Introduction des irréprochables
Les irréprochables. Ce nom inspire le courage et l’espoir. Les humains nous réservent toujours des surprises, comme des éternels enfants. Dès le moment ou ils sauvèrent la Grande foret de la corruption, les bardes de notre forêt ne cessent de composer de jolies odes chantant les victoires de ces héros. Souvent interrogé sur leur provenance, j’ai décidé d’écrire ce court récit ayant pour sujet leur rencontre dans le but de combler l’insatiable soif de connaissances de mes camarades chanteurs.
Commençons par Automne, mon propre fils. Dès son plus jeune âge il était ce que l’on peut appeler un enfant turbulent. Il se plaisait dans le danger et dans les activités a hauts risques. Souvent, les gardiens de notre forêt surprenaient Automne à faire peur aux ours et à essayer de monter les chevaux sauvages. Les oracles prédirent le pire pour cet enfant au sang bouillonnant et effectivement un jour le mal arriva. A l’âge de 143 ans, un jour où les rayons de l’été recouvraient notre forêt comme une cape dorée, Automne était assis paresseusement sur le bord d’une falaise à contempler les nuages. Tout à coup, un char s'engagea à toute allure sur la route en bas de la falaise, en longeant notre forêt. Un grand coffre bleu azur renforcé de métaux précieux y était solidement attaché sur le toit. Désobéissant à la règle de ne pas approcher les humains, et n’écoutant que son coté cleptomane, Automne pris un raccourci et grimpa dans un des arbres sur le chemin où devait passer le char. Lorsque celui-ci passa à toute allure en dessous de l’arbre, Automne bondit sur son toit, s’empara du coffre et alla se cacher dans les bois de Loren. Sa curiosité lui joua un tour cependant, et lorsqu’il ouvrit le coffre il déclencha une alarme magique qui avertit les gardiens du coffre. Ceux-ci, fou de rage d’avoir été volé d’une façon aussi simple, se lancèrent aux trousses d’Automne. Une de ces personnes était le magicien qui avait posé l’alarme, et il attaqua Automne avec des boules de feu, mettant en danger notre forêt bien aimée. Nous ne furent que contraint à abattre ces inconscients pour empêcher un incendie et pour protéger un frère de race. Un seul de ces mercenaires réussit à s’échapper pourtant, une arabienne de renom, qui combattit plus tard Automne dans l’arène du colisé d’Altdorf pour se venger. Évidemment, ces meurtres ne pouvaient rester impunis; Automne avait mis notre peuple en danger et déshonoré notre race. Il fut donc bannit de la forêt, car rien sauf le temps peu réparer de si grandes fautes. La peine dans nos cœurs fut énorme, mais la décision que prirent les anciens était juste.
Ce que contenait le coffre azur étonna beaucoup. En effet, il s’agissait du splendide sceptre de rêve, créé par les hommes en des temps lointains, qui dévoilait les impénétrables secrets que cachent les rêves. Cet artéfact revenait aux hommes, et le garder était totalement hors de question. Automne étant celui qui se l’était approprié, il fallait qu’il soit celui qui le remette au propriétaire, même si une telle entreprise était risquée. Les anciens n’étaient pas tout à fait sûr qu’il s’agissait de la bonne chose à faire. Automne avait fait preuve de bêtise en volant le coffre, et qui sait ce qu’il pouvait faire en sortant de la forêt? Ils demandèrent donc l’avis aux arbres de connaissances qui réagirent affirmativement pour qu’Automne aille porter lui-même le sceptre aux autorités compétentes. Le jour suivant, Automne partit, baluchon sur l’épaule.
Pour ce qui est de Leilo, l’elfe-haute venue d’un mystérieux village inconnu, son histoire est beaucoup plus brève. En effet, les anciens de son village connaissaient l’existence du maître du « premier élément », un ancien arbre atrocement corrompu, qui, pour gagner l’immortalité, signa un pacte démoniaque avec « l’élément renégat », un grand seigneur du chaos. En échange, l’entité déchue devait polluer les forêts du monde jusqu’a ce que toute forme de vie animale et végétale soit sous l’influence du chaos. Les conséquences, cela va sans dire, auraient été catastrophiques et notre peuple en aurait été profondément affecté, et aurait causé notre perte. Les elfes hauts de ce village étaient au courant de ces plans et décidèrent d’envoyer Leilo. Leilo avait en effet de grands talents de voyance et faisait des rêves étranges se rapportant plus ou moins à l’élément renégat. Ces rêves étaient abstraits et sujets à confusion, mais tous les sages s’accordèrent à les relier aux plans du chaos. Leilo fut donc envoyée pour, sans jeux de mots, extraire la racine du mal par tous les moyens nécessaires, et pour s’instruire auprès des humains dans l’art de la sorcellerie. Une magnifique côte de maille elfique lui fut offerte en présent ainsi que certains parchemins magiques au cours d’une splendide cérémonie d’adieu et le lendemain Leilo prit le chemin de la Grande Forêt.
Un détail échappa au savoir des anciens cependant, car ils avaient omis de mentionner le principal lieutenant de l’entité, Gilles de Rays, ainsi que ses acolytes. Ce détail n’empêcha pas Leilo de les vaincre par la suite.
Le dernier du groupe, Estevan, est aussi le seul encore présent. C’est aussi le meilleur combattant. Son entrée en scène n’a pas été très glorieuse; en faction dans le petit village de Zurach par ordre de son père, le général Jean de Minoch, par suite d’une histoire de corruption, Estevan s’occupait à faire « respecter l’ordre » avec deux autres miliciens, Bob le moche, un homme puant qui avait une verrue grosse comme un champignon sur le nez, et « Grosse baleine », un être patibulaire d’une énorme corpulence ayant la fâcheuse habitude de vomir lorsqu’il était angoissé. La tâche n’était pourtant pas ce que l’on peut appeler des plus périlleuses, consistant la majeure partie du temps à retrouver un cochon perdu ou à éliminer les bêtes sauvages (marmottes, moufettes et dindons sauvages) qui entrait dans les demeures des paysans. Le reste du temps ils le passaient à boire un infect liquide fortement alcoolisé appelé Tordboyau. Le jour ou la vie d’Estevan fut bouleversée commença comme les autres, mis à part que Grosse baleine vomissait plus fréquemment. Au cours de la journée, une affreuse vieille paysanne empestant le vinaigre se mit à piailler si fort que les trois miliciens se déplacèrent et s’enquirent de la raison de ce chahut. Apparemment, son chien Clotilde l’avait mordue et s’était enfuit dans la forêt. La vieille femme exigeait le retour ou la mort de son chien en échange de quelques misérables sous. Les trois miliciens acceptèrent.
Ils se mirent alors en route vers la Grande Forêt, en suivant les aboiements du chien. Ils marchèrent plusieurs heures durant, et plusieurs fois ils virent le cabot aux aguets, comme s’il les attendait. Aussitôt approché, il prenait la fuite toujours plus profondément dans la sombre forêt. Estevan nota d’étranges bruits, et eut même l’impression d’être suivi. Malgré tout, Bob le moche le rassurait et le poussait à continuer, soulignant que les quelques sous de récompenses seraient suffisants pour compenser l’effort avec des verres de Tordboyau. Pourtant, la forêt s’assombrissait de plus en plus et la nature semblait devenir plus noire. En approchant la tombée de la nuit, les arbres devinrent franchement tordus.
En route vers la Grande Forêt, Leilo rencontra Automne qui portait le sceptre de rêve nonchalamment dans ses mains. Leilo fut fortement intriguée par la beauté de l’objet et s’enquit de son utilité a Automne qui lui expliqua sa fonction. Leilo, en apprenant que le sceptre révélait la signification des rêves, décida d’accompagner Automne et ainsi découvrir comment utiliser l’artéfact. En effet, Leilo réalisa que ses sombres cauchemars pourraient enfin révéler leur secret à l’aide du sceptre de rêves et ainsi trouver le moyen de stopper les plans infâmes des esclaves du chaos. Automne, en tant qu’elfe des bois ami de la forêt, accepta d’aider Leilo dans sa quête et ils prirent la route menant vers le cœur de la Grande Forêt.
Estevan entra dans une éclaircie au milieu de la forêt. Le chien était la, haletant, au pied d’un arbre au tronc noir et aux feuilles rouges au milieu de la clairière. Les arbres de cet endroit étaient morts, tordus et d’une couleur grises. L’endroit n’ayant rien de rassurant, Estevan s’approcha du chien pour s’arrêter, pris de stupeur, alors qu’une figure humaine se dessina dans le tronc du chêne maléfique. La créature proposa à Estevan de se joindre à eux, lui proposant le pouvoir, la force et d’autres dons des dieux du chaos. Grosse baleine fit savoir qu’il possédait maintenant une force surhumaine et Bob invita Estevan aussi. Même la vieille paysanne vinaigrée sortit du bois, soulignant son appartenance au chaos en prenant sa forme véritable, un scorpion géant.
N’écoutant que son courage, Estevan dégaina son épée et affronta les créatures du chaos en surnombre. Le bouton de Bob éclata, laissant découvrir une créature tout à fait répugnante et visqueuse. La queue du scorpion s’avéra être empoisonnée et couverte de piquants acérés. Estevan fut gravement blessé et il semblait bien que ce fut la fin. Par un hasard inouï et sans doute guidé par le destin, Leilo et Automne surgirent de la forêt, toutes armes dehors, et ils détruisirent les monstrueux
vassaux du chêne maudit. Cependant, lorsqu’ils voulurent bannir l’arbre lui-même, leurs armes se révélèrent totalement inefficace, la créature étant protégée par un bouclier magique d’une force titanesque. La nuit tomba et l’entité appela des renforts, des dryades tordus par l’énergie de la pierre distordante, qui chassa les trois héros. Ils réussirent à s’échapper, et purent faire connaissance. Représentant « l’autorité compétente » de l’endroit, Estevan obtint donc le sceptre de rêve, selon les ordres des sages Elfes Hauts. Rassemblés dans un même but, les trois aventuriers allèrent rechercher le propriétaire légitime du sceptre à Altdorf. Ainsi donc commença l’épopée de ce groupe que l’on appela plus tard les Irréprochables.
- Sigril, haut druide de Loren