Résultat
En recueillant 81,8 % des suffrages, le candidat gaulliste est
devenu le président le mieux élu de l'histoire de
la République. Reconnaissant sa défaite, Jean-Marie
Le Pen donne rendez-vous aux législatives
Jacques Chirac a remporté, hier, une victoire écrasante au second tour d'une élection présidentielle qui s'est apparentée à un plébiscite pour la République et contre l'extrême droite.
Réélu avec près de 81,8 % des voix face à Jean-Marie Le Pen, le président sortant a gagné une première bataille. La victoire de la droite devra être confirmée les 9 et 16 juin aux élections législatives, où la gauche, absente du scrutin d'hier, espère prendre sa revanche et pousser la France vers une quatrième cohabitation.
« La vigueur du lien national ravivée »
Plébiscité par les électeurs de droite, mais
aussi de gauche, Jacques Chirac a eu le triomphe modeste. Soucieux
de prolonger jusqu'aux législatives le rassemblement républicain
qui s'est exprimé hier, il a assuré d'un ton très
gaullien avoir « entendu » et « compris »
le message des électeurs. Dans une déclaration solennelle
prononcée dans la soirée (lire ci-contre l'intégralité
du discours), il s'est engagé à exercer son deuxième
mandat « dans un esprit d'ouverture et de concorde ».
Consensuel, celui qui s'est présenté comme « le président de tous les Français » a insisté sur les « exigences » d'unité de la République, de « cohésion de la Nation », et de « respect de l'autorité de l'Etat » .« Les jours que nous venons de vivre ont ranimé la vigueur du lien national », a estimé le président réélu. « Il y a là un espoir qui ne demande qu'à grandir, un espoir que je veux servir. »
« Ne laissons pas retomber ce souffle qui nous a porté », a-t-il lancé ensuite à ses partisans réunis sous la pluie place de la République, là même où plus de 400.000 personnes avaient défilé le 1er mai contre l'extrême droite.
Le soutien de l'ensemble de la gauche
Sans évoquer explicitement les législatives, Jacques
Chirac a promis que le gouvernement nommé dans les prochains
jours « aura pour seule tâche » de
répondre aux préoccupations des Français,
notamment l'insécurité. Cette nouvelle équipe
remplacera celle de Lionel Jospin, qui doit présenter sa
démission dès aujourd'hui.
Président le mieux élu de l'histoire de la Ve République, Jacques Chirac doit cette écrasante victoire à la situation politique inédite créée par la présence surprise du président du Front national au second tour. Dernier rempart contre l'extrême droite, il bénéficiait du soutien de l'ensemble de la gauche (hormis les trotskistes de Lutte ouvrière), et de la droite.
Forte mobilisation citoyenne
Jean-Marie Le Pen, qui n'était, lui, soutenu ouvertement
que par son rival d'extrême droite Bruno Mégret,
n'est pas parvenu à réaliser son rêve de dépasser
les 30 % des voix.
Reconnaissant sa défaite, le président du Front national a dénoncé « une victoire équivoque acquise à la méthode soviétique, avec l'ensemble de toutes les forces sociales, politiques, économiques, médiatiques ».
Fort de ses 18,2 %, qui pourrait lui assurer un pouvoir d'arbitrage lors des législatives, il s'est présenté comme le chef de la « principale force politique en France ». Il a fait part de ses « plus belles espérances » notamment avoir des députés dans la prochaine assemblée. « La Roche tarpéienne (rocher de la Rome antique d'où les criminels étaient précipités, ndlr) est près du Capitole ce soir », a prédit Jean-Marie Le Pen en pensant à Jacques Chirac.
A gauche, on ne pensait aussi, hier soir, qu'aux élections législatives. « La République demande plus qu'un refus, ou un barrage », a estimé le Premier secrétaire du PS François Hollande. « Elle réclame plus qu'une posture, mais une politique à la hauteur de l'événement », a ajouté le leader socialiste, en appelant la gauche au rassemblement. Après le « référendum pour la République », « la politique va reprendre ses droits », a espéré pour sa part Dominique Strauss-Kahn.
L'explication de la victoire écrasante de Jacques Chirac, plus large que les prévisions des derniers sondages, réside dans la mobilisation citoyenne contre l'extrême droite observée depuis le séisme du 21 avril, qui a fait reculer l'abstention. Entre les deux tours, la participation a grimpé de huit points. L'abstention s'est établie à 19 %, contre 28,4 % au premier tour.
Lundi 06 Mai 2002
Tous droits réservés - © Nice-Matin
Le Président-candidat a récolté quelque 82 pc des suffrages, écrasant son concurrent Jean-Marie Le Pen.
Mais le troisième tour, électoral et social, s'annonce moins aisé pour lui, ses adversaires recommençant à mobiliser contre la droite.
Sursaut civique. Ce second tour a été marqué par une nette diminution du taux d'abstention par rapport au premier tour.
C'est un Chirac plus gaullien que jamais - dans la nature de ses propos, dans les termes qu'il a choisis, mais aussi dans sa posture et sa voix - qui s'est adressé dimanche soir à des milliers de partisans réunis sous la pluie battante sur la place de la République à Paris, haut-lieu des manifestations anti-Le Pen.
Réélu haut la main avec quelque huit suffrages exprimés sur dix, le Président de la République a rendu un hommage vibrant à `la France debout, la France forte, la France fière, la France fidèle à ses valeurs, la France rassemblée´. La France `a refusé la tentation de l'intolérance et de la démagogie´, s'est réjoui le chef de l'Etat. `Elle a dit sa volonté de changement et de renouveau dans l'ouverture et la concorde nationale´. Comme Charles de Gaulle quarante ans plus tôt, Jacques Chirac a affirmé avoir `compris´ les Français. Il a qualifié le verdict des urnes de `choix fondateur, qui renouvelle le pacte républicain´ et s'est engagé à placer son second mandat sous le signe de l'action, de l'efficacité, du rassemblement et de la proximité.
Avec 18 pc des suffrages, l'adversaire malheureux de Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, n'est donc pas parvenu à rassembler au-delà de l'électorat traditionnel de l'extrême droite, même s'il a encore progressé dans ses bastions méditerranéens.
Le plébiscite de Chirac ne doit cependant pas faire illusion. Dès l'annonce de sa réélection, les adversaires du président ont relancé la mobilisation contre lui. Ils ont notamment été plusieurs milliers à manifester dans les rues de Paris et de province, ce qui augure d'un `troisième tour social´ tendu. En outre, le score stalinien réalisé par le candidat républicain ne reflète évidemment pas sa cote de popularité et de confiance. Hier soir, celle-ci n'a été évaluée qu'à 49 pc, contre 48 pc pour la gauche. Pour la droite, les législatives ne s'annoncent donc pas aussi aisées que les présidentielles.
© La Libre Belgique 2002