Drogue
Le goût de l'alcool de plus en plus jeune
La consommation d'alcool et de drogues illicites est de plus en plus précoce. Un constat répété lors d'une journée réunissant parlementaires bruxellois et acteurs de terrain. L'occasion de faire le point sur la situation à Bruxelles.
En 5e et 6e primaires, 12pc des garçons et 6pc des filles boivent déjà de l'alcool au moins une fois par semaine. Ces chiffres pour le moins inquiétants ont été révélés, jeudi, lors d'une journée intitulée `Drogues: un état des lieux´, organisée par les ministres bruxellois Didier Gosuin (MR) et Jos Chabert (CD&V). Au cours de celle-ci, les tendances bruxelloises en matière de consommation de drogues licites, hormis le tabac, et illicites ont été tracées.
L'inquiétude que peut engendrer cette consommation précoce d'alcool est cependant à tempérer puisque ces chiffres sont issus d'une étude menée en 1998 par la Communauté française, sous l'égide de l'OMS, - `les comportements de santé des jeunes (HBSC)´ - qui indique également que dans la population scolaire bruxelloise, la consommation hebdomadaire d'alcool a diminué, entre 1986 et 1998, de 45 à 25 pc tandis qu'un groupe de 10 pc d'élèves continue à en consommer quotidiennement. Les intervenants de terrain sont toutefois d'accord pour estimer que les conduites à risques, et pas uniquement en termes d'alcool, sont de plus en plus précoces.
`En chiffre absolu certainement mais il ne faut pas en tirer des déductions hâtives. Tout cela doit être lié aux relations sociales, et particulièrement parentales à cet âge´, remarque le Dr Marc De Vos, psychiatre au centre médical Enaden. `Ne nous focalisons donc pas sur le produit. Il faut aussi considérer la relation avec les parents. Proposer à son enfant de goûter, juste une fois, un bon vin n'est pas forcément négatif. Par contre, si cette consommation se fait dehors sans que les parents soient au courant, la perspective est évidemment différente.´
Comportements à risques
Quoi qu'il en soit, ce goût précoce pour l'alcool n'est qu'une des facettes des comportements à risques qui se rencontreraient de plus en plus tôt dans la vie. Par exemple, la même enquête HBSC révèle une forte hausse de l'expérimentation (y avoir goûté au moins une fois) du cannabis, de 12 à 25 pc, qui touche surtout une tranche allant de 13 à 17 ans.
De même, la consommation hebdomadaire d'ecstasy, si elle a tendance à diminuer, concerne principalement les 17-18 ans tandis que l'expérimentation du produit est passée de 4 à 6,5 pc, entre 1994 et 1998, et se rencontre, à nouveau, surtout entre 13 et 17 ans. Enrichie d'autres données et de différents exposés et discussions sur la prévention et la réduction des risques, cette journée d'étude était destinée à donner l'occasion aux parlementaires de la Région Bruxelles-Capitale de rencontrer les acteurs de terrain.
Cellule fédérale
La démarche s'inscrit dans la création d'une cellule globale de concertation - réunissant niveau fédéral et entités fédérées - sur les politiques à mener en matière de toxicomanie comme cela avait été décidé en mai dernier.
Cette cellule globale devrait servir à ce que chaque entité ne mène pas sa petite politique en matière de toxicomanie de son côté. Les deux ministres bruxellois veulent y faire entendre la spécificité et l'expérience de la capitale qui concentre certaines problématiques et qui a développé des projets spécifiques.
Un sujet d'actualité puisque la commission Santé de la Chambre a adopté, mardi soir, tous les articles de la nouvelle loi sur les drogues, la plupart du temps majorité contre opposition.
Mardi prochain, le vote sur l'ensemble du texte de loi qui en principe ne devrait être qu'une formalité, aura lieu au sein de la même commission.
Ensuite, le texte de loi devra terminer son long parcours législatif par son adoption en séance plénière de la Chambre, ainsi qu'au Sénat.
© La Libre Belgique 2003