Guy Drouin
Décembre

There is a crack in everything
That is how the light gets in
L. Cohen


La mort parfois fauche souventes fois séduit. J'ai compris ce soir de décembre que je n'allais plus mourir. Ce soir de décembre, une petite Chinoise abandonnée et télévisée aspira dans sa bouche édentée tout son mouroir, son monde.

Le sien le mien.

Son oeil violé et blanc montré à l'écran disait ces ans mes ans les ans à sécher ma lèvre et à tuer ma main.

Un temps, j'ai cru polir et pétrir. Je nous voulais cette langue gemme et mie. Un temps. J'envisage toujours une beauté. Une AK-47 à son ventre.

Ce même soir de décembre, d'un seul bouton défait à l'échancrure de ton col
jaillissait sans balise
toute l'étendue piste de ta peau.
Me posai.

"On finit traqué quand on commence coupable" me disait ce père. "Tu te nourris de ta paranoïa comme on se nourrit d'une fièvre" me répétait ce père.

Étal de ma mémoire boucherie, où à un crochet pend ce père comme toutes les autres viandes par moi lacérées. À peine aurai-je été un peu plus salaud que les autres. À peine si maintenant j'entends ta voix père par moi si bien dépecé. À peine.

Ici en Chine une enfant par nous égorgée témoigne camarade de notre plaisir à tuer. "MUTE".

J'envisage toujours une littérature. Une AK-47 à son ventre.

J'ai voulu, ce soir de décembre, regarder mon sexe entre tes lèvres. Ma tête craquée et le cri os sans voix de cette petite Chinoise,
née abandonnée tuée,
auront servi au recommencement du monde.

Stop trying to make sense.

J'aime une fille qui n'est pas chinoise. Qui n'a pas quatre ans. Qu'on a violée deux fois.


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