En campagne
J'ai toujours été de droite mais si je dois avoir une reconnaissance éternelle pour un homme politique, c'est bien Charles Pasqua. Il a été sensationnel pour moi et ma famille. C'est pourquoi j'ai accepté d'être le président d'honneur de son comité de soutien dans les A.-M. Une tâche qui m'honore et je veux l'aider dans sa campagne... »
A 78 ans, Marcel Carton n'oubliera jamais l'enfer qu'il a vécu il y a quelques années comme otage au Liban. Ce qui explique que, depuis son appartement niçois, il ait répondu à l'appel des responsables départementaux du RPF. Qui ont vu là comme une réponse du berger à la bergère.
« Ne pas se tromper de camp »
Enquête-t-on, en effet, sur les conditions de la libération
de ces mêmes otages ? Et notamment soupçonne-t-on
l'ex ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac d'avoir,
via Jean-Charles Marchiani, consenti à verser alors une
rançon aux ravisseurs ? Et en avoir fait profiter
ses réseaux ?
Après une récente et vive polémique, on s'en souvient, l'engagement de Marcel Carton se veut, fut-ce d'abord émotionnellement, une preuve intangible de la confiance mise en Charles Pasqua. Capable de redonner au RPF un crédit électoral comparable à celui qui, aux dernières Européennes, avait, dans le département, hissé sa liste à la première place ? Là, c'est une autre affaire...
« Je ne lâcherai jamais Charles Pasqua » confie Lionnel Luca, seul député RPF des Alpes-Maritimes, membre de la direction nationale du mouvement, il affirme toutefois aussi : « Au 2e tour, on ne se trompera pas de camp. » Autant dire qu'il apportera son soutien à Jacques Chirac dont l'ex-maire de Villeneuve-Loubet s'est félicité qu'il ait enfin fait acte officiel de candidature.
Les bords du Loup restent décidément un des fiefs du pasquaisme azuréen. La réunion toute récente en forme de cérémonie de vux des militants organisée au parc des sports l'a montré. Marie Benassayag, adjointe au maire de Villeneuve -Loubet sera, d'ailleurs, la cheville ouvrière des comités de soutien.
Symboles locaux
Certes, depuis l'euphorique année 1999, les effectifs ont
fondu de moitié. « Mais on est encore près
d'un millier n'ayant, pour beaucoup, jamais auparavant adhéré
à un parti » confie un de ceux-ci. Et, confiant
et lucide à la fois, il souligne : « On
n'est peut-être plus tout feu tout flamme comme après
les Européennes où notre mouvement avait suscité
un formidable élan d'adhésions. Mais la braise est
là... »
La tardive entrée en piste - plus d'un an après l'avoir annoncée - de l'éternel grognard du gaullisme avait fini par rendre perplexe même ses plus fidèles supporters. Qui, désormais, autour du slogan de campagne « retrouvons nos couleurs », ont retrouvé aussi des raisons de militer.
Le RPF joue gros, en effet, dans cette présidentielle. Force d'appoint plus que d'avenir ? Le craignant, les pasquaiens rescapés des tempêtes internes et externes traversées par le RPF se regroupent sur le pont. D'autant, qu'après les remous liés à la mésalliance avec Philippe de Villiers, chez les souverainistes de la rive droite nombre de figures connues et même de députés européens ont traversé le fleuve vers la rive gauche chère aux chevènementistes.
« C'étaient déjà des gens de gauche » fait observer Lionnel Luca qui croit au charisme de Charles Pasqua pour redresser la barre. Un Pasqua qui présidera un « buffet de campagne » à Carros demain avant d'inaugurer, samedi, sa permanence des Alpes-Maritimes installée à Grasse, sa ville natale.
Là encore, ses relais départementaux jouent sur les symboles, notamment affectifs, pour créer une nouvelle dynamique. Le punch légendaire de leur infatigable leader y suffira-t-il ? Les A.-M. seront, de toute façon, un département-test d'une popularité à vérifier dans les urnes...
Georges BERTOLINO.