04 Mars 2002
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SBFM de Caudan
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Avenir de la SBFM de Caudan
Deux élus UDB écrivent au premier ministre
Monsieur le Premier Ministre,
En 1999 Renault a vendu à la branche fonderie de Fiat, Teksid, ses quatre
fonderies françaises : la Fonderie Aluminium de Cléon (350 emplois en CDI),
la Fonderie du Poitou de Châtellerault (environ 1.000 emplois),
Métaltemple à Saint-Michel-de-Maurienne en Savoie (420 CDI) et la Société
Bretonne de Fonderie et Mécanique (SBFM) de Caudan, près de Lorient
(760 CDI).
Depuis cette acquisition, TEKSID (capital Fiat à 66,5% et Renault à 33,5%)
a bien ponctionné financièrement les quatre fonderies en question,
au détriment entre autres de leur capacité d’autofinancement. C’est
ainsi que la SBFM de Caudan a été ponctionnée à elle seule de 220 millions
de francs (33,54 millions d’euros).
A Métaltemple (Savoie) la direction a présenté un projet de
partenariat avec une fonderie du Brésil alors même que l’usine de
Saint-Michel-de-Maurienne voit ses investissements diminuer, menaçant
ainsi la pérennité du site savoyard. Comme à la SBFM, de plus en plus
d’activités sont sous-traitées et les emplois d’intérimaires représentent
10% de l’effectif.
A la Fonderie du Poitou certaines catégories de personnel sont
incitées à prendre la direction du Morbihan.
A la SBFM, dans le cadre d’un " plan amiante " 250 salariés ont
déjà quitté l’entreprise et 60 partiront en 2002. Cette perte de
compétences (- 15% de CDI en un an) ne peut pas être compensée par
l’embauche et l’utilisation massive d’une main d’œuvre précaire comme
s’y applique la direction. L’entreprise risque d’être d’autant plus
fragilisée si les moyens capacitaires vieillissants ne sont pas
modernisés et étoffés.
C’est dans ce contexte qu’a été annoncée la vente des fonderies
du groupe Teksid, au moment où le groupe concurrent français Valfond
(8è fondeur mondial) connaît de graves difficultés et que les fonderies
Peugeot seraient aussi en vente.
La SBFM est dans une situation très paradoxale qui menace son avenir.
Alors que la vente des fonderies Renault à Teksid était censée élargir
le panel restreint des clients de la SBFM, c’est le contraire qui s’est
produit puisque Renault représente à lui seul aujourd’hui 75% du chiffre
d’affaires. Le problème, c’est que le groupe Fiat a besoin d’argent
frais (7 milliards d’euros) pour faire face aux difficultés de sa
branche auto. Et pour se renflouer, envisage, après avoir tiré le
maximum de ses 30 fonderies Teksid et en particulier bien pompé la SBFM,
de les vendre. Cette énorme restructuration, si elle devait se confirmer,
se ferait au détriment de milliers de salariés et au prix de la
fermeture d’une dizaine d’usines dans le monde.
Renault et les constructeurs français vont-ils prendre le risque de
ne plus pouvoir maîtriser, en raison de la perte d’outils industriels
dans la chaîne de production, leur capacité d’innovation et de
développement pourtant indispensable pour rester concurrentiel face
aux autres constructeurs européens et mondiaux ?
Monsieur le Premier Ministre, quelles sont les intentions du
gouvernement français pour éviter un nouveau coup d’accélérateur
dans le " déménagement du territoire " ? Pouvez-vous nous dire quelle
sera la position de l’Etat, actionnaire de Renault, qui détient une
minorité de blocage dans le capital du goupe Teksid ?
Vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien prêter à notre
démarche, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier Ministre,
l’expression de notre haute considération.
Yannick QUENEHERVE
Ouvrier à la SBFM
(conseiller municipal de Lanester)
Christian GUYONVARC'H
porte-parole de l'UDB
(maire-adjoint de Lorient)