel progressif des rapports Russie-OTAN. Vous savez que le maréchal I.D.Sergueïev, Ministre de la défense, participe aujourd'hui à la séance du CCP au niveau des ministres de la défense Russie-OTAN. On a également examiné des problèmes d'interaction russo-américaine dans le règlement des conflits régionaux, dont le processus de paix au Proche-Orient, dans les Balkans, en Asie du Sud, sur la péninsule Coréenne. On réalise nettement qu'un dialogue constructif entre la Russie et les Etats-Unis peut réellement contribuer à trouver des solutions mutuellement acceptables de tous ces problèmes.

Une place importante aux pourparlers revenait à la composante économique des relations russo-américaines. Le Président russe a informé son homologue américain sur des modifications positives apparues dans le secteur réel de l'économie de la Russie, a parlé de nos projets économiques. Il a en particulier noté en guise de priorité de base de la nouvelle administration russe l'amélioration du climat d'investissements dans le pays, la consolidation de la base législative dans le domaine fiscal, l'amélioration du fonctionnement du système bancaire, la lutte contre la corruption.

La Russie et les Etats Unis estiment qu'il est important d'activer efficacement le mécanisme éprouvé par le temps de coordination des relations économiques bilatérales qu'est la commission russo-américaine à la coopération économique et technologique.

Au cours des pourparlers, nous ne pouvions certainement pas passer à côté des problèmes qui freinent nos relations commerciales et économiques. Cela concerne en particulier le fameux amendement Jackson-Vanik, les limitations commerciales discriminatoires, les procédures sévères antidumping toujours en vigueur.

La qualification de la Russie par la partie américaine en tant que pays sans économie de marché est également un frein sérieux. A ce propos, le Président des Etats Unis s'est vu remettre un avis correspondant, et nous espérons que nos experts entameront incessamment des négociations concrètes sur ce sujet.

Un autre sujet important est l'adhésion de la Russie à l'OMC. On est tombé d'accord qu'une délégation américaine, le représentant aux pourparlers commerciales à sa tête, viendrait à Moscou pour les consultations correspondantes.

Le sommet a également abordé les problèmes de l'expansion des relations scientifiques, culturelles, humanitaires et autres entre la Russie et les Etats-Unis.

En général, des pourparlers constructifs assez chargés ont eu lieu, au cours desquels nous avons discuté des problèmes clé concernant, en plus des rapports entre la Russie et les Etats-Unis, les intérêts de toute la communauté mondiale. Rien que cela désavoue ceux qui affirment que la coopération russo-américaine est en crise. Il existe certes des problèmes, des différends qu'on ne cache pas et qui ont été ouvertement évoqués au cours des pourparlers à Moscou. Mais ce ne sont pas eux qui déterminent le caractère de notre dialogue et de notre interaction.

Les huit dernières années, une atmosphère foncièrement neuve a été créée dans nos rapports avec les Etats-Unis. Une structure dense de la coopération est formée. C'est grâce à cette base positive que nous savons et saurons non seulement trouver des solutions communes mutuellement acceptables des problèmes les plus coriaces, mais également faire avancer nos relations.

Le dialogue des présidents de la Russie et des Etats-Unis sera poursuivi dans les tout prochains mois. Nos président se sont entendus de se revoir en Okinawa dans le cadre du sommet des "huit" fin juillet prochain, à New York début septembre prochain, où se tiendra le "sommet du millénaire", ainsi qu'au Brunei mi-novembre prochain lors du sommet des pays de l'APEC.

Tel est en bref le bilan ou son appréciation du sommet russo-américain.

Concernant le Traité START-3, je veux souligner une fois de plus que les parties se donnent pour objectif de continuer la réduction des forces stratégiques dans le cadre du nouveau traité. Nous nous y comprenons à cent pour cent. Et, comme je viens de le dire, cela a été reflété dans la déclaration commune des deux présidents.

La partie russe a confirmé sa position de principe que la réduction ultérieure des armements offensifs stratégiques n'est possible qu'à condition de ne pas toucher au Traité ABM. Cette approche, je le rappelle, a servi de point de départ de l'accord entre la Russie et les Etats-Unis pour conclure le Traité START-3 obtenu par les présidents en 1997, à Helsinki. Nous avons aussi confirmé être prêts, comme je viens de le dire, d'inclure au START-3 la limite totale des ogives inférieure par rapport à celle dont il a été convenu à Helsinki - 1500 unités. Ces questions nécessiteront également des négociations sérieuses.

En ce qui concerne les négociations officielles sur les AOS, conformément à la déclaration de Moscou, des présidents de la Russie et des Etats Unis en date de 1998, invoqué à propos là par nos présidents dans leur Déclaration sur les principes de la stabilité stratégique, ils peuvent commencer aussitôt après la ratification par la Russie du Traité START-2, c'est-à-dire sans attendre qu'il soit ratifié par les Etats-Unis. La voie aux pourparlers est donc ouverte.

Vu les questions posées dans la presse, je voudrais aussi expliquer le sens de la proposition russe de la coopération avec les pays ouest-européens dans le domaine du NMD non stratégique. Il en a été question lors de la visite du Président américain et, comme vous le savez, lors de la visite du Président de la Russie en Italie.

Les propositions du Président russe sur la création du système pan-européen du NMD non stratégique comprenant le territoire de la Russie est un développement logique de l'idée russe sur la coopération internationale dans le domaine du NMD non stratégique. Une telle interaction ne nuit pas au Traité ABM de 1972. Quel est le sens de notre proposition? Nous estimons qu'il est absolument important que le NMD non stratégique européen n'ait pas un caractère étroit de blocs, mais réellement pan-européen. Il s'agit alors d'une opposition commune à la prolifération des missiles, de la neutralisation de la menace en puissance de l'attaque par missiles des pays européens, y compris, naturellement, la Russie.

Nous n'avons pas l'intention de rendre les états ouest-européens dépendants des technologies antimissiles russes.

Nous proposons au contraire de travailler en commun et de concerter nos actions lors de la création du système pan-européen du NMD non stratégique.

Quels sont selon nous les domaines concrets de la réalisation de cette coopération? Les experts russes citent ceci:

- évaluation commune du caractère et des échelles de la prolifération des missiles et de menaces possibles des missiles;

- mise au point commune de la conception du système pan-européen du NMD non stratégique, de l'ordre de sa création et de son déploiement;

- création en commun du centre polyvalent pan-européen de prévention sur les lancements des missiles;

- tenue d'exercices d'états-majors communs;

- recherches et expérimentations communes;

- mise au point commune des systèmes du NMD non stratégique;

- création des unités du NMD non stratégique pour les actions communes ou concertées de protection des forces de paix et de la population civile.

En développant cette coopérations nous sommes prêts à une interaction plus étroite.

Nous sommes prêts et proposons de tenir des consultations correspondantes avec les états ouest-européens sur toutes ces questions.

Maintenant, en ce qui concerne les résultats de la visite du Président de la Russie Fédérée en Italie, en complément à ce qui vient d'être dit lors des conférences de presse qui ont eu lieu.

Je veux souligner qu'à Rome, a eu lieu un dialogue détaillé et bien étoffé sur tout l'ensemble des problèmes qui intéressent aujourd'hui la Russie et l'Italie. Les deux parties ont souligné que ces dernières années, les relations entre nos deux pays ont atteint un niveau de compréhension et d'action mutuelles sans précédent dans différents domaines. Le dialogue politique sincère et fructueux, mené entre Moscou et Rome, permet de rapprocher les positions, de coopérer activement dans le cadre de l'ONU, des "huit", d'agir avec initiative dans le contexte international et européen. Ce n'est pas par hasard que l'Italie est devenue le premier pays ouest-européen visité par le Président de la Russie après son entrée officielle en fonction.

En général, les pourparlers du Président de la Russie avec le Président de l'Italie et le Président du Conseil des Ministres de l'Italie ont confirmé le haut niveau du partenariat d'affaires, constructif, de la Russie et de l'Italie, devenue un facteur de poids de la politique européenne contemporaine. Les dirigeants des deux pays se sont entendus de continuer un dialogue approfondi à tous les niveaux et sur toutes les questions touchant aux intérêts communs. Le Président de la Russie a confirmé son invitation au Président de l'Italie de visiter notre pays, et cette visite aura lieu en octobre prochain. L'invitation a également été transmise au Président du Gouvernement de l'Italie.

Lors de la discussion des problèmes de la politique internationale, il a été constaté la convergence de vues sur les problèmes cardinaux de l'actualité. Les parties se sont prononcées pour une consolidation du rôle fondamental de l'ONU et du Conseil de Sécurité dans le maintien de la paix universelle, pour une extension de l'interaction entre la Russie et l'Union Européenne. Nos vues et approches concernant la situation autour du Kosovo et dans les Balkans en général sont semblables sur beaucoup de points.

Comme je viens de le dire dans mes commentaires précédents, le Président de la Russie a avancé la proposition de créer, de concert avec les européens, un système du NMD afin d'assurer la sécurité de l'Europe entière.

Un accent particulier lors de la visite a été mis sur l'interaction économique entre les deux pays. Les pourparlers ont confirmé la présence d'une liaison étroite entre le partenariat politique de la Russie et de l'Italie et une coopération économique fructueuse. Il s'agit avant tout de projets à grande échelle de coopération industrielle, qui jouissent du soutien des dirigeants des deux pays. Ce sont la construction du gazoduc "Flux bleu" à travers la Mer Noire, la fabrication de voitures FIAT à Nijni Novgorod, la création de l'avion d'entraînement de nouvelle génération Yakovlev 130. Nous espérons que la réalisation de ces projets et d'autres également permettra de faire inclure dans l'orbite de la coopération économique de nouveaux investisseurs et industriels, élargira les possibilités des P.M.E., ce qui a surtout été souligné par nos partenaires italiens. Certaines propositions concrètes sur le développement de la coopération économique bilatérale ont été avancées lors de la rencontre à Milan du Président de la Russie avec les leaders du monde des affaires italien. Le résultat concret important obtenu au cours de cette visite est la signature du Mémorandum entre Vnechéconombank et la banque italienne "Mediobanca" sur l'octroi de 1,5 milliard de USD pour les investissements et les crédits d'exportation vers la Russie.

Lors de son séjour à Rome, le Président de la Russie a visité Vatican, où il a rencontré le Pape Jean-Paul II. Les parties ont confirmé la stabilité des contacts au sommet de la Russie et de Vatican et ont constaté que le développement des relations entre la Russie Fédérée et le Saint-Siège correspond aux intérêts de la communauté internationale.

Je vous remercie beaucoup. Maintenant, si vous avez des questions, je suis prêt à y répondre.

Question

Concernant la Corée du Nord. L'Administration du Président a annoncé aujourd'hui la visite du M.V.V.Poutin en Corée du Nord. Si c'est possible, pouvez vous communiquer les délais et l'ordre du jour de la visite. Est-ce que l'on prévoit de signer quelques documents ? Est-ce que le Président a l'intention de visiter un autre pays au cours de ce voyage ?

I.S.Ivanov

Comme vous connaissez déjà, au cours de ma visite en République populaire démocratique de Corée il a été signé un Traité d'amitié, de coopération et de bon voisinage entre nos pays. Ce document est absolument nouvel qui met les relations entre deux Etats au niveau moderne. Maintenant, il faut le remplir d'un contenu réel.

Le Président de la Russie a été invité par les dirigeant de la RPDC de visiter ce pays et cette visite va avoir lieu. Il est tout à fait naturel que les parties aborderont, avant tout, les problèmes des relations bilatérales entre la Russie et la Corée du Nord. Les dernières années un certain affaiblissement de ces relations pouvait être observé. Nous croyons qu'il faut surmonter cette période. Cela répond aux intérêts de deux Etats, dont l'histoire des relations est très riche. Nous comptons qu'il y a beaucoup de projets économiques à réaliser. Il est évident que les problèmes internationaux de l'actualité sont aussi prévus d'être envisagé au cours des négociations, notamment, ceux qui concerne la situation dans la région asiatique de l'Océan pacifique et, plus précisément, dans la péninsule coréenne. Nous sommes intéressés de voir la péninsule coréenne stable et sûre pour que cette région ne menace pas la situation en Asie du Nord-Est. Chacun qui partagent ce point de vue devra y contribuer. La Russie fera tout le nécessaire pour y parvenir.

Question

Pouvez-vous faire des commentaires au sujet de l'établissement à Moscou du Centre russo-américain d'avertissement des lancements des missiles dans le contexte des nouvelles menaces de l'Inde et de la Chine ainsi que les négociations entre le Président russe et Tzian Tzemin.

I.S.Ivanov

Premièrement, quelques mots sur le système universel de contrôle de la prolifération des missiles et des technologies de missile et, ensuite, sur la fondation du Centre à Moscou. Ces questions sont liées entre elles dans une certaine mesure.

Vous êtes au courant que la rencontre internationale des experts consacrée au Système universel du contrôle de la prolifération des missiles et des technologies de missile s'est déroulée avec succès le 16 mars à Moscou. L'idée d'établissement d'un système pareil a obtenu un large appui au cours de la rencontre. Actuellement, nous voudrions continuer à développer cette idée en commun avec les pays intéressés. Vu cela, nous somme en train d'étudier les nouvelles propositions avancées par la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France. L'objectif est de trouver des contre-mesures de la prolifération des missiles. Nous y sommes intéressés et prêts à une large coopération au niveau international. Plusieurs mesures parmi celles proposées sont d'intérêt pour l'évolution de la conception du système de contrôle universel qui devient, en effet, une idée de l'échelle mondiale.

Quant au Centre commun d'échange de données sur les systèmes de prévention et d'avertissement des lancements des missiles, le Mémorandum d'établissement d'un centre pareil a été rédigé par suite des négociations relatives à l'application de la Déclaration commune des Présidents de la Russie et des Etats-Unis en 1998 concernant l'échange de l'information sur les lancements des missiles et leur avertissement précoce.

Quels sont les buts d'établissement d'un Centre pareil ? Ils sont évidents. C'est le niveau diminué d'une erreur éventuelle de lancement résultant d'un avertissement faux. Voilà l'essentiel et les buts de ce Centre à fonder à Moscou.

Du point de vue technique ce Centre représentera un local avec les moniteurs indiquant aux opérateurs russes et américains une information traitée relative aux lancements des missiles en Russie et aux Etats-Unis ainsi qu'aux autres lancements pouvant être considérés comme une attaque de missile éventuelle contre nos pays. Les opérateurs pourront éclaircir d'une façon expéditive les situations vagues soit entre eux, soit après les consultations avec leur commandement national.

Ce centre renforcera sans doute la sécurité non seulement de la Russie et des Etats-Unis, mais aussi du monde entier. Il est à noter qu'aucune coopération avec les Etats-Unis ne pourrait être réalisée au détriment de nos relations amicales avec des tiers. Il faut que ce soit clair. Le Mémorandum contient des dispositions très évidentes à ce sujet. En perspective, nous admettons une possibilité de créer un centre international d'avertissement de missile sur la base technique du centre de Moscou.

En ce qui concerne la conversation téléphonique d'hier entre le Président de la Russie et celui de la Chine, c'était un dialogue naturel entre les dirigeants de deux Etats qui bâtissent les relations stratégiques de partenaire. Il a été envisagé les problèmes actuels des relations bilatérales, de la préparation de la prochaine visite du Président russe en Chine. Le Président V.V.Poutin a informé son homologue chinois sur les résultats essentiels du sommet russo-américain à Moscou. Cette pratique est tout à fait ordinaire qui existe entre les dirigeants de deux pays et qui existera à l'avenir.

Au sujet des menaces nouvelles… Vous pouvez voire qu'il s'agit des menaces potentielles dans la déclaration. Nous partons du fait qu'aujourd'hui les menaces pareilles n'existent pas. Néanmoins, il ne serait pas possible d’exclure qu’elles pourront apparaître sous telle ou telle forme. Cette supposition est hypothétique. Voilà pourquoi nous disons que si une des parties constituait une menace, on aurait besoin de la coopération internationale, car cette menace pèsera non seulement sur les Etats-Unis mais également sur la Russie, l'Europe et les autres Etats. En répondant à ces menaces potentielles il faut éviter tout système anti-missile local d'un Etat dont la construction pourrait porter atteinte à la stabilité stratégique fondamentale. Il est nécessaire de coopérer en conformité du Traité ABM et d'appliquer les efforts communs en vue de les localiser. Cela va de soi que nous devons d'avance accepter l'existence de ces menaces.

Au sommet à Moscou il y avait plutôt un échange de vues que l'examen réel. Car notre point de vue est qu'aujourd'hui les menaces pareilles n'existent pas. Pourtant, rien ne peut être exclu à l'avenir.

Quant aux amendements et aux modifications pouvant être apportés au Traité ABM de 1972, un nombre de mesures déterminées est prévu en vue de renforcer sa viabilité. Mais cela ne concerne pas les principes de base de ce Traité.

Voilà pourquoi l'idée mentionnée au paragraphe 5 de la Déclaration commune que le Traité ABM représente une pierre angulaire de la stabilité stratégique, est tellement importante. En même temps si une discussion quelconque est possible, elle ne pourra porter qu'au sujet des problèmes secondaires sans toucher l'essentiel, le fond du Traité.

Question

Premièrement. Est-ce que l'on attend que le Président V.V. Poutin persuadera la RPDC d'arrêter l'élaboration des technologies de missile au cours de sa visite en Corée du Nord ?

Deuxièmement. Vous avez dit que le Centre d'avertissement à Moscou pourra être transformé en un centre international. Vu cela, je voudrai dire que la partie américaine admet que les lancements des missiles coréennes pourraient être surveillés de ce Centre. Ce Centre se transforme déjà, spécialement ou non, en un lieu de contrôle des missiles coréennes.

I.S.Ivanov

En ce qui concerne votre première question, le Président de la Russie effectuera une visite dans un pays amical et il n'aura aucune intention de persuader quelqu'un de quelque chose. Les pourparlers bilatéraux au sommet sur l'ensemble de problèmes sont prévus. Les parties envisageront les questions d'intérêt réciproque. Je répète que nous sommes intéressés que le péninsule coréen soit une île de stabilité, que les relations entre la Corée du Sud et la Corée du Nord soient bonnes et que cette région soit heureuse. La Russie, de sa part, y contribuera dans la mesure du possible.

Quant au Centre de Moscou, il contrôlera tout lancement de missile où qu'il soit réalisé. Le Centre n'est pas destiné à veiller aux lancements de quelque point unique. Où que ce soit les lancements, ils seront fixés à ce Centre. Son objectif principal est d'éviter une situation quand une erreur pourrait aboutir à des actions dangereuses.

Question

Pouvez-vous dire quelques mots sur la prochaine visite du Président russe en Espagne, qu'est-ce que l'on attend de cette visite ?

I.S.Ivanov

Nous attachons de la valeur à la prochaine visite en Espagne du point de vue de l'intensification du dialogue politique qui se trouve déjà à un niveau élevé. Vous êtes au courant que M.J.M.Aznar, Président du gouvernement de l'Espagne, a effectué une visite à Moscou. Nous avons échangé de vues sur plusieurs questions clé. Nos attitudes à l'égard de plusieurs problèmes aussi bien internationaux que globaux ont été proche. Nous avons l'intention de renforcer et d'intensifier ce dialogue. La Russie s'intéresse à élargir la coopération commerciale et économique. En général, elle est évoluée, pourtant, nous comptons que le niveau actuel du développement économique de l'Espagne permet d'augmenter d'une façon considérable les investissements espagnols au marché russe. Voilà pourquoi le Président russe aura une rencontre au cours de sa visite avec les représentants du monde d'affaire de l'Espagne durant laquelle ils pourront obtenir une information sur la situation dans l'économie russe, les plans du gouvernement de la Russie. Cela permettra d'apprécier réellement leurs possibilités et les perspectives de notre marché. Nous comptons que les relations russo-espagnoles peuvent et doivent jouer un rôle actif dans la politique européenne et régionale de certaines régions. Ce sont les problèmes qui seront envisagés au cours du dialogue à Madrid.

Question

Est-ce que les Présidents de la Russie et des Etats-Unis ont abordé la situation au Proche Orient ? Est-ce qu'ils ont convenu de quelques mesures communes en vue d'avancer le règlement pacifique ? Est-ce que le Président V.V.Poutin a l'intention de visiter le Proche Orient ? Si oui, quand il prévoit l'effectuer ?

I.S.Ivanov

Bien sûr que le règlement au Proche Orient ait été abordé. Surtout, en tenant compte des événements récents, notamment, le retrait des troupes israéliennes du territoire libanais. En tant que le cosponsor nous sommes pour la suite du règlement dans tous les trois tracks. Nous nous prononçons pour la reprise rapide des pourparlers israélo-syriens, car il est impossible de parler sur le règlement universel au Proche Orient sans ces pourparlers. Nous avons convenu de continuer les contacts. Comme vous le savez, le secrétaire d'Etat des Etats-Unis a quitté Moscou pour le Proche Orient en vue de contribuer à l'avancement du règlement dans les trois tracks. Je répète : dans tous les trois tracks. Ce n'est pas encore le moment de préciser les délais de la visite du Président de la Russie au Proche Orient, mais il accorde toujours son attention à ce sujet et veille attentivement au déroulement des processus dans cette région. Tout comme auparavant, nous contribuerons à ce règlement d'une façon intensive.

Question

Quels problèmes vous aborderez au cours de vos prochaines rencontres avec le Ministre des Affaires étrangères de l'Inde ?

I.S.Ivanov

Il est naturel que nous aborderons un ensemble de problèmes car nous avons des relations particulières avec l'Inde. C'est l'un de nos partenaires principaux en Asie. L'Inde est une grande puissance avec laquelle nous examinerons non seulement les problèmes bilatéraux, mais aussi ceux internationaux portés non seulement sur la région asiatique de l'Océan pacifique. Ce sera une visite prévue. Parmi les tâches primordiales des prochaines négociations figurera la préparation de la visite du Président de la Russie en Inde qui aura lieu cet automne.

Question

Comment vous pouvez apprécier les relations russo-allemandes ? Qu'est-ce que vous attendez du sommet de Berlin ? Quelle est la place de l'Allemagne dans les relations étrangères de la Russie ?

I.S.Ivanov

Imperceptiblement, nous avons passé aux visites futures. Je voudrais vous en informer après qu'elles s'achèvent. On a planifié une visite en Espagne pour les 13 et 14 juin, en Allemagne – pour les 15 et 16 juin, ensuite en Moldavie. La semaine prochaine nous aurons, peut-être, une possibilité de se rencontrer et je pourrais vous informer des résultats de ces contacts.

En répondant brièvement à votre question je voudrais dire que l'Allemagne occupe l'une des plus principales places dans notre politique européennes et dans la politique mondiales dans son ensemble. Elle est notre partenaire très importante et nous sommes intéressés à ce que tout le capital accumulé dans les relations entre nos pays servirait aux intérêts de nos Etats, de la stabilité européenne et internationale.

Cela est possible. Il existe une volonté politique correspondante en Russie. J'espère qu'il est de même à Berlin, voilà pourquoi nous attachons de la valeur aux prochaines négociations. Elles se tiendront au grand complet. Le Président sera accompagné d'un nombre de ministres tels que les ministres de Finance, de l'Economie, de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères. Les négociations sur l'ensemble de problèmes sont prévues. A notre avis, elles permettront d'intensifier nos relations bilatérales dans tous les domaines.

Question

Dites, s'il vous plaît, si le deuxième tour des pourparlers avec le ministre des Affaires étrangères de l'Albanie a eu lieu. De quoi vous avez convenu hier soir ? Je parle du problème de Kosovo.

I.S.Ivanov

Le deuxième tour s'est déroulé au cours du petit déjeuner suivant le programme. Les actions de protocoles font, en effet, partie du programme des pourparlers. C'est pourquoi je peux répondre à la première partie de vontre question : "Oui, il a eu lieu". Quant au fait que si un accord a été parvenu ou non, l'essentiel était que nous avons eu la même manière de voir le problème de Kosovo qui consistait à ce qu'il fallait appliquer rigoureusement la résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l'ONU. Cela signifie que tous les principes de cette résolution, à savoir : le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la Yougoslavie, doivent être respectés. En ce qui concerne les différences des estimations, elles se rapportent plutôt au passé qu'à l'actualité, aux motifs de cette crise. Notre point de vue est que l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie a mis le problème dans l'impasse. Pourtant, ce problème n'est pas d'aujourd'hui. Il existait auparavant. L'agression l'a acculé à l'impasse d'où il est très difficile de le faire sortir. Cependant, cela va de soi que notre pays et la communauté mondiale prennent des mesures en vue de trouver une issue. Le point de vue du ministre albanais est que la situation actuelle résulte de la politique de Belgrade. Ainsi, cette discussion a plutôt un caractère historique. En ce qui concerne le future, je voudrais dire une fois de plus que l'Albanie comme la Russie sont les membres de l'Organisation des Nations Unis et tous les membres de l'Organisation des Nations Unis doivent appliquer les résolutions de son Conseil de Sécurité.

Question

Vous avez beaucoup dit sur la coopération entre l'Europe et la Russie dans le domaine du système anti-missile non stratégique. Quelle était la réaction du M.B.Clinton à la proposition du M.V.V.Poutin sur la coopération entre les Etats-Unis et la Russie dans ce domaine ?

I.S.Ivanov

Avavnt tout, je voudrais rappeler que par suite des pourparlers de 1997 nous avons parvenu à l'entente de séparer l'ABM stratégique et non stratégique. L'idée principale de cette entente était de choisir un domaine où nous pouvions coopérer, notamment, le système anti-missile non stratégique. Autant que je sache, le Président des Etats-Unis a montré de l'intérêt pour cette proposition.