Malgré plusieurs appels du MAE russe aux dirigeants de l'ONU et nos appels de s'abstenir des pas hâtifs, B.Kouchner, représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU au Kosovo, a ignoré le point de vue de la Russie et a déclaré sa décision d'organiser les élections municipales au Kosovo, ce 28 octobre.

Notre position concernant ces élections est bien connue: nous avons déclaré à maintes reprises qu'il nous est difficile de soutenir leur organisation au Kosovo cette année, bien que nous ne soyons pas contre leur tenue en principe, les élections étant un élément important du règlement politique dans cette région autonome de la Yougoslavie. Or, les conditions même minimales ne sont pas réunies pour que les élections soient réellement libres, justes et démocratiques et jettent une base permettant de développer ultérieurement le processus de règlement en conformité avec la résolution 1244 du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Nous sommes persuadés que les élections forcées organisées cette année coûte que coûte, sans même la participation de la population serbe et turque, mineront tous les efforts visant à constituer dans la région une vraie société démocratique et multiéthnique. Une telle ligne ne peut qu'entériner les anciennes structures de l'armée de la libération du Kosovo, lesquelles, sous le couvert du "Corps de la défense du Kosovo", continuent de se livrer à l'arbitraire.

La question de la tenue des élections au Kosovo est en rapport direct avec les problèmes du maintien de la paix et de la sécurité dans la région, et elle ne peut pas être résolue sans l’approbation par le Conseil de Sécurité de l'ONU. Ayant décidé d'organiser les élections, B.Kouchner et les dirigeants de la MINUK ont assumé toute la responsabilité des conséquences politiques de ce pas pour l'avenir de la région.