La résistance sociale

Calais, capitale de la résistance sociale

A trois jours de l'annonce par le gouvernement de nouvelles mesures pour renforcer le droit des salariés, une manifestation contre les licenciements boursiers était organisée, hier, dans la ville où l'usine Lu doit fermer ses portes

Aux cris de « Danone, les P'tits LU sont dans la rue », « On va gagner, on va gagner », « Non à la loi du fric », les manifestants ont dénoncé les plans de licenciements dans des entreprises qui réalisent des profits.


Photo La Voix du Nord

Mobilisation réussie autour des « P'tits LU » : entre 15 000 et 30 000 personnes, selon la police et les organisateurs, ont participé, hier après-midi à Calais à la manifestation nationale contre « les licenciements boursiers ».

Les manifestants venus de plusieurs régions de France et de pays étrangers comme l'Autriche et l'Italie ont défilé dans les rues de la ville, pour soutenir les salariés des usines LU de Calais et de Ris-Orangis (Essonne) menacés par le plan de restructuration du groupe Danone et dénoncer les récents plans sociaux d'autres entreprises.

« C'est la plus puissante manifestation anti-licenciement organisée depuis le début de cette déferlante de plans sociaux des multinationales françaises et étrangères », a déclaré Robert Hue, à l'issue de la manifestation. « Nous pouvons être fiers, très fiers de ce que nous venons de réussir à Calais », a ajouté le secrétaire national du Parti communiste.

Solidaires des salariés LU, de nombreux Calaisiens ont regardé passer les manifestants. « Je ne défile pas mais je les soutiens. Ils ont raison de se battre », a notamment déclaré Alain Saint-Maxin.

Le slogan « Calais, capitale de la lutte contre la mondialisation » a fait place à d'autres formules : « Danone, les P'tits LU sont dans la rue », « On va gagner, on va gagner », « Non à la loi du fric » et « Interdiction des licenciements ».

A l'Hôtel de Ville de Calais, terme de la manifestation, Robert Hue a exigé du gouvernement trois mesures immédiates : l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui réalisent des profits, la suspension des plans sociaux et le contrôle des fonds publics versés aux entreprises, qu'il souhaite voir immédiatement appliquées. Il a également annoncé qu'il s'adresserait « dans les prochains jours aux forces sociales, politiques et associatives pour une nouvelle initiative ».

De nouvelles mesures annoncées mardi
C'est justement mardi que la ministre de l'Emploi doit aborder à l'Assemblée nationale les moyens d'améliorer la législation sur les plans sociaux. Élisabeth Guigou ouvrira le feu en annonçant devant la commission des affaires sociales du Palais Bourbon, les nouvelles mesures décidées par le gouvernement pour renforcer les droits des salariés touchés par un plan social, notamment lorsque l'entreprise fait des profits. Les mesures « les plus urgentes » seront présentées au Sénat dans des amendements au projet de loi de modernisation sociale qui sera examiné en première lecture - avant de revenir à l'Assemblée en mai. Les autres dispositions « pourront être finalisées dans le cadre du projet de loi portant diverses mesures d'ordre social » (DMOS), examiné courant mai, a ajouté le président de la commission des affaires sociales de l'Assemblée Jean Le Garrec.

Le Premier ministre Lionel Jospin a rappelé lors de son intervention télévisée mardi que le gouvernement entendait travailler dans trois directions : renchérir le cout des licenciements pour les entreprises qui font des profits, renforcer la réindustrialisation des sites touchés par les restructurations et le reclassement des salariés concernés. Ainsi, l'indemnité minimale de licenciement, actuellement fixée à 1/10e de salaire par année d'ancienneté, devrait « très certainement » doubler, a déclaré M. Le Garrec (PS).

De son côté, Laurent Fabius, ministre de l'Economie et des Finances, préconise des solutions européennes en raison des problèmes de concurrence que poseraient des mesures nationales. « Les licenciements, on ne peut pas tous les éviter, mais il faut les réduire au minimum, et lorsqu'ils interviennent, il faut que tout ait été mis en uvre auparavant pour chercher d'autres solutions », a-t-il déclaré, hier, sur France Inter. « C'est vrai que si les interventions peuvent avoir lieu au niveau européen, c'est meilleur parce que se posent toujours des problèmes de compétition. » « Si vous avez un pays qui a une réglementation qui est plus exigeante que les autres pays, ça peut le mettre en difficulté sur le plan économique », a-t-il ajouté.

Dimanche 22 Avril 2001
Tous droits réservés - © Nice-Matin

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