Sachets premiers euros
AFP - Mis en ligne le 01/12/2001
304 millions d'Européens vont découvrir dans un
mois leur nouvelle monnaie et attendent ce grand bouleversement
avec une apparente sérénité, même si
chacun s'inquiète de la nécessaire adaptation à
une autre échelle de valeurs.
Dans une quinzaine de jours, les Européens pourront déjà se familiariser avec les nouvelles pièces qui seront distribuées sous forme de "sachets premiers euros", mais ne pourront être dépensées que le 1er janvier. En Allemagne, où l'adieu au puissant deutschemark semble le plus dur, plus de la moitié de la population affirme vouloir acquérir ces kits vendus à partir du 17 décembre.
Les billets ne seront disponibles que le 1er janvier: une logistique complexe est mise en place pour que les citoyens trouvent des euros dans les distributeurs automatiques dès minuit, alors que dans de nombreux pays les banques seront fermées ce jour là.
La France, connue pour ses psychodrames sociaux, risque de devoir affronter un lancement particulièrement perturbé, avec une grève qui pourrait paralyser les banques le 2 janvier.
Les Français, eux, semblent sereins et s'attendent en majorité (61%) à des difficultés "passagères", selon un récent sondage.
Les Européens, globalement, sont moins nombreux à craindre les abus et les tricheries dus a l'euro: le nombre des inquiets a reculé pour la première fois depuis mars 2000, selon le baromètre de la Commission européenne.
Les artisans de l'euro auraient souhaité une conjoncture plus rose pour le lancement de la nouvelle monnaie. Or, l'Europe, dans le sillage des Etats-Unis, se trouve au bord de la récession après les attentats du 11 septembre.
L'euro en souffre et s'affaiblit sur les marchés de changes. Depuis sa naissance le 1er janvier 1999, il a perdu 24% de sa valeur face au billet vert.
Pour les banques et les commerçants, comme pour les particuliers, l'un des principaux sujets de préoccupation est la sécurité. Avant même l'arrivée de l'euro, une série de hold-up ont déjà eu lieu, en Italie aux Pays Bas et en France.
Mais, au-delà des difficultés, les citoyens entrevoient l'impact de l'euro dans l'émergence d'une conscience européenne. L'euro va "rapprocher les Européens" estiment un citoyen sur trois et va même "aider à créer une culture commune entre les Européens" pour un sur cinq, selon un récent sondage.
La monnaie unique est, pour l'heure, la réalisation la plus aboutie de l'Europe qui reste dépourvue d'une défense et d'une politique étrangère communes.
L'arrivée des billets et des pièces pare l'euro de nouveaux attraits. Ainsi, les trois pays de l'UE qui l'ont boudé jusqu'ici commencent à s'y intéresser. En Grande-Bretagne, le Premier ministre Tony Blair a prononcé la semaine dernière un vibrant plaidoyer pro-européen, enjoignant à son pays de mettre un terme à "son histoire d'occasions manquées" avec l'Europe.
La ministre suédoise des Affaires étrangères, Anna Lindh, s'est dite "convaincue" que la Suède devrait rejoindre la zone euro. Les Danois, qui il y a un an avait rejeté l'euro lors d'un référendum, s'y sont aujourd'hui ralliés en majorité (52,2%), selon un récent sondage.
Mais les détracteurs de la monnaie unique ne désarment
pas. Ainsi, l'ancien ministre français de l'Intérieur,
Charles Pasqua, demande que les francs ne soient pas détruits
après "en vertu du principe de précaution"
et "pour pouvoir revenir en arrière" si la monnaie
unique se révélait être une "grande erreur".
A partir de demain,
14 décembre, nous allons pouvoir soupeser, palper les premières
pièces en attendant de découvrir les billets dans
les distributeurs à partir du 1er janvier 2002.
Sachet « premiers euros » selon l'appellation officielle. Kits euros dans le langage courant. Peu importe l'emballage ! L'euro abandonne - enfin presque - son statut de monnaie virtuelle. A partir de demain, 14 décembre, nous allons pouvoir soupeser, palper les premières pièces en attendant de découvrir les billets dans les distributeurs à partir du 1er janvier 2002.
La monnaie unique prend corps sous la modeste (pour ne pas dire vulgaire) forme d'un sachet en plastique renfermant une quarantaine de pièces de monnaie euro d'une valeur de 15,25 e, vendus au prix de 100 F (15,24 e), soit un modeste cadeau de l'Etat à chaque citoyen d'un centime d'euro.
L'intendance derrière cette opération est à la hauteur de la révolution qu'elle introduit : l'abandon par les douze pays de la zone euro de leur monnaie nationale, rien moins que l'un des principaux attributs de leur souveraineté.
Inutile donc de se précipiter à la première heure dans les agences bancaires ou les guichets de la Poste, il y en aura pour tout le monde. Dans les Alpes-Maritimes, ce sont 720 000 sachets euros, 650 000 dans le Var, 61 200 à Monaco, qui seront distribués aux particuliers, sans compter ceux qui seront commercialisés (voir dans nos pages intérieures) par les bureaux du Trésor Public, par certains buralistes et même des services financiers des réseaux de grande distribution, comme Carrefour à Puget-sur-Argens.
Inutile de stocker
Seront servis en priorité dans les agences bancaires, les habituels clients de l'agence. Les consignes sont strictes dans les banques comme à La Poste ou chez les buralistes volontaires, pas question de délivrer les sachets euros par dizaines pour les euro-enthousiastes qui craindraient d'être en manque. Quant à la vente à la sauvette ou au porte à porte, attention aux arnaques, aucun démarchage à domicile n'est prévu.
Inutile de même de mettre précieusement de côté ces sachets euros, ils n'auront aucune valeur pour les numismates. Ces euros « pédagogiques » sont faits pour se familiariser avec la nouvelle monnaie et disposer à compter du 1er janvier prochain, date d'entrée en vigueur officielle de l'euro fiduciaire, d'un appoint en pièces pour les menus achats quotidiens. Sachez aussi, que dans le grand ballet européen des mois à venir, les huit pièces françaises (1,2,5,10,20, et 50 cents ou centimes ainsi que 1 et 2 euros) se mêleront à celles des 11 autres pays de l'Euroland, sans oublier celles frappées par la principauté de Monaco, la cité du Vatican et la République de Saint-Marin. Nous retrouverons donc au hasard des échanges dans nos porte-monnaie des pièces à l'effigie de Dante (Italie), du roi Albert II (Belgique), du roi Juan Carlos (Espagne)...
Pas d'inquiétude pour les billets
Il faudra attendre le 1er janvier pour mettre les premiers billets euros dans son portefeuille. Des coupures de 5, 10, 20, 50 100 200 et 500 euros (soit 3279,79 F, une grosse coupure prévue surtout pour les Allemands, davantage portés sur les paiements en espèces que les Français, gros utilisateurs de chèques), toutes identiques pour les 12 pays de la zone euro. Selon les banques, 95 % des distributeurs sont d'ores et déjà opérationnels, ils distribueront des coupures de dix et vingt euros.
Au total, ce sont quelque 15 milliards de billets et 50 milliards de pièces qui en quelques jours seront introduits auprès de plus de 300 millions de citoyens des 12 pays de l'Euroland. Mais le vrai défi est ailleurs. Derrière ces chiffres, et au-delà de l'impact économique et financier sans précédent qu'ils concrétisent, « l'euro, va pour la première fois rendre l'Europe tangible dans la vie quotidienne », précisait il y a quelques jours le commissaire européen Pedro Solbes, à Bruxelles. « Il va renforcer chez nos concitoyens la conscience d'une identité commune ». Le passage à l'euro sera réussi si cet objectif est atteint.
Christiane NAVAS
Jeudi 13 Decembre 2001
Tous droits réservés - © Nice-Matin
Belga
Malgré les espoirs d'homogénéisation des prix, rendue possible avec l'arrivée de la monnaie unique européenne, le grand pas en avant n'aura pas lieu. Difficile à mettre en place en raison des différences de régimes fiscaux et salariaux, mais également loin d'être réellement souhaitée par les entrepreneurs, la standardisation des prix n'est pas d'actualité dans la zone euro. Convertis en euros, les prix des produits présents d'un bout à l'autre de l'Europe sont en effet loin d'être uniformes: leurs écarts reflètent parfaitement les disparités européennes de taxes, de salaires ou de consommation.
DES PRIX ADAPTÉS AU MARCHÉ
Selon Paul Verdbois, directeur des relations extérieures chez Renault, `la principale différence vient de la TVA et notamment des taxes spécifiques existant dans certains pays. Ainsi, `la taxe de luxe´ appliquée au Danemark double le prix d'une même voiture achetée par exemple en Belgique. Cependant, le constructeur va compenser ces différences. Cela peut paraître paradoxal, mais plus les taxes d'un pays sont élevées, moins la voiture hors taxe sera chère.´
En outre, malgré les apparences, une `Twingo´ française n'est pas tout à fait la même qu'une Twingo belge: le constructeur cherche en effet à répondre aux caractéristiques spécifiques du marché. Et satisfaire aux exigences de chaque pays implique de s'adapter aux attentes des consommateurs. Ainsi, si la Twingo française ou allemande était livrée avec l'ABS en série, la Belgique, jusqu'à présent, ne bénéficiait de cet équipement qu'en option, l'ABS n'étant pas considéré comme primordial par les clients belges.
Il n'est d'ailleurs pas si aisé de trouver des produits parfaitement identiques d'un pays à l'autre. Bien souvent, les marques multinationales maintiennent localement de petites différences d'emballage, de composition ou encore de quantité.
LA MONNAIE NE FAIT PAS LE PRIX
Reste que trois ans après la création de la monnaie unique européenne, l'écart de prix des voitures dans la zone euro est toujours sensible. La dernière étude, publiée fin juillet et portant sur les prix du premier mai 2001, fait ressortir que ces écarts de prix sont principalement perçus sur les voitures petites et moyennes. L'Allemagne apparaît comme le pays pratiquant les prix les plus élevés puisque, selon la dernière enquête, 46 modèles sur 81 étaient plus chers de 20 pc que les prix pratiqués dans au moins un autre pays de la zone. La Grèce, depuis son entrée dans la zone euro en 2001, est en revanche devenue le pays le moins cher.
Chez McDonald's aussi les prix sont différents d'un pays à l'autre et ils le resteront. `L'euro ne fait pas tout. En effet, nous sommes une organisation décentralisée et nos prix sont en réalité fixés par les franchisés. Les différences de prix existent donc d'un pays à l'autre mais également d'un restaurant à l'autre au sein d'un même pays´,
explique Mme Hanson, responsable marketing chez McDonald's Belgique. `Toutefois, comme nous cherchons une rentabilité similaire d'un pays à l'autre, ces différences de prix reflètent à 90 pc des contraintes externes comme la TVA´, qui varie en Europe de 4 à 22 pc. En réalité, seuls 10 pc des écarts de prix s'expliqueraient par des différences de pouvoir d'achat.
Leader espagnol de la confection, le groupe Inditex - qui possède entre autres choses `Zara´, le porte-drapeau de l'enseigne présent dans 30 pays - entend bien muscler sa politique commerciale avec le passage à l'euro, mais n'a nulle intention d'harmoniser ses prix. Selon Miguel Diaz, membre de la direction commerciale d'Inditex, `les différences sociales et les particularités des marchés ne vont pas changer d'un trait de plume dès le 1er janvier, même s'il est vrai que mener des opérations financières dans 11 pays avec la même monnaie représentera une importante épargne financière.´
© La Libre Belgique 2001
Tous les Casinos du bassin cannois suivent des formations à
l'euro en ce moment. A la Bocca, on s'apprête également
à engager une vaste campagne euros entre le 14 et le 24
novembre, avec des jeux pour le client et... des convertisseurs
à gagner !
_ La ruée vers les convertisseurs
_ Un client sur 5 paie en euros
_ La répression des fraudes veille
L'euro s'installe progressivement dans les ménages. En octobre (1), un Français sur 5 a réglé ses achats dans cette nouvelle monnaie et la moitié de la population s'est affirmée prête à effectuer le grand saut (celui de la mise en circulation de la monnaie sonnante et trébuchante) du mois de janvier...
Reste que pour ce « passage » - le scénario du gouvernement étant basé sur le lobby des commerces - grandes surfaces et petites boutiques constitueront le rouage essentiel de la transition. Ce sont-elles, effectivement, qui entre le 1er janvier et le 17 février (2), récupéreront les francs et participeront à la mise en circulation des euros. Elles aussi, qui inciteront en premier lieu les Français à écouler (pour ceux qui en ont) leur bas de laine le plus rapidement.
Dans les supermarchés et hypermarchés du bassin cannois, la machine est enclenchée, mais l'investissement dans la nouvelle monnaie varie - du moins à deux mois du passage à l'euro - selon les enseignes.
Double affichage quasi systématique
Certaines, comme Leclerc, Champion, Intermarché, pratiquent
le double affichage et acceptent les paiements cartes et chèques
dans la nouvelle monnaie. Mais, pour reprendre les propos de l'une
d'elles. « Sans que pour le moment, nous n'ayons mis
en place une démarche particulièrement incitative... »
D'autres en revanche, s'investissent dans des campagnes très interactives vis-à-vis du client. L'un des premiers à avoir manifesté son euro enthousiasme est Monoprix dans le centre ville de Cannes. Là, on incite, par un affichage massif à parler de l'euro, on pratique l'euromajeur (affichage en gros en euros, en plus petit en francs, et annonce à la caisse du prix en euros), on explique le ticket de caisse en détail, on a programmé les bornes de prix dans les deux monnaies et l'on prend le temps d'expliquer le fonctionnement des convertisseurs qui, soit dit en passant, se vendent comme des petits pains.
« En général, le client explique qu'il s'inquiétera de l'euro le 1er janvier. Il ne veut pas s'embrouiller l'esprit avant. Nous remarquons aussi une certaine méfiance en ce qui concerne la conversion des francs en euros... » explique Magalie, à l'accueil.
« J'ai peur de me faire gruger »
L'Euroméfiance. Un sentiment qui, effectivement, prévaut
dans l'esprit du consommateur.
Pourquoi ? demande-t-on à cette dame de soixante ans, qui calcule le prix d'un dentifrice en euros et en francs « On a entendu tellement de choses que j'ai peur de me faire gruger... » répond-t-elle.
Il faut savoir que, suite à ces dérives, des contrôles ont été programmés : « Nous vérifions effectivement que le double affichage figure dans les magasins et que la conversion entre euros et francs soit correctement effectuée. Nous constatons peu d'erreurs dans le département. Et parmi celles-ci, il y en a autant à l'avantage du client qu'à celui du commerçant... » explique le service communication de la répression des fraudes de notre département.
C'est justement sur ce sentiment de méfiance que le groupe Casino a choisi de concentrer ses efforts « Plus nous serons aptes à expliquer l'euro aux clients, plus nous ferons un effort de communication afin qu'il ait tous les moyens de vérification des prix, plus il aura tendance à pousser notre porte » reconnait M. Ugolini, directeur du Casino de la Bocca, dont le personnel est en pleine formation.
« Nous apprenons au personnel à manipuler la nouvelle monnaie et lui donnons toutes les clefs pour qu'il puisse devenir un ambassadeur de l'euro et participer à l'éducation du client » explique l'animatrice.
« Cela, parce que nous avons parfaitement conscience de nos responsabilités » ajoute-t-elle.
Une vraie mission de service public, en effet...
(1) Chiffres INSEE publiés mardi 6 novembre. Seulement 4 % des personnes interrogées avouent une certaine appréhension.
(2) Période de double circulation de la monnaie en francs et en euros
Chrystèle BURLOT.
Dimanche 11 Novembre 2001
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