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FN - premières réactions

FN - après la première tour

Pourquoi Le Pen ?

Le Pen en « croisade contre le mensonge »
Le président du Front national, qui a multiplié les attaques contre Jacques Chirac dans le discours de clôture de la convention de son parti, a notamment demandé que « la vérité soit faite dans les procès impliquant des hommes politiques »

Le chef du FN, Jean-Marie Le Pen, candidat à la présidentielle, a conclu hier après-midi à Lyon la convention nationale de son parti par une nouvelle violente diatribe contre le président Jacques Chirac, axant son discours sur une « croisade contre le mensonge ».

Pendant environ trois quarts d'heure, Jean-Marie Le Pen a vertement critiqué la politique et le comportement du chef de l'Etat, le taxant de « prince du mensonge » ou encore de « serial menteur ».

« C'est le mensonge qui maintient notre peuple en servitude intellectuelle. Alors il faudra que nous engagions (...) une croisade contre le mensonge », a-t-il clamé.

« Il faut que la vérité soit faite dans les procès qui sont faits aux hommes politiques sur les détournements d'argent et les magouilles diverses », a-t-il ajouté.

« Cette campagne électorale débute par une véritable provocation, une série de mensonges officiels proférés par celui qui devrait être le modèle de la loyauté et de la franchise, le président de la République sortant Jacques Chirac », a-t-il dit, faisant explicitement référence aux affaires Méry et Schuller.

Chevènement, « une espèce de Jospin light »
« On dit de lui : "non, il n'est pas fameux, mais il est sympa"... C'est un peu insuffisant pour un président de la République », a estimé le chef du FN, avant d'ajouter que de tels qualificatifs étaient tout juste bons « pour un gentil organisateur du Club Méditerranée ». « Il plane, mais il ne va pas planer longtemps », a-t-il dit, tournant en dérision la « passion » pour la France invoquée par le chef de l'Etat après sa déclaration de candidature.

Le chef du parti d'extrême droite a en outre fustigé la perte de souveraineté nationale de la France dans le processus d'intégration européenne, qu'il a également imputée à M. Chirac. Un des avatars, selon lui, de cette perte d'indépendance est que l'élection présidentielle se réduira désormais à « l'élection d'un gouverneur », comme dans les Etats américains, sans véritables « pouvoirs régaliens ».

Une importante partie de son discours a d'ailleurs tourné autour de l'armée, qui selon lui, s'est réduite comme peau de chagrin, depuis la fin de la conscription notamment, se limitant désormais à quelques « troupes aéroportées qui donnent le biberon au Kosovo ».

Ne faisant pratiquement aucune référence explicite aux candidats à la présidentielle autre que M. Chirac, le chef du FN a cependant réservé un de ses coups de griffe au leader du Mouvement de citoyens (MDC), Jean-Pierre Chevènement, avec qui il est au coude à coude pour l'instant dans les sondages, le traitant d'« espèce de Jospin light ».

Lundi 18 Fevrier 2002
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L'extrême droite à un tournant
BERNARD DELATTRE - Mis en ligne le 12/04/2002

Deuxième volet de notre série consacrée aux enjeux politiques majeurs des présidentielles

CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS

L'heure de la relève a sonné pour l'extrême droite française. En 2002, en effet, Jean-Marie Le Pen, fêtera son 74e anniversaire. S'il n'a jamais explicitement confirmé son départ prochain à la retraite, on imagine mal qu'il se lance dans une cinquième campagne élyséenne en 2007, à près de 80 ans. Une succession historique se prépare donc au FN. Le député européen Bruno Gollnisch, délégué général du parti et chef de file du FN de Lyon, fait figure de favori. L'outsider pourrait être le jeune député européen Carl Lang, secrétaire général du FN.

Ce parti survivra-t-il au départ de son leader historique, qui l'a dirigé sans discontinuer pendant trente ans, l'a sorti de l'anonymat et lui a apporté des millions de voix? C'est toute la question. Des turbulences pourraient également frapper le Mouvement national républicain (MNR, dissidence du FN née en 1998) si, le 21 avril, son leader Bruno Mégret ne récolte effectivement qu'un ou deux pc des suffrages, comme le prédisent les sondages. La viabilité même du courant mégretiste pourrait alors être menacée par des défections massives au profit du FN. Défections qui seraient d'autant mieux acceptées par ce parti s'il n'est plus dirigé par Le Pen, qui, lui, n'a jamais pardonné aux `traîtres´ du MNR.

Scrutin important donc, pour l'avenir de l'extrême droite. C'est d'ailleurs la première fois depuis l'instauration de l'élection au suffrage universel du Président de la république que ce courant se présente divisé à l'électeur. Si l'on en juge par les sondages, l'impact de cette rivalité sera minime. En effet, les enquêtes d'opinion - qui, rappelons-le, sous-estiment généralement l'extrême droite - créditent le couple Le Pen-Mégret de 13 à 15 pc des suffrages, soit à peu près le plafond historique atteint par Le Pen aux élections présidentielles de 1995 (15,3 pc).

LE PEN CHANGE DE TON

C'est une performance d'autant plus remarquable qu'une période en demi-teintes s'achève pour l'extrême droite. Certes, les municipales de 2001 n'ont pas été mauvaises pour ce courant (lire ci-dessous)

Tandis que la flambée de l'insécurité et le ralentissement de la croissance attisent des peurs a priori rentables pour Le Pen et consorts. Mais le 11 septembre les a placés dans une position inconfortable, les obligeant à louvoyer entre leur anti-américanisme cocardier et leur haine du monde musulman. La réussite du passage à l'euro les a aussi déforcés. En outre, les deux partis sont confrontés à de grosses difficultés financières et - la saga des 500 parrainages l'a montré - sont victimes comme les autres partis de la désaffection pour la politique. Enfin, l'extrême droite voit son fond de commerce désormais utilisé sans vergogne par ses concurrents: l'insécurité reprise par tous les candidats, la thématique familiale accaparée par Christine Boutin, le créneau nationaliste squatté par un Chevènement.

Du coup, Le Pen et Mégret en ont été réduits à se focaliser sur la `remise en ordre´ de la France. Des accents différents ont marqué leurs campagnes, outre bien sûr la différence de stratégie politique à l'origine de leur schisme - Mégret prônant une alliance avec la droite, Le Pen se voulant ni à droite, ni à gauche. Ainsi, Le Pen a beaucoup moins centré sa rhétorique nationaliste sur des couplets anti-immigrés que sur un discours anti-européen. Il a d'ailleurs tenté d'afficher un profil moins outrancier: délaissant les jeux de mots révisionnistes et les professions de foi ouvertement xénophobes, se présentant comme un `candidat national, populaire et social´, niant même avoir jamais été raciste.

Mégret, en revanche, s'est montré plus anti-immigrés qu'anti-Européen. Mais lui aussi a essayé de ratisser large en feignant d'avoir mis de côté son étiquette d'extrême droite. Ainsi, l'ex-dauphin de Le Pen assure prendre désormais comme modèle non plus le post-fasciste italien Gianfranco Fini, mais le Premier ministre Berlusconi lui-même...

© La Libre Belgique 2002