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CORRESPONDANT PERMANENT À PARIS
Les Verts ont un nouveau candidat pour la présidentielle du printemps prochain. Samedi, l'eurodéputé Alain Lipietz, qui avait reçu l'investiture en juin, a jeté l'éponge après avoir été désavoué par deux tiers des militants. Dimanche, le médiatique député Noël Mamère, rival malheureux de Lipietz en juin, a été investi en tant que nouveau candidat par le «Parlement» du parti écologiste, réuni pendant tout le week-end à Paris en session houleuse.
La veille encore, pourtant, Mamère avait qualifié d' «irrévocable» la décision qu'il avait prise en septembre de ne pas jouer «le candidat de rechange» en cas de désaveu du controversé Lipietz...
Rien n'étant jamais simple chez les Verts, la «saga Lipietz» ne sera officiellement refermée que lorsque les adhérents du parti, une nouvelle fois consultés, auront confirmé la désignation de Mamère, d'ici quinze jours. De nouveaux rebondissements ne sont donc pas à exclure.
Même s'ils ne se produisent pas, les Verts sortent profondément déstabilisés et affaiblis du psychodrame auquel la désignation de leur présidentiable a donné lieu. Certes, le pire a été évité. Si la candidature de Lipietz avait été confirmée par la base, les écologistes auraient carrément été empêchés de participer à la présidentielle, l'intéressé ne parvenant pas à obtenir les 500 signatures d'élus nécessaires.
Il n'empêche, les dégâts sont énormes. Ainsi, la direction du parti est désormais dans un piteux état. Quelque 35 pc des militants ayant réaffirmé leur soutien à Lipietz, cette direction est en fait désavouée par plus d'un adhérent sur trois. Soit dit en passant, le score réalisé par l'eurodéputé samedi apparaît très honorable lorsqu'on le met en rapport avec sa popularité nulle dans l'opinion publique, confirmée par nombre de sondages. Surtout, il illustre une fois de plus un des problèmes structurels affectant le parti écologiste - outre un mode de fonctionnement inepte, une certaine propension à l'immaturité et la multiplication des courants en son sein: le fossé séparant le militant de l'électeur, le second étant nettement moins radical que le premier.
APPELS À LA REFONDATION
À titre personnel, la n°1 des Verts, Dominique Voynet, n'a sans doute pas fini de payer les conséquences de la «saga Lipietz», dans laquelle elle s'illustra par ses stratégies purement intéressées et ses basses manoeuvres d'appareil. Elle qui traînait déjà comme un boulet son piètre score à la présidentielle de 1995 (3,3 pc), son échec cuisant aux municipales de mars dernier, un bilan mitigé au ministère de l'Environnement et une élection serrée à la tête du mouvement, voit à présent son image ternie. Quant à Noël Mamère, il a étalé un tel ego et fait preuve d'un tel esprit d'indécision dans cette histoire que sa victoire finale fait figure de bien piètre récompense.
Les «conditions du sursaut»
sont-elles dorénavant réunies? Tandis que Voynet se félicitait du triomphe ultime de «l'esprit de responsabilité» et que restaient sans réponse les appels à la «refondation» lancés par d'autres leaders du parti, Mamère le pronostiquait dimanche soir. Plus sûrement, n'en déplaise à l'allié Jospin, il apparaît que jamais les Verts ne se sont présentés aussi déforcés à une élection déjà traditionnellement difficile pour eux, et rendue cette fois d'autant plus ardue par la multiplication des candidatures d'écologistes dits de droite.
© La Libre Belgique 2001