Chômage


Juillet noir pour le chômage
Les chiffres pour juillet sont les plus mauvais depuis l'arrivée de Lionel Jospin à Matignon, en juin 1997. Le nombre de demandeurs d'emploi s'est envolé de près de 40 000, soit une poussée de 1,9 % en un seul mois, pour atteindre 2 116 700

 

C'est la troisième hausse mensuelle consécutive (après 0,3 % en mai et 0,4 % en juin), après une série de neuf mois de baisse depuis aout 2000. Et sur un an la tendance reste à la baisse : moins 9,3 % (près de 217 000 demandeurs d'emploi en moins). Depuis l'arrivée de Lionel Jospin, le chômage a reculé de près d'un tiers, soit 1 020 800 demandeurs de moins, selon les chiffres publiés, hier, par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le taux de chômage progresse de 0,1 point en un mois (8,9 % de la population active en juillet, contre 8,8 % en juin) mais reste en recul de 0,6 point sur un an (9,5 % en juillet 2000) et même de 3,4 points depuis la prise de fonctions de Lionel Jospin (12,3 % en juin 1997).

Pour expliquer les mauvais chiffres de juillet, le gouvernement avance trois raisons : le traditionnel « effet juillet » (lié à la modification des arrivées sur le marché du travail) ; l'arrêt du service militaire ; et le ralentissement de l'activité économique. Dans son intervention télévisée de mardi dernier sur TF1, le Premier ministre avait laissé entendre que le chômage allait augmenter dans les prochains mois, signe du ralentissement économique actuel.

« Ce n'est pas un bon résultat », a reconnu la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou. Mais, selon elle, « la tendance reste bien orientée ». Explication de cet optimisme, donnée par ses services : « Les perspectives d'évolution à l'horizon 2002 restent positives. La croissance devrait être plus soutenue qu'actuellement. Le développement de l'accompagnement personnalisé des demandeurs d'emploi et la réduction du temps de travail qui va s'étendre aux entreprises de moins de 20 salariés au début 2002 auront également un effet positif. »

Les jeunes de moins de 25 ans les plus touchés

Face à ces mauvais chiffres, François Hollande va un peu plus loin, en suggérant au gouvernement d'« adapter » sa politique pour « soutenir la croissance, la relancer ». Répondant par avance au moratoire sur les licenciements que le PCF ne va pas manquer de réclamer à nouveau, le Premier secrétaire du Parti socialiste a estimé qu'il fallait « limiter, réduire, voire même quelquefois agir directement sur les plans sociaux lorsqu'ils ne sont pas justifiés ».

A droite, l'analyse est évidemment tout autre. Pour le RPR, les chiffres de juillet confirment le « retournement de tendance ». « Le spectre du ralentissement se précise », estime le secrétaire général adjoint du mouvement gaulliste, Jean-François Copé, avant d'appeler le gouvernement Jospin à « changer les orientations de politiques économiques » de façon « urgente ».

Côté syndicats, Force ouvrière (FO) voit également « une tendance durable », mais appelle à « une véritable relance de la consommation » par la hausse des salaires. Pour la CGT, « la volonté des entreprises de modifier en profondeur le travail en le précarisant, en privant de garanties sociales des millions de salariés, produit bien des effets néfastes sur l'emploi en quantité et en qualité ».

Dans le détail, les chiffres de juillet montrent que la hausse du chômage a surtout affecté les jeunes de moins de vingt-cinq ans (plus 3,7 % en un mois) et, parmi eux, surtout les hommes (plus 4,7 %). En revanche, le nombre de chômeurs de longue durée (plus d'un an) est resté stable à environ 655 000.

Samedi 01 Septembre 2001

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