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Entretien de Marie de C&R avec Philippe Ploncar d'Assac
1er septembre 2002
 

 

Plus que par ses victoires électorales, la gauche est parvenue à instaurer la domination de ses valeurs en phagocytant totalement le domaine culturel. Pensez-vous qu’il soit aujourd’hui encore possible sinon d’inverser la tendance du moins de l’équilibrer et quels sont selon vous les domaines dans lesquels doit prioritairement s’investir la résistance culturelle ?

PPA - Il est toujours possible d’inverser la tendance à condition de poser correctement le problème. Rien n’est définitif comme le démontre l’Histoire. Les défaites ne deviennent définitives que lorsque l’on se refuse à remonter à leurs causes. Aujourd’hui la cause fondamentale de la domination de la gauche sur le plan intellectuel, c’est que la droite, non seulement libérale mais aussi ce que l’on appelle la droite nationale, s’est soumise aux symboles, au vocabulaire, à l’idéologie, issus de la Révolution française. Elle a cessé de se battre sur les principes qui devraient être les siens, réduisant son action à essayer de neutraliser les conséquences des faux principes de 1789, or tout combat politique repose sur des idées-forces. Ces droites ne les ont plus. C’est pour cette raison que la gauche gagne intellectuellement et électoralement. Il est impossible de combattre les effets pernicieux des faux principes républicains de 1789, tout en les admettant, en prônant les « valeurs républicaines », comme le font les différentes mouvances de la droite nationale du FN au MNR, au très libéral, républicain, gaulliste et maçonnique Club de l’Horloge, de Henry de Lesquen et à la Nouvelle droite, athée et gnostique, d’Alain de Benoist, qui occulte le problème maçonnique.

On ne restaure pas un pays avec les principes qui le détruisent. C’est élémentaire !

Que dire aussi de certains monarchistes, non seulement orléanistes, qui tournent le dos aux principes de la monarchie de droit divin en se rabattant sur un vague « souverainisme », mais aussi de ceux de L’Alliance Royale de Y.M.Adeline, pour qui « depuis le 19ème siècle il n’y a plus de problème de principes, mais uniquement de justification successorale », comme il l’a exprimé lors de son entretien avec Alain Sanders, Présent, 7.6.02. On en arrive ainsi au Prince, sans principes, une simple potiche couronnant la démocratie ! Avec un tel vide doctrinal, comment voulez-vous qu’ils combattent l’idéologie que véhicule la gauche, qui, elle, reste fidèle à ses « grands ancêtres »  ?

Comme le constatait Barrès au lendemain de la farce du boulangisme, « on ne transforme durablement un peuple, sans des principes, sans une doctrine ». C’est ce que nous nous faisons avec nos Cercles Nationalistes Français et notre Lettre d’information, La Politique, ainsi qu’avec les livres que nous éditons ou que nous recommandons. Nous voulons recréer une discipline intellectuelle, une école de pensée nationaliste basée sur les principes qui étaient implicites dans la monarchie de droit divin.

 

Estimez-vous que le combat culturel doive primer sur le combat électoral  ?

PPA - Le combat culturel, celui des principes, prime toujours sur les joutes électorales. Celles-ci ne peuvent aboutir que si, préalablement, on a formé des intelligences, c’est-à-dire des cadres capables de savoir au nom de quels principes ils se battent et seront appelés à gouverner. Sans cet humus, il est illusoire de rêver d’une « bonne » élection qui nous amènerait au pouvoir.
Sans cadres politiquement formés, il serait impossible de tenir le pouvoir, c’est pour cela que les deux révolutions françaises, 1789-93 et la Libération-Epuration gaullo-communiste de 1944-45, se sont acharnées à massacrer tous ceux qui pouvaient s’opposer à eux et auraient pu transmettre notre héritage, national, religieux et intellectuel.

 

Ne pensez-vous pas que l’une des faiblesses, dans ce domaine, de l’opposition au totalitarisme égalitaro-mondialiste est un passéisme excessivement rigide, une mémoire muséifiée qui se borne à pleurer les merveilles passées et pour qui toute création issue de la modernité ne peut être que médiocre ou néfaste ?

PPA - Dans la « bataille des idées » qui conditionne l’établissement des lois qui régissent les sociétés, l’important n’est pas de savoir si elles sont « passéistes », « muséifiées » ou « ringardes », comme aime à le laisser entendre une certaine Nouvelle Droite, para-maçonnique et gnostique, mais de savoir si les principes que l’on défend sont adaptés ou non à la nature de l’homme.
Or ce que l’on constate, c’est que les sophismes de la Révolution ont engendré une société de plus en plus inhumaine par son refus de tenir compte de la véritable nature de l’homme. Il n’est pas question de s’extasier sur « les merveilles du passé », mais de considérer qu’il est des principes qui améliorent l’homme et d’autres qui l’avilissent, qui le détruisent.

On juge un arbre à ces fruits, or le moins que l’on puisse dire c’est que ceux qui découlent des sophismes de la Révolution ont suffisamment montré leurs conséquences néfastes. Il serait temps de revenir humblement à l’expérience de l’Histoire, pour savoir ce qu’il convient de faire ou ne pas faire. Ce n’est pas en créant des systèmes abstraits, en voulant créer un nouvel homme artificiel,  que l’on redonnera son équilibre à cette société, complètement déboussolée, mais en revenant à la « constitution essentielle de l’humanité », comme disait Bonald.

C’est pour cela que le nationalisme français que nous défendons est un « empirisme organisateur » ou, selon l’expression de Paul Bourget, une « politique expérimentale », alors que les sophistes du 18ème siècle, prétendaient « faire du passé table rase » ou, tel Rousseau, écarter les faits « car ils n’ont rien à faire »… C’est de l’utopie pure. Comment s’étonner après cela de voir la société retourner à la barbarie ? C’est comme si un chimiste ou un physicien refusait, par idéologie, de suivre les lois de ces sciences. Soit il exploserait, soit il s’écraserait au sol ! C’est ce qui arrive à nos sociétés imbues des utopies de 89.

Aussi ne faisons pas de complexes face à ces accusations de « passéisme » « muséification » ou « ringardise », ce sont des épithètes lancées pour nous faire abandonner nos principes. Il ne faut pas être dupes, pas plus qu’avec la « tolérance », lancée aussi pour nous faire baisser la garde face à l’erreur, alors que ses partisans n’ont aucune « tolérance » pour ce que nous défendons. On n’est pas obligés de « mourir idiots » en se laissant manipuler !

 

Quelle est votre position vis-à-vis de ceux qui prônent l’abandon d’un nationalisme purement français au profit d’un combat continental, d’une sorte de « nationalisme européen » à connotation parfois impériale ?

PPA - L’abandon, par certains, du nationalisme purement français au profit d’un pseudo nationalisme européen repose tout d’abord sur une ignorance de ce qu’est le nationalisme. Le nationalisme, comme je l’ai expliqué dans mon livre Le Nationalisme français, vient toujours après la constitution de la nation pour en défendre l’héritage intellectuel, spirituel, bref tout ce qui fait sa personnalité par rapport aux autres nations.

Or l’Europe n’existe pas. Il ne peut donc exister de  « nationalisme européen ». Il est d’ailleurs intéressant de noter que ceux qui prônent cette entité inexistante, appartiennent justement à cette Nouvelle Droite athée et para maçonnique, qui apparaît comme un auxiliaire du mondialisme cosmopolite, comme une courroie de transmission du plan maçonnique de destruction des nations. N’est-ce pas le baron Edmond de Rothschild qui affirmait en 1970 à la revue Entreprise : « Le verrou qui doit sauter c’est la nation » … Qu’il aille donc le dire en Israël ! Cela devrait faire réfléchir les naïfs qui s’aventurent dans cette utopie de l’Europe des régions, qui en affaiblissant les nations constituées, en créant des régions plus faibles que la nation, favorisent la mainmise du mondialisme qui n’a plus devant lui la même force d’opposition que celle représentée par une nation constituée.

 

Vous qui êtes catholique de tradition, comment considérez-vous la conception polythéiste diffusée notamment par la « Nouvelle Droite » d’Alain de Benoist et de la césure qui en résulte au sein de la mouvance identitaire entre catholiques et « néo-païens » ?

PPA - Je pense avoir déjà évoqué en partie ce problème. Que les partisans de cette Nouvelle droite païenne d’Alain de Benoist, se complaisent dans ces élucubrations néo ou paléo païennes, c’est leur problème si cela les amuse, mais il serait bon qu’ils réalisent que c’est de l’alliance entre un dessein politique, celui de Clovis, et d’un plan divin qu’est née la France. Pas du paganisme !

La France n’est pas née dans les chênes, sous la faucille des druides cueillant le gui, ni des droits de l’homme de 1789, comme le voudraient Robert Badinter ou le président du Club de l’Horloge, Henry de Lesquen, mais de la promesse de Tolbiac, confirmée par le baptême de Clovis et pérennisée par le sacre des rois de France à Reims. Elle a traversé toutes les vicissitudes de l’Histoire tant que ses représentants sont restés fidèles à sa mission et elle s’est écroulée dès lors qu’elle a cessé d’y être fidèle. Telle est la leçon de l’Histoire. On tombe par où l’on pêche.

 

Partagez-vous l’opinion de Bernard Antony affirmant qu’il se sentirait toujours plus proche d’un catholique africain que d’un païen européen ?

PPA - Bernard Antony fait et dit beaucoup de choses contradictoires et je vous dis franchement, je n’aime pas ce personnage vibrionnant et peu fiable. Je ne crois pas que cet homme aux curieuses accointances et amitiés dans les milieux communautaires, dont le B’naï B’rith, sans doute compatibles avec ses origines, ait des leçons à nous donner sur ce qui est ou devrait être Français.

Sa formule est un piège, car elle peut aboutir à accepter une immigration africaine, sous prétexte qu’elle serait catholique. Le problème est mal posé. Chaque pays a ses spécificités que défend justement le nationalisme qui n’est pas fait pour pousser au melting-pot auquel conduirait la conception de M. Antony. En tant que nationalistes nous sommes respectueux des spécificités des autres peuples, mais chez eux, comme je l’ai exposé dans mon livre Le Nationalisme français. Nous pouvons et nous devons avoir des rapports  amicaux avec le monde arabo-africain, qu’il soit catholique ou non, mais chacun chez soit, dans le respect mutuel et la complémentarité. C’est par cette alliance que l’on pourra se défendre mutuellement du mondialisme qui cherche à asservir  tous les peuples. J’ai dit alliance, pas mélange.

En outre un païen européen est d’abord un Européen, qui peut être converti, tandis qu’un Africain, reste un Africain, même s’il est converti. Certes la religion peut rapprocher, mais il reste des différences propres à chaque ethnie. Je voudrais renvoyer la question à M. Antony : de qui se sent-il plus proche, d’un Juif converti ou bien d’un païen converti …?

Il n’est pas question de mépriser quiconque, mais de constater les différences et d’en tenir compte.  Cela c’est aussi du nationalisme. Aujourd’hui, M.Antony, président des Amitiés françaises juives et chrétiennes et président d’honneur  des Etudiants juifs rapatriés d’Algérie, s’étant servi et ayant  excédé tout le monde, en pleine perte de vitesse, cherche à se relancer. Brusque illumination, il regrette « de ne pas avoir combattu la maçonnerie »,  comme il l’a dit à J.Madiran dans Présent, et copie, en se les appropriant, les analyses que nous faisons. Soit, mais pour mémoire je rappellerai que, en tant que responsable aux manifestations du FN, il a fait annuler en 93 et 94, deux conférences que je devais donner pour le FNJ et l’Union des Etudiants de Droite…sur la maçonnerie et le nationalisme ! Dernièrement encore il a essayé de faire annuler ma conférence sur  Nationalisme ou mondialisme, début janvier, organisé par le Cercle Chateaubriand de notre ami Tandler…

Vous comprendrez pourquoi je trouve suspect, celui qui est toujours présenté dans Le Monde, comme le représentant des catholiques traditionalistes au sein du FN… !

 

Face aux palinodies de l’Eglise de France, à la désertification des Eglises, au désintérêt croissant de la jeunesse pour toute question spirituelle, pensez-vous qu’il soit possible de restaurer un fort sentiment religieux dans notre pays et si oui, par quel biais  ?

PPA - Le problème est complexe et je pense qu’il y a deux façons de l’aborder qui d’ailleurs sont complémentaires. Soit l’on part du problème politique pour démontrer que derrière toutes les lois destructrices de la société et de la nation, dont souffre à son tour le citoyen, il y a les principes athées issus de la Révolution française et, logiquement, ceux qui l’auront compris se rapprocheront de la religion et des principes qui ont façonné notre pays, ceux qui lui ont donné son rayonnement et sa grandeur. Soit l’on porte le débat directement sur le plan religieux. Je ne suis pas convaincu que cette dernière démarche soit la plus efficace dans un monde totalement déchristianisé.

C’est pour cette raison que dans mon livre Le Nationalisme français, j’ai axé la démonstration sur le plan politique et social, en établissant le rapport entre les origines catholiques de la France et son rayonnement qui en a découlé. Ce qui est certain c’est que, à un moment ou à un autre, les deux actions sont appelées à se rejoindre puisque c’est de l’union du politique et du sacré qu’est née la France.
 

Question 8 – Quels principaux auteurs conseilleriez-vous à des jeunes gens désireux d’échapper aux diktats de la pensée unique ?

PPA - Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages que nous recommandons dans nos Cercles Nationalistes. Nous les avons sélectionnés afin de former sur les différents plans, politique, philo- sophique et religieux,  ainsi que sur les principaux événements clés de notre Histoire, pour éviter de tomber dans le piège de l’Histoire racontée par les « vainqueurs ». C’est d’ailleurs dans cette optique, ayant longuement réfléchi au problème des jeunes, qui n’ont même plus la transmission par leurs parents, qui, pour beaucoup ont démissionné, que j’ai écrit Le Nationalisme français, afin qu’ils connaissent et puissent défendre leur héritage national et religieux.

De même pour la plaquette que je viens de publier, Nationalisme ou Mondialisme, l’enjeu du 3ème millénaire, j’ai voulu montrer pourquoi notre héritage est menacé par le mondialisme, dans quels buts et par quelles méthodes.

Notre Lettre d’Information, mensuelle, La Politique , sert de relais à cette formation en analysant les événements, les idées et les hommes à la lumière des principes nationalistes.

Ceux qui ont lu ces textes ont acquis une formation politique, historique et philoso- phique que malheureusement les partis de la droite nationale ne donnent pas, trop occupés par l’électoralisme et à ne pas être « diabolisés »… D’ailleurs nous avons dans nos Cercles des responsables du FN, du MNR et bien sûr des monarchistes, des vrais ! Sur ces bases ils peuvent approfondir leur formation en fonction des ouvrages que nous indiquons, car le grand danger actuellement c’est la pléthore d’ouvrages recommandés dans nos milieux, mais qui ne sont pas compatibles entre eux. Il faut une cohérence dans les lectures et paraphrasant l’aphorisme de Montaigne, je dirai, « mieux vaut tête bien formée, que trop meublée ». Ce n’est qu’après cette formation que l’on peut déceler la faille chez l’adversaire ou chez certains « amis », et ne pas tomber dans le piège. En d’autres termes il faut d’abord la clés pour « décoder ».

Références :

Philippe Ploncard d’Assac

  • Le Nationalisme français, Origines, Doctrine, Solutions . Edit. Société de Philosophie Politique. 13,72 E + port 3,20 Euros
  • Nationalisme ou Mondialisme, l’enjeu du IIIème millénaire. Edit. Société de Philosophie Politique, 5 Euros + port 1,50 Euros.
  • La Politique, Lettre d’Information, mensuelle, des C.N.F., Abonnement - 11 Nos :  35 Euros.

(Commandes  à Société de Philosophie Politique, BP 5508-238 ; 83097 Toulon cedex)

 

BIBLIOTHEQUE NATIONALISTE (extraits)

Amiot, Yves

  • La Capture, Edit Ulysse. La capitulation, sans combat, de Ch.De Gaulle, en 1916.
  • L’Affaire Dreyfus, Edit. Ulysse. Premier essai de culpabilisation des Français.

Barruel, Augustin

  • Mémoires pour servir à l’Histoire du jacobinisme, Edit.de Chiré - Pour connaître les forces qui ont poussé à la Révolution et les origines du mondialisme.

Bernanos, Georges

  • La grande peur des Bien Pensants. Livre de Poche - Description de la droite qui se bouche les yeux et les oreilles pour ne pas avoir à réagir et qui pactise avec la Révolution.

Coston, Henry

  • Les financiers qui mènent le monde,  Publications H.Coston
  • Dictionnaire de la Politique Française, Publications H.Coston

Le Livre noir de l’Epuration, Publications H.Coston : Les crimes du résistantialisme gaullo-communistes de la Libération.

Drumont, Edouard

  • La France juive, Edit.de Chiré - Le début de la réaction contre la mainmise cosmopolite sur la France, économiquement et politiquement.

Lassus, Arnaud de

  • Note sur le Club de l’Horloge, Action Familiale et Scolaire - Etude sur ce club, “sorte de relais de la franc-maçonnerie pour gens de droite”, A.de Lassus
  • Ploncard d’Assac, Jacques - Le secret des francs-maçons, Edit.de Chiré, 4ème édit. - L’ouvrage le plus complet sur l’histoire et les buts de la F.’.M.’.
  • L’Eglise occupée, Edit.de Chiré:  La pénétration des idées maçonniques dans l’Eglise par le biais du libéralisme et du modernisme. Régulièrement recommandé par Mgr. Lefebvre.
  • 1789 ou les dernières marches du Trône, Edit. Dominique M. Morin - Les causes de la démission de la monarchie.

Ploncard d’Assac, Philippe

  • Le Nationalisme français, Duquesne Dif. -  Histoire des origines du nationalisme en France, de sa doctrine et des solutions qu’il peut apporter, à notre temps.

Ratier, Emmanuel

  • Mystères et Secrets du B’naï B’rith, Edit.Facta - La secte maçonnique réservée aux seuls juifs, qui domine toutes les autres obédiences.

Rivarol, Antoine de

  • Journal Politique National,  Coll. 10/18 - La Révolution vécue par un témoin.

Sédillot, René

  • Le Coût de la Révolution française, Perrin 1987: Les conséquences sociales et économiques dont le peuple fut la première victime.

 

 

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